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Affaire Mila : de l’importance de la Liberté face au déferlement de haine
©Capture d'écran twitter

Bonnes feuilles

Le 20 janvier, la jeune Mila critique l’islam dans un échange privé relayé sur les réseaux sociaux, et devient aussitôt la cible de menaces de mort. Des Français de tous horizons prennent aujourd’hui la plume pour défendre la liberté de penser, de croire et de s’exprimer dans une France libre, égalitaire, fraternelle et laïque. Extrait 1/2.

Zohra Bitan

Zohra Bitan

Membre fondatrice de La Transition, Zohra Bitan est cadre de la fonction publique territoriale depuis 1989, ancienne conseillère municipale PS de l'opposition àThiais (94), et était porte-parole de Manuel Valls pendant la primaire socialiste de 2011. Militante associative (lutte contre la misère intellectuelle et Éducation), elle est l'auteur de Cette gauche qui nous désintègre, Editions François Bourin, 2014.

 
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L’histoire de la jeune Mila a été pour moi le trop-plein de ce déferlement de haine que les réseaux sociaux charrient et auquel nous assistons quotidiennement. Nos combats, ceux des citoyens d’une même république, y sont éparpillés, livrés à la mauvaise foi, aux mensonges et à la vindicte de ceux qui veulent faire passer la défense de nos valeurs pour de l’inquisition contre leur foi. 

Il ne faut pas se tromper de bataille. Celle qu’il faut tout d’abord mener vise ceux voulant modifier notre norme sociale collective, qui repose sur un principe essentiel : aucune croyance religieuse ne doit dicter les règles de notre société ! 

Il n’y a pas de combat à mener contre la différence, contre des identités individuelles, contre des origines, des couleurs, ou des statuts de citoyen français de plus ou moins longue date. Seuls ceux qui insultent, menacent, frappent ou tuent pour une origine, une couleur, une religion, un genre ou une identité sont à combattre. Ce sont eux nos ennemis ! Et, surtout, il n’y a aucune guerre à mener contre des croyants pour qui la foi est quête de paix intérieure et non prétexte à une guerre de conquête contre les autres. 

Il m’apparaît nécessaire et indispensable de clarifier ce que nous sommes nombreux à défendre : rappeler que si la laïcité permet à chacun d’être ce qu’il souhaite en spiritualité, elle n’autorise personne à imposer ses dogmes à l’espace collectif. Ce qui repose sur des croyances ne regarde que celle ou celui qui croit. Car des croyances restent des croyances et, dans notre pays, les croyances ne sont et ne font pas les Lois des Hommes.

En France, en général, on ne tue pas ; et encore moins pour raison d’athéisme, de croyance, de sexe, de genre, de classe sociale, etc. La démocratie assure la paix et ne permet pas que s’y immiscent des obscurantistes qui voudraient faire passer des régressions pour des libertés. Un combat qu’ils osent justifier par nos Droits de l’Homme, qui, d’après eux, les autoriseraient à propager ce qui fracture notre cohésion nationale. Magnifique prise de judo qui consisterait à utiliser tout ce qui fait notre force contre nous-mêmes.

On n’est pas libre d’être raciste, ni libre d’être antisémite et encore moins libre d’imposer les règles de ses croyances à d’autres ; la liberté, ce n’est pas s’introduire dans la vie d’autrui pour y imposer ce que l’on considère comme bon pour soi. Et si la liberté peut être idéalement infinie, elle se termine, dans un monde civilisé, au moment où elle dépasse ce que dit la Loi, uniquement la Loi ! 

Je sais les colères de beaucoup d’entre vous qui, épuisés devant un tel entrisme islamiste dont le cœur est une machine politique bien rodée, en arrivent à ne plus trier, et à rejeter tout individu qui se revendiquerait de cette religion. 

Pourtant, ce qui rend la France si extraordinaire, c’est bien l’addition de ce que nous pouvons être chacune et chacun, à la fois dans nos vies et dans l’espace collectif, et c’est ce qui donne une humanité particulière à notre pays. Ceux qui tentent de faire passer nos rappels des lois de la République pour de l’exclusion essaient juste de dérouler un projet politico-religieux destiné à éteindre nos Lumières qui, d’après eux, rendent ostentatoires nos Libertés ! 

On ne peut pas être français et vouloir instaurer des codes sociaux qui cisaillent nos acquis, entravent nos droits et font dérailler tous les droits humains acquis et ceux qu’il reste encore à gagner dans un pays démocratique se voulant progressiste. La liberté pour une femme, qui a mon histoire en particulier, n’est pas une bagatelle, un simple mot qui se tape sur un clavier et qui se dit comme une banalité ; non, elle trouve corps dans un parcours quotidien, à chaque instant, et tout au long d’une vie. L’histoire nous raconte inlassablement que, chaque fois que la liberté a faibli, ce sont les femmes qui, les premières, ont eu à en pâtir ! Il est impensable que cela puisse à nouveau se produire. Et autant le dire clairement : nous ne les laisserons pas faire. 

Alors, chers compatriotes, que l’on s’appelle Zohra, Pedro ou Fatoumata ne signifie pas que l’on soit un guetteur cherchant l’interrupteur pour plonger notre art de vivre dans l’obscurité ; non, ceux qui ont cet objectif-là ne s’identifient ni par leur prénom, ni par leur couleur, encore moins par leur origine. Ils le sont par les propos qu’ils tiennent, par leurs attitudes, signes d’une guerre qu’ils mènent désormais au grand jour et à laquelle on assiste depuis plusieurs années sans avoir vraiment pris la mesure des risques encourus. 

Active sur le terrain, par mon métier, depuis près de trente ans, mais aussi par mes engagements militants, j’ai vu comment l’islam politique des Frères musulmans et des salafistes a peu à peu pris la place de la République. Une République aux abonnés absents, léguée à des artificiers qui servaient d’éducateurs là où nos valeurs se faisaient customiser par celles d’activistes déterminés à trafiquer des cerveaux et, par effet domino, des vies et une société tout entière. La désintégration était en marche, au nez et à la barbe d’élus, de politiques de tous bords et des citoyens, pas encore giflés par ces dégâts ! 

Je sais les peurs qui peuvent saisir les esprits quand une minorité bien organisée décide de travestir activement les valeurs par les habits de l’intolérance, le droit des femmes par celui de l’esclavage consenti, ou encore de mettre les lois religieuses au-dessus des lois de la République. 

Un État, aussi puissant soit-il, ne parviendra pas à reconstruire, seul, la communauté nationale. Il appartient à chacun de nous d’être des citoyens attentifs et bienveillants pour faire en sorte que ceux tentés de passer du côté obscur restent du côté de la République et forment le bataillon des gardiens de la Paix et des Libertés dans la lignée de notre démocratie. 

Il n’est plus temps de crier au loup. Le loup est là ! Et nous sommes épuisés tant il semble se moquer de nous et de l’usure de nos claviers, de nos plumes et de nos gosiers. Tant de nos mises en garde se sont perdues dans les brumes de l’espace avec nos inquiétudes, nos avertissements et nos cris… 

Hélas, nous connaissons bien les conséquences maintenant. Il est grand temps, chers compatriotes, chers amis compagnons de route, que nous consacrions enfin notre énergie à en soigner les causes. 

Pour que demain nous n’ayons plus besoin de défendre Mila… et de pleurer Charlie…

50 personnalités s'expriment sur la laïcité et la liberté d'expression dans le livre "#JeSuisMila #JeSuisCharlie #NousSommesLaRépublique", publié aux éditions Seramis

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