« 30 millions de morts pour que la Russie gagne la guerre » : quand le Hamas assume sa stratégie de boucliers humains civils <!-- --> | Atlantico.fr
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Khaled Mechaal lors d'une conférence de presse à Doha.
Khaled Mechaal lors d'une conférence de presse à Doha.
©KARIM JAAFAR AL- WATAN / AFP

Défi pour Israël

Khaled Mechaal, l'un des membres influents du Hamas, a justifié, dans une interview, la méthode employée par le Hamas à Gaza et le fait d'utiliser les Palestiniens comme boucliers humains.

François Chauvancy

François Chauvancy

Le général François Chauvancy est consultant en géopolitique. Il est aussi l'auteur de « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d’influence, affrontement économique ».

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Atlantico : Interrogé par une journaliste de la chaîne arabe Al-Arabiya ; Khaled Mechaal, membre du Politburo du Hamas a expliqué sans sourciller qu'il utilisait les Palestiniens comme boucliers humains. C’est une stratégie classique pour des terroristes ?

Général François Chauvancy : Tous les mouvements terroristes sont les mêmes. Si vous reprenez tous les conflits modernes avec des gens qui ne respectent pas le droit de la guerre, on a des populations qui sont otages. Elles sont otages, c'est une réalité. Rappelons-nous quand même qu'Israël a fait du ciblage des dirigeants du Hamas en essayant de les éliminer physiquement. Pour se protéger, les chefs du Hamas mettent autour d'eux leurs familles, leurs enfants, les femmes. Ainsi, le Hamas peut réutiliser cette frappe chirurgicale « ciblée » en disant qu’Israël tue des civils. N'oublions pas que les dirigeants du Hamas se sont protégés depuis des années dans la bande de Gaza avec des proches, parce que c'est le langage que tout l'Occident comprend et qui mobilise aussi la rue arabe. C’est un moyen de pression aussi pour susciter l'indignation dans les populations arabes et donc exercer une pression sur leurs gouvernements afin qu'ils soutiennent la lutte du mouvement terroriste Hamas qui se revendique par ailleurs comme défenseur de la cause palestinienne..

Cette stratégie des boucliers humains, est-ce un défi supplémentaire à l'Occident ?

Totalement ! Nous avons, sans doute, inversé l'échelle des valeurs dans les conflits. Quand on a un conflit, quand on l'engage, c'est pour gagner une guerre. Or, aujourd'hui, l'Occident a systématiquement, par culture ou par engagement international, mis en avant que l'humanitaire devait primer avant le règlement du conflit par des actions militaires. Cela a commencé il y a bien longtemps. Ce n'est pas uniquement avec le peuple arabe, ni Israël ni Gaza. Si vous reprenez la Yougoslavie, c'est exactement ce qui s'est passé depuis les années 90, après la guerre froide. Qu'est-ce que l'on  voit ? Dès lors qu'il y a un conflit, la pression est énorme, notamment par des ONG exprimant la nécessité de l'aide humanitaire aux populations qui ne sont pas coupables du conflit. Or, nous savons pertinemment que l'assistance humanitaire est détournée par les combattants, y compris terroristes ce qui entretient la guerre dans la durée. Le Hamas bénéficie d'une aide humanitaire avec laquelle il fait pression sur les Occidentaux en leur disant de ne pas prendre des populations en otage. C'est très net. Ils savent que les Occidentaux ne vont pas soutenir un État (même s'il est légitime dans son action) dans des opérations militaires qui pourraient mettre en danger la vie des civils puisque le civil doit être protégé. La réalité de la guerre est en train de nous rattraper et de nous mettre en contradiction avec le but de guerre qui est d'éliminer un mouvement terroriste.

Quelle est la véritable stratégie du Hamas ? Eliminer définitivement Israël du Proche-Orient ? 

L'objectif politique du Hamas, c'est l'élimination d'Israël. Ce n'est pas pour rien que l'Iran soutient le Hamas. Maintenant, la stratégie utilisée est pour nous totalement condamnable. Quel est l'objectif d'un mouvement terroriste ? Instiller la terreur pour obtenir des réactions disproportionnées de ceux que l’on combat. Il y a donc la volonté de provoquer Israël à la faute » puisque nous sommes dans une logique internationale du refus du recours à la force.  

Il est certain également que le Hamas, par ses exactions en Israël, reprend aussi indirectement ou directement la théorie de la terreur prônée par Daech. Si vous reprenez l'ouvrage qui a été publié en France en 2007 "La gestion de la barbarie" par un théoricien du djihadisme, la terreur, et donc le terrorisme, est une arme totalement assumée par les  mouvements terroristes islamistes. C’est écrit en toutes lettres. Que fait le Hamas aujourd’hui ? Il fait exactement la même chose avec les massacres qu'il a commis dans le Sud Israël. Quel est le but premier ? Terroriser la communauté internationale. L’autre objectif, c’était de toucher la "rue arabe". Quand on regarde sa réaction, partout dans le monde, elle exprime une grande satisfaction de voir que les juifs ont été massacrés. C’est donc un jeu stratégique que d’utiliser la terreur. Cela va accentuer les faiblesses en Israël, mobiliser la rue arabe au profit du combat pour l’Etat Palestinien et permettre d’obtenir un résultat politique que l'on n'aurait pas pu obtenir auparavant. 

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