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2019, les prévisions choc de Saxo Bank
©Pixabay - Hucky

Atlantico Business

Ces prévisions vous paraîtront folles, impossible mais plausibles. Elles sont aussi peut-être souhaitables. C’est pourquoi les investisseurs s’en emparent et en raffolent.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’Allemagne entre en récession, Apple achète Tesla, Trump limoge Powell et les Travaillistes prennent le pouvoir en Grande Bretagne... Jeremy Corbyn, le Premier Ministre, instaure la parité de change entre la livre sterling et le dollar américain, le FMI décide de ne plus mesurer le PIB par pays mais la compétitivité. Quant à l‘Europe, elle se retrouve obligée d’effacer les dettes des pays membres.  

La banque SaxoBank, d’origine danoise, a réuni ses meilleurs économistes pour qu’ils établissent les prévisions les plus violentes, mais plausibles, qui peuvent arriver l’année prochaine.

Ces prévisions ne sont pas les prévisions de marché officielles de Saxo Bank pour 2019, mais elles constituent un avertissement. Elles sont sans doute improbables, mais très plausibles. Donc les investisseurs doivent d’y préparer. 

Les Prévisions choc pour 2019 sont donc :

1.  L’Union Européenne annonce un effacement de la dette

2.  Apple achète Tesla à 520 $/action

3.  Donald Trump limoge J. Powell

4.  Le Premier Ministre britannique Jeremy Corbyn instaure la parité entre la livre sterling et le dollar américain

5.  La crise du crédit aux entreprises conduit Netflix à connaitre le même sort que General Electric

6.  L’Australie lance son propre plan Paulson après avoir nationalisé les quatre principales banques du pays

7.  L’Allemagne entre en récession

8.  Une éruption solaire de classe X sème le chaos et provoque des dégâts à hauteur de 2000 milliards de dollars

9. Adoption d’une taxe mondiale sur le transport en raison de la multiplication des inquiétudes relatives au climat

10. Le FMI et la Banque mondiale annoncent leur intention de cesserde mesurer le PIB, et de se concentrer sur la productivité.


Alors, ces prédictions qui paraitront complètement folles aux uns, utopiques aux autres, sont objectivement improbables, mais elles sont plausibles et dans le monde tel qu’il est, certains en viennent à penser qu’elles seraient souhaitables. 

Pour les économistes de SaxoBank, le monde tourne trop vite et hésite à développer des réformes pour s’adapter aux mutations inéluctables. Ce monde-là doit obligatoirement engager des transformations profondes, sinon il va s’écrouler. Les chiffres de capitalisation ou d’endettement sont trop énormes, la cupidité des uns, le désespoir des autres minent les fondements même des organisations sociales et politiques. La sphère économique est bouleversée alors que les structures politiques ne bougent pas, les évolutions culturelles sont en panne.

« Nous pensons, disent-ils, que 2019 marquera un profond bouleversement de cette mentalité alors que nous arrivons au bout du chemin en accumulant de nouvelles dettes et que l’année prochaine, nous commencerons tous à payer la note pour nos erreurs. Le grand cycle du crédit montre déjà des signes de tension à la fin de l’année 2018 et se répandra sur les marchés des pays développés l’année prochaine, les banques centrales devant revoir leur copie. »

On pourrait assister à un changement sain vers une société moins endettée, moins axée sur les gains et la croissance à court terme. C'est en cela qu’on en vient à souhaiter leur réalisation. Plus de productivité, moins de gaspillage et une mondialisation avec des règles du jeu plus équitables. 

Mais ces prévisions ont aussi un coté noir et toxique : une aggravation considérable de l’indépendance des banques centrales, un effondrement du crédit et de grosses pertes dans le secteur de l’immobilier.
L’année 2018 n’aura pas été une année ordinaire. Les marchés américains ont fait cavalier seul, l’affaiblissement du crédit et de la hausse des prix de l’argent, de l’anti-mondialisation, tous ces facteurs se sont fait sentir. Résultats : l’année 2019 sera au mieux agitée, au pire dans la tempête à nouveau. 

Un mot d’explication sur la plupart des prévisions possibles, plausibles mais assez peu probables. Du coup, les investisseurs n’en mesurent pas les risques. Ils ont tort.

Prévision : l’Union européenne annonce une annulation de la dette.

Sait-on que dans l’histoire, les annulations de dettes ont joué un rôle important dans la résolution des crises financières ? De Babylone à l’entredeux guerre. Dans les années 1920, les annulations de dettes ont déferlé sur l’Europe, à raison de 50 % du PIB pour la France, 36 % du PIB pour l’Italie et 24 % du PIB pour le Royaume-Uni.

En 2019, le niveau insoutenable de la dette publique, la montée du populisme, une hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne, une diminution des liquidités et une croissance lente ont rouvert le débat européen sur la manière de se préparer à une nouvelle crise. L’Italie est le principal pays concerné, car elle est confrontée à un énorme mur d’échéances qui devrait atteindre environ 300 milliards d’euros de refinancement en 2019, en raison de la flambée des taux d’intérêt. Ce qui peut se passer en Italie sera systémique. L’Allemagne et le reste de l‘Europe n‘auraient pas d’autre choix que de soutenir la monétisation. Alors, ça peut prendre plusieurs formes. L’Union économique et monétaire peut confier à la BCE un mandat de monétisation de la dette pour tous les niveaux d’endettement supérieurs à 50 % du PIB et garantit le reste par un système d’euro-obligations.

Prévision : Apple rachète et « garantit le financement » de Tesla à 520 $/action. C’est plus qu‘une hypothèse fumeuse.

Que peut faire Apple avec ses 237 milliards de dollars de trésorerie accumulés et son importante gamme de produits iPhone, incapable de développer davantage sa croissance en termes de volume ? La seule solution sera d’investir un secteur connexe à son activité. En sachant que Tesla a besoin de plus de capacité financière, Apple s’intéressera à Tesla. Cette acquisition est tout à fait logique. Elle est assez petite pour être une opération entièrement au comptant et ne représente que 12 mois de flux de trésorerie disponible pour Apple. Apple possède la solidité financière nécessaire pour satisfaire les rêves les plus fous d’Elon Musk, en veillant à ce que Tesla ne doive pas, à court terme, équilibrer des dépenses en capital par rapport au flux de trésorerie.

Prévision : Jérôme Powell limogé par Donald Trump. C’est plus que probable. 

Quand, le président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell, s’est prononcé en décembre 2018, avec une faible majorité de votants en faveur d’une hausse des taux, il peut avoir signé la hausse de trop. Si l’économie et les actions américaines peuvent chuter rapidement durant le premier trimestre 2019, Powell peut ne pas changer de cap. Il soutient qu’un apurement des créances irrécouvrables pourrait avoir des avantages à long terme. Le président Trump, furieux, peut ne pas supporter, limoge Powell et nomme Néel Kashkari, président de la Réserve fédérale du Minnesota, pour lui succéder. Pour Trump, c’est le plus conciliant et le plus enclin à faire tourner la machine à bulles. 
Il peut mettre Trump en bonne posture pour un second mandat en 2020, en promettant une ligne de crédit de 5 000 milliards de dollars pour acheter les nouvelles obligations perpétuelles à coupon zéro du secrétaire du Trésor.
L’inflation atteint 6 %, ruine lentement les épargnants et les retraités. Mais qui s’en soucie ?

Prévision : Le Premier ministre Jeremy Corbyn instaure la parité de change entre la livre sterling et le dollar américain.
Après avoir occupé le poste de Premier ministre le plus difficile et le plus ingrat depuis Winston Churchill, Theresa May, surnommée « le chat », sort finalement de ses neuf vies proverbiales alors que l’échéance du 29 mars pour le Brexit se profile à l’horizon.

Cela entraîne un report de la date d’expiration de l’article 50 et des élections anticipées au Royaume-Uni. Les travaillistes remportent une victoire retentissante et nomment Jeremy Corbyn Premier ministre sur la promesse d’une réforme progressiste globale et d’un second référendum sur un accord « à définir » sur le Brexit. En attendant, le retour dans l’Union européenne, Jeremy Corbyn, signe une parité entre la livre et le dollar. 

Prévision : le resserrement des crédits aux entreprises pousse Netflix à rejoindre General Electric
Tout commence par la perte de crédibilité de General Electric sur les marchés du crédit, GE n’est plus capable d’endiguer la situation et dépose le bilan. Cet événement est une véritable onde de choc sur les marchés mondiaux du crédit, les investisseurs se rendant compte que les hausses de taux de la Réserve fédérale ont accidentellement trop resserré les conditions financières. Le carnage s’étend même jusqu’à Netflix, Le financement de Netflix coûte deux fois plus cher, ce qui freine la croissance des contenus et ébranle le cours de l’action. Pour ne rien arranger, l’entrée de Disney en 2019 dans l’industrie du streaming vidéo réduit encore davantage la croissance de Netflix. 

Prévision : l’Allemagne entre en récession.  Les droits de douane sur les voitures allemandes et le retard pris dans le digital plongeront l’Allemagne dans une phase de récession avant la fin de l’année 2019. En outre, le départ de Merkel, provoque une lutte de pouvoir à un moment où le pays a besoin de stabilité et d’une transformation majeure de son économie. 
L’industrie automobile allemande qui était censée être un moteur de croissance, avec 100 millions de voitures vendues en 2018, n’a réussi à vendre que 81 millions de voitures, soit à peine 2 % de plus qu’en 2017 et bien en deçà des taux de croissance annuels de 5 à 10 % qui ont caractérisé les années 2000.  
D’ici 2040, 55 % de toutes les ventes mondiales de voitures neuves et 33 % du stock seront des véhicules électriques. Mais l’Allemagne n’est qu’au début de sa conversion aux véhicules électriques et a plusieurs années de retard en la matière et n’a que peu de visibilité pour retrouver sa place de premier de la classe de la compétitivité.

Prévision : Adoption d’une taxe mondiale sur les transports en raison de la multiplication des inquiétudes relatives au climat
Le monde souffre encore une fois d’une année de conditions météorologiques extrêmes. L’été en Europe fut de nouveau extrêmement chaud, déclenchant des plans canicule dans les capitales du monde entier. Les secteurs internationaux de l’aviation et du transport maritime jouissant de privilèges fiscaux substantiels, deviennent les cibles d’une nouvelle taxe mondiale sur les transports (GT) .La nouvelle charge fiscale serait fixée à 50 $/tonne d’émissions de CO2, soit le double des niveaux proposés précédemment et bien au-dessus de la moyenne de 15 €/tonne de 2018 prévue par le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne. La nouvelle taxe mondiale sur les transports (GT) fait grimper le prix des billets d’avion et du fret maritime, augmentant ainsi le niveau général des prix au fur et à mesure que la nouvelle taxe se répercute sur les consommateurs.
Les actions des secteurs du tourisme, du transport aérien et du transport maritime plongent dans une incertitude accrue et une croissance plus faible.

Prévision : Le FMI et la Banque mondiale annoncent leur intention de cesser de mesurer le PIB et de plutôt se concentrer sur la productivité
Le long règne du produit intérieur brut comme principal indicateur du progrès économique touchera à sa fin en 2019. Lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, les économistes en chef Pinelopi Goldberg et Gita Gopinath ont annoncé leur intention d’arrêter de mesurer le PIB. Ils soutiennent que le PIB n’a pas réussi à saisir l’impact réel des services technologiques à faible coût et n’a pas été en mesure de tenir compte des questions environnementales, comme en témoignent les effets terribles de la pollution sur la santé humaine et sur l’environnement en Inde et ailleurs dans le monde.
En effet, le fétichisme autour du PIB favorise généralement des politiques économiques qui ne tiennent pas compte des conséquences sur l’ensemble du cycle des dommages causés aux ressources environnementales et au capital humain. Au lieu d’utiliser le PIB, le FMI et la Banque mondiale proposent de se concentrer sur la productivité, qui permet de mieux évaluer l’évolution de la capacité de production d’une économie au fil du temps. Comme l’avait écrit Paul Krugman, lauréat du prix Nobel d’économie en 1994 : « la productivité n’est pas tout, mais sur le long terme, elle est presque tout. »

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