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Atlantico : Le Boeing 777-200ER de la compagnie Malaysia Airlines assurant le vol MH 17 faisant la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur s'est écrasé jeudi 17 juillet dans l'est de l'Ukraine. Il aurait vraisemblablement été touché par un missile sol-air. Pour le moment, la Russie et les séparatistes prorusses d'un côté, l'Ukraine de l'autre, s'accusent mutuellement. Au regard des éléments que nous disposons, quels sont les différents scénarios possibles ? Peut-on parler d'un acte volontaire ?
Jean-Vincent Brisset : Dans ce crash, nous sommes face à trois protagonistes.
Nous savons que l'armée russe et l'armée ukrainienne disposent toutes deux de ce type de missiles. Il est également possible que les rebelles pro-Russes en aient mais leur capacité à les utiliser reste à mettre en doute. Car il s'agit d'un système de plusieurs véhicules fonctionnant en réseau : le radar de l'un est le radar de l'autre. Même si les pro-russes ont capturé quelques véhicules, il n'est pas sûr qu'ils aient tout le réseau qui va avec. Et s'ils en ont, ils n'en ont que très peu. Dans ce cas, quel est l'intérêt de tirer sur un avion en haute altitude plutôt que sur un avion qui les menace directement ?
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Le scénario de l'erreur de tir qui se dessine actuellement vous semble-t-il le plus probable ?
Oui. Les Ukrainiens ont déjà abattu un avion russe par erreur au cours d'un exercice en 2001. C'est le scénario qui devient le plus vraisemblable. Nous sommes dans un contexte de guerre civile dans lequel des partenaires extérieurs sont impliqués. Et à l'intérieur même des forces ukrainiennes, il y a un certain nombre d'éléments pro-russes même s'ils sont restés fidèles au régime ukrainien. Et l'armée ukrainienne n'a pas des fonctionnements très rigoureux.
Des enregistrements provenant des services de renseignements ukrainiens ont été diffusés et accablent les séparatistes pro-russes. L'hypothèse vous parait-elle crédible ?
Les séparatistes tirant par erreur sur un avion alors qu'ils ne savent pas de quel avion il s'agit, cela me parait peu probable. On a effectivement vu sur Twitter que les prorusses avaient capturé un véhicule avec des missiles de ce type. S'ils ont capturé un véhicule avec quatre missiles, ils ont pu vouloir l'essayer mais cela me parait difficilement envisageable de l'utiliser sur un avion que l'on ne connait pas. Car les séparatistes n'ont pas les moyens d'identifier les avions. Et puis on fait moins d'erreur avec ce qui est précieux ! Alors que pour l'armée ukrainienne et l'armée russe ce type de missiles est banal.
Les séparatistes disposent-ils des moyens nécéssaires ?
Au meilleur des cas, les séparatistes ont des moyens dégradés. Il y a trois étages de veille dans le cadre de genre d'équipement. D'abord, un niveau de surveillance national à longue distance de tout le ciel du pays. Un autre niveau de surveillance se fait à l'échelle du régiment où se trouvent les missiles. Le troisième étage de surveillance se fait au niveau du véhicule tireur qui a son petit radar à lui. Un véhicule isolé peut effectivement le faire mais il faut des gens expérimentés pour cela. Le véhicule isolé des deux étages supérieurs de surveillance a des limitations relativement fortes. Il n'a pas la même portée, ni en détection, ni en tir que quand il est dans le système complet. Les séparatistes prorusses auraient pu le faire, mais cela semble très difficile.
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