Elle se croit victime de tout mais la génération Z est… plus riche que TOUTES les précédentes au même âge <!-- --> | Atlantico.fr
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Des étudiants dans une bibliothèque à Bordeaux.
Des étudiants dans une bibliothèque à Bordeaux.
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

"The Anxious generation"

Les jeunes de la génération Z, influencés par le contexte économique et social, estiment avoir plus de difficultés sur le plan financier que les générations précédentes. La réalité du marché du travail ou le niveau des salaires offrent pourtant un regard différent.

Pierre Bentata

Pierre Bentata

Pierre Bentata est Maître de conférences à la Faculté de Droit et Science Politique d'Aix Marseille Université. 

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Joël Hellier

Joël Hellier

Joël Hellier est économiste et enseigne à l'Université de Nantes et de Lille 1. Ses travaux portent sur la macroéconomie des inégalités, l'économie de la mondialisation, l'éducation et la mobilité intergénérationnelle et l'économie du travail.
 

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Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue est professeur d'économie à l'université de Lille. Il est le co-auteur avec Stéphane Ménia des livres Nos phobies économiques et Sexe, drogue... et économie : pas de sujet tabou pour les économistes (parus chez Pearson). Son site : econoclaste.net

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Atlantico : Dans les pays riches, au moins 250 millions de personnes sont nées entre 1997 et 2012. Environ la moitié ont désormais un emploi. Selon la rédaction de The Economist, la génération Z se croit victime de tout. En quoi ce constat est-il faux dans les faits ? La génération Z n’est-elle pas plus riche que toutes les précédentes au même âge et n’a-t-elle pas bénéficié de meilleures conditions de travail ? 

Joël Hellier : Une remarque préalable importante. Le découpage des générations en boomers, millennials et génération Z (j’oublie ici la génération X née entre le milieu des années soixante et 1980) est assez contestable pour trois raisons principales : 1) chacune des générations est elle-même très hétérogène du point de vue de son environnement socio-économique ; 2) les problèmes rencontrés par chaque génération diffèrent fortement d’un pays à l’autre ; 3) enfin, les raisonnements se font en moyenne pour chaque génération alors que des différences très importantes sont observables à l’intérieur d’une même classe d’âge.

Les boomers sont nés entre 1945 et 1965. Or, ceux qui sont nés entre 1945 et le début des années cinquante sont entrés sur un marché du travail en plein emploi, et même en suremploi (les pays européens devaient faire venir un nombre très élevé de travailleurs immigrés pour occuper les postes vacants). A l’inverse, les générations nées du milieu des années cinquante au milieu des années soixante sont entrées sur un marché du travail caractérisé par deux crises pétrolières et une augmentation très forte du chômage.

Les premiers millennials sont nés au début des années quatre-vingt et entrent sur un marché du travail très dynamique. A l’inverse, ceux qui sont nés quelques années plus tard subissent la crise financière des années 2008-2010, et pour les européens la crise de l’Euro du début des années 2010.

De plus, depuis les années quatre-vingt, on a souvent assisté à un découplage de l’activité économique entre les Etats Unis et l’Europe d’une part, et entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord d’autre part. Ainsi, parler d’effets de génération pour l’ensemble des pays avancés peut être très réducteur, voire erroné.

Enfin, le raisonnement ‘en moyenne’ pour une génération tend à occulter une évolution important des quarante dernières années : la forte augmentation des inégalités à l’intérieur d’une même génération. Pour prendre le cas extrême des Etats Unis, je serai surpris que l’évolution du niveau de satisfaction ou d’insatisfaction soit le même pour les enfants issus des ménages appartenant aux 10% les plus aisés (sans parler des 1%) que pour ceux issus des 50% du bas de l’échelle. 

Il n’empêche : il est clair qu’en moyenne la génération Z bénéficie d’un niveau de vie plus élevé que les générations précédentes et d’un meilleur accès à l’emploi en raison du dynamisme du marché du travail, particulièrement aux Etats Unis.

Pierre Bentata : La génération Z est effectivement plus riche que les précédentes. La rédaction de The Economist le démontre très bien. Cette situation est une réalité dans la plupart des pays développés. Lorsque les jeunes de la génération Z se comparent aux autres actifs qui ont une carrière qui est plus avancée, qui est plus longue, évidemment qu'ils ont l’impression d’être moins bien lotis et d’avoir des revenus qui sont plus faibles ou un patrimoine qui est plus faible. Les autres ont mis du temps à constituer ces revenus et ce patrimoine alors que les membres de la génération Z viennent seulement d’arriver sur le marché du travail.

Mais lorsque l’on compare les revenus au même âge et le patrimoine au même âge, la génération Z est indéniablement dans une situation qui est bien meilleure.

La génération Z a des revenus au même âge qui sont plus élevés que la précédente.

Ils évoluent dans un contexte de croissance et où le chômage est beaucoup plus faible. Certains secteurs connaissent même des pénuries, donc les salaires et les opportunités sont plus importantes. Du point de vue des revenus du marché du travail, les représentants de la génération Z sont dans des conditions économiques meilleures que les générations précédentes.

Alexandre Delaigue : Il faut toujours se méfier de ce sujet qui permet d'écrire beaucoup d'articles mais qui n'est pas toujours tout à fait juste sur le plan des générations. Les concepts des baby boomers, de la génération X, puis Y, puis les millennials, puis la génération Z maintenant ont été inventés comme s’il y avait des expériences communes parfaitement identifiables. Mais rien que par exemple pour les baby boomers, certains ont été confrontés à des périodes de chômage très fortes dans les années 1970 - 1980 tout en étant dans la même génération que des personnes qui avaient des conditions économiques nettement plus favorables.

En acceptant ce découpage par générations, le constat pour la génération Z est le fruit d'une période relativement courte, pour des individus nés aux alentours du passage du siècle. Ils rentrent maintenant sur le marché du travail dans une période qui est assez favorable. 

Il y aussi des différences assez significatives entre les pays. Bien souvent, les économistes se fixent beaucoup sur les données des Etats-Unis. Rien qu'en une dizaine d'années, le salaire minimum aux Etats-Unis a doublé. Pour tous les jeunes qui entraient sur le marché du travail dans les années 1980, 1990 et 2000, le salaire minimum était à 7,5 $ de l’heure. Aujourd’hui, il est pratiquement partout aux Etats-Unis à 15 $.

Les hausses de salaires et les facilités pour entrer sur le marché du travail ont abouti à un phénomène indéniable. La génération Z bénéficie effectivement de meilleures conditions sur le plan économique et financier que les générations précédentes. Les jeunes qui entrent sur le marché du travail se retrouvent avec un niveau de revenu qui est plus élevé. 

Comment expliquer que les membres de la génération Z n’aient pas conscience de leur chance et du fait qu’ils soient plus riches que toutes les générations précédentes au même âge ? Est-ce lié au poids des dépenses contraintes (comme le logement ou les études) ?

Joël Hellier : Les dépenses contraintes peuvent jouer, en particulier aux Etats Unis. Mais je ne pense pas que ce soit le principal problème.

En fait, la satisfaction des individus ne dépend pas du niveau (de revenu, de richesse etc.) qu’ils atteignent mais de la différence entre le niveau atteint et le niveau espéré. Un manœuvre qui devient ouvrier qualifié est satisfait alors qu’un ingénieur qui occupe un poste de technicien supérieur est très insatisfait, alors même qu’un technicien supérieur est nettement mieux payé d’un ouvrier qualifié. C’est ce que les économistes appellent la privation relative, et qui explique que, sauf à court terme, la croissance économique ne rend pas plus heureux.

De ce point de vue, les générations précédentes, même si leur niveau de vie était inférieur, anticipaient que leur situation allait s’améliorer dans l’avenir. A l’inverse, les générations actuelles pensent qu’une amélioration est improbable, et anticipent même une possible détérioration. 

Pierre Bentata : Le poids des dépenses contraintes et notamment le poids du logement a bien été intégré dans les études comparatives entre les générations. Même avec ce contexte, la génération Z est dans une situation qui est meilleure. Il n'y a rien qui donne raison à la génération Z. Il n'y a pas d’indicateurs qui donnent raison aux observateurs qui expliquent que les démocraties libérales ou le système occidental aujourd'hui seraient en crise d'un point de vue matériel.

Pour le cas de la France, entre 1960 et aujourd'hui, le pouvoir d'achat réel des individus a été multiplié par 3,5. De la même manière, l'espérance de vie a doublé, le taux de chômage est globalement plus faible, les opportunités sont plus importantes, sans compter les progrès concernant l'espérance de vie en bonne santé ou l'ensemble des progrès dans la santé. Objectivement, il n'y a aucune raison matérielle de penser que cela va plus mal aujourd'hui et que quelque chose puisse expliquer en partie le sentiment de malaise de la génération Z. Comme la génération précédente, ils sont nés dans une période où on leur a toujours dit que c'était la crise. Il y a un véritable décalage entre la communication et l'atmosphère informationnelle dans lesquelles ils se trouvent et la réalité.

Si vous êtes nés dans les années 2000 ou au sortir des années 1980, vous n’avez pas cessé d’entendre qu'il y a eu des crises avec la crise pétrolière, la crise Internet, la bulle Internet, la crise des subprimes, les dettes souveraines… cela ne s'est jamais arrêté.

Il y a aussi l'ensemble de la désinformation et l'absence de réformes et d'actions qui sont mises en œuvre pour régler la question climatique. Cette génération a été énormément sensibilisée à la crise écologique et au changement climatique, ce qui est une très bonne chose. Dans le même temps, la communication est catastrophiste. Cette génération ne voit même pas le découplage qui existe entre la croissance et les émissions de CO2, les innovations techniques et le fait que les systèmes dans lesquels ils vivent sont les systèmes qui sont les plus vertueux, les plus avancés en termes de recyclage, de nettoyage des eaux, les systèmes qui ont réglé les problèmes de déforestation, du trou de la couche d'ozone. Il y a donc certainement ici un effet de communication à travers cette perception négative qu’a la génération Z. Il y a une chape de plomb informationnelle qui les pousse à croire qu'il n'y a rien qui va.

Alexandre Delaigue : Il est important d’avoir un point de vue nuancé. Si d’un point de vue économique, la situation est meilleure, la génération Z est décrite comme la génération la plus dépressive qu'on ait jamais vu. Certains spécialistes et essayistes associent cela avec la question des smartphones et des réseaux sociaux. Les données sur ce domaine sont édifiantes. En observant la démocratisation des réseaux sociaux et en étudiant des indicateurs de bien-être, de dépression paraît assez net. Les taux de suicide chez les jeunes de la génération Z sont assez élevés. Dans les âges compris entre 15 et 30 ans, les niveaux de dépression sont extrêmement élevés.

Cela interroge sur le fait que cette génération puisse vraiment se déclarer comme satisfaite. Les membres de la génération Z sont pour l'instant dans des circonstances économiques qui peuvent sembler plus favorables. Les aspects négatifs l'emportent toujours dans les discours. Le biais pessimiste fait que l’on regarde davantage les aspects négatifs.

Pour les jeunes générations, il y a effectivement de nombreuses contraintes. Pour faire des études aux Etats-Unis, par exemple, il faut emprunter pour financer sa formation. Il faut aussi emprunter pour acheter une maison. Cette trajectoire est devenue de plus en plus difficile. Les prix de l'immobilier font que l'accession à la propriété est beaucoup plus difficile. Le coût des études a fortement augmenté. 

La norme a changé et il y a une forme d'adaptation qui passe par une dose de cynisme vis-à-vis du travail avec notamment le fait de demander des salaires beaucoup plus élevés.

La génération Z est beaucoup moins disposée à accepter toute une série de contraintes qui vont venir du monde du travail.

Les contraintes restent présentes mais la manière dont les générations s'adaptent à ces contraintes aboutit au constat d'une génération qui financièrement se porte mieux.

Il faut aussi garder à l’esprit que cette génération n’a pas encore rencontré sa récession. 

La natalité s'effondre et de ce fait les travailleurs conservent leur salaire et dépensent moins. Cela va créer des unités de ménages dans lesquelles le revenu par personne sera plus élevé en l’absence d’enfants. Mais est-ce véritablement une bonne chose sur le long terme pour la société ? Cela est beaucoup plus discutable.

Le nombre de membres de la génération Z (parfois également appelés « Zoomers ») travaillant à temps plein est sur le point de dépasser le nombre de baby-boomers à temps plein aux Etats-Unis. Y a-t-il donc de l’espoir pour les membres de la génération Z sur le plan de l’économie ? Cette impression négative qu'ils ont est-elle liée au contexte économique dans lequel ils grandissent ?

Joël Hellier : Il est clair que, du point de vue de l’accès à l’emploi, les générations qui arrivent actuellement sur le marché du travail sont mieux loties que les précédentes. Ceci est d’ailleurs largement lié au fait que les générations qui partent à la retraite (les boomers) sont nombreuses alors que celles qui entrent sur le marché du travail (les Z) sont nettement plus réduites. On peut donc prédire que les Z seront moins touchés par le chômage que les générations précédentes. De plus, s’il y a des tensions sur le marché du travail, les salaires pourraient progresser et donc entraîner également une amélioration des rémunérations.

Il existe toutefois des incertitudes économiques liées à l’impact de la robotisation et de l’intelligence artificielle, ainsi qu’au contexte géopolitique. 

Pierre Bentata : Cela est tout à fait possible. Il y a cinq ou six ans, la Fondapol avait publié deux grands rapports sur les perceptions que les jeunes avaient dans la plupart des pays du monde, des BRICS, des pays en développement. L’étude essayait de comprendre l'attitude des jeunes vis-à-vis de leur époque. Les pays européens et les Etats-Unis, le berceau de l'Occident et de la révolution industrielle, sont les plus déprimés, selon les résultats des études mais avec une sorte de paradoxe. L'époque inquiète les jeunes générations mais leur situation les rassure. Eux-mêmes s'aperçoivent qu'il est plus facile de trouver du travail puisque dans leurs attentes ce ne sont même pas les revenus qui comptent en premier dans le travail. La chose la plus importante est de trouver un sens, d’avoir l'impression de participer à une aventure collective. La plupart des jeunes de cette génération ne s'inquiètent pas puisqu’ils ne font pas carrière. Ils quittent leur emploi, ils font six mois ailleurs, ils partent à l'étranger, ils prennent des vacances, ils reviennent. Cela démontre qu’il y a une sorte de prospérité et de qualité de vie qui est très forte.

Il est difficile de voir les choses sereinement au-delà de sa sphère privée ou individuelle. Des problèmes économiques majeurs n’ont pas été gérés. Nous avons été incapables de gérer la question des retraites. Alors que la France devrait progresser, il y a beaucoup de rétropédalage, le dernier en date concerne les mesures d'exception sur les cheminots et les aiguilleurs du ciel. Personne n'arrive à gérer la dette, à retrouver une qualité de service public importante.

Il est donc possible de comprendre qu'il y a une ambiance économique globale qui les inquiète. Ceux qui sont les plus rebelles ou les plus inquiets sont ceux qui sont les mieux lotis. Quand on voit ce qu’il se passe actuellement à Sciences Po, il y a une volonté de s'indigner en demandant des actions plutôt révolutionnaires. C'est aussi parmi cette génération que l'on trouve le plus de votants pour LFI, un parti ouvertement révolutionnaire, anti-système et complètement déconnecté sur le plan des réalités matérielles.

Beaucoup affirment que la génération Z se définit par son anxiété. Jonathan Haidt, psychologue social à l'Université de New York, vient de publier un livre sur ce phénomène,« The Anxious Generation ». Est-ce donc lié à un phénomène sociétal et générationnel ou la socialisation est en perte de vitesse ? Est-il possible de remédier à ce phénomène ?

Joël Hellier : Il me semble que l’anxiété réelle des nouvelles générations n’est pas d’ordre économique. Trois éléments me semblent déterminants.

D’une part, les fortes menaces liées aux perturbations climatiques et environnementales, et aux effets clairement observables du réchauffement, créent une véritable anxiété sur l’avenir de la planète, et ceci est logiquement beaucoup plus ressenti par les générations jeunes que par les générations plus âgées.

D’autre part, l’environnement géopolitique actuel et à venir est de plus en plus menaçant. Ceci est bien perçu par les nouvelles générations.

Enfin, la génération Z est d’abord la génération ‘réseaux sociaux’. La place du virtuel dans les relations sociales est devenue prépondérante, avec deux effets pervers. D’une part, une perte de socialisation ‘réelle’. D’autre part, une amplification de l’anxiété et du complotisme.

Les deux premiers éléments échappent aux politiques purement nationales. Le dernier appelle une véritable action de contrôle des réseaux sociaux et de leurs dérives.

Pierre Bentata : Jonathan Haidt a travaillé sur cette notion d'anxiété chez la génération Z. Cette observation est juste et il s’agit de la bonne façon de les qualifier. Un ensemble de phénomènes accélère l'anxiété d'abord. Cette génération est née dans la crise. Même si de nombreuses crises ont été surmontées, personne n’est revenu à des niveaux d'avant crise. L'accent qui est mis sur l'écologie a aussi un effet. Il s’agit de la première génération qui est née avec les réseaux sociaux et qui s'informe via les réseaux sociaux.

De nombreuses études ont montré que le fait d'être très présent sur les réseaux sociaux a notamment un effet sur le sentiment d'être jugé en permanence. Cela crée une forme d'anxiété.

Un effet qui a été observé par des psychologues américains est que les jeunes qui sont très présents sur les réseaux sociaux ont tendance à moins souvent avoir de rendez-vous amoureux. Ils ont tendance aussi à moins passer d'examens. Ils ont plus peur de passer le permis de conduire parce qu’ils ont l'impression que le moindre échec est un jugement de leur personne.

Le fait d'avoir ce miroir déformant avec une surabondance d'informations négatives en plus de ça, des informations qui semblent en permanence se renouveler sur les réseaux sociaux et qui donnent l'impression d’être submergé, cela crée un cocktail qui est assez explosif et qui explique cette anxiété. Est-ce qu'il y a des moyens d'en sortir ? Oui, car des jeunes de la génération des millennials étaient aussi inquiets et finalement se sont plutôt bien intégrés.

Il y a eu un vrai travail dans les entreprises au niveau des ressources humaines pour essayer de recréer du dialogue entre la génération X et les millennials. Il va certainement falloir faire pareil avec la génération Z.

Cette anxiété vient certainement du fait de l’allongement de la durée de l'adolescence. Cela est très bien présenté dans les ouvrages de Pierre-Henri Tavoillot. Cette période d'adolescence est une période d'incertitude et d'inquiétude par excellence puisque l'on n'est pas totalement autonome. Il y a une volonté d'être responsable mais il n’y a pas de maîtrise et pourtant on est suffisamment grand pour observer le monde et le juger.

A mesure que cette période particulière d'instabilité s'allonge, les gens sont de plus en plus anxieux. A partir du moment où ils parviennent à l'âge adulte, ils commencent à avoir une carrière, à être autonomes, ils fondent une famille. Cette anxiété diminue.

Beaucoup d'études en sociologie, en psychologie montrent qu’une fois que vous avez passé ces périodes d'instabilité, l'adolescence ou le chômage, vous finissez par regarder le monde avec beaucoup plus de pragmatisme, moins d'inquiétude et à prendre davantage les faits pour ce qu'ils sont.

Il faut donc regarder cela sérieusement. Car il y a des mouvements étudiants avec des jeunes qui sont prêts à carrément jeter le bébé avec l'eau du bain, à nier les institutions au motif qu'il y aurait quelque chose de catastrophique. Ce fut le cas avec Greta Thunberg. Une partie de ces jeunes sont complètement perdus et ne voient plus du tout la réalité. Ils en veulent à la Terre entière. Cela est problématique. Il faudrait les faire rentrer plus rapidement sur le marché du travail, les traiter en adulte et leur expliquer que lorsqu’ils sont inquiets et que ça n'a pas lieu d'être, il faut leur dire et ne pas les traiter comme s'ils étaient les nouveaux prophètes ou les seuls à comprendre ce qu’il se passe.

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