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Michel Rocard, THE scoop : comment le PS s’est, selon lui, "habitué à oublier la lutte des classes", Hollande "stérile" : prêt à remanier illico et surtout avant les municipales
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi la phrase qui tue de la boss de la Manif pour tous : "Un homme et une femme, (ce n’est pas) exactement équivalent à un homme et un homme, à une femme et une femme". Coton, la revue de presse des hebdos ! Et on vous parle pas de l’analyse de Pascal Perrineau sur l’inquiétante montée du "gaucho-lepénisme"…

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Alors, alors, on a regardé “ Tomboy ” hier soir sur Arte ? Oui ? Nan ? Hou, on est taquin ! A l’heure où on commence cette revue de presse (ce mercredi 19 février, 18 h 24 pour être précis), on sait pas pourquoi…, mais on sent que l’appel au boycott lancé par Civitas à l’encontre du film programmé par Arte va permettre à la chaîne d’établir un nouveau record d’audience… Un peu comme Jean-François Copé l’a fait bien malgré lui avec Le Rouergue, éditeur du livre “ Tous à poil ”, qui, depuis, s’arrache comme des petits pains (au chocolat, ah ah)…

“ Sarbacane, je vais m’occuper de vous ! ”

Les semaines passent et… faut bien avouer que ça s’arrange pas. Dans “ Télérama ”, Michel Abescat raconte “ qu’Emmanuelle Beulque, éditrice chez Sarbacane de l’album “ A quoi tu joues ? ” (qui prend le contre-pied de ces “ évidences ” — selon lesquelles “ un garçon, ça ne joue pas à la poupée et une fille, ça joue pas au foot ”, ndlr —, avec humour et légèreté qui plus est !), reçoit il y a quelques jours un coup de fil furieux d’un monsieur qui hurle de manière “ hystérique ” (c’est pas un truc de fille, ça ?), la traite de tous les noms, l’accuse d’être “ payée par le lobby de la théorie du genre ” et finit par lui raccrocher au nez : “ Sarbacane, je vais m’occuper de vous ! ” ”

“ Protéger ses enfants, c’est aussi aiguiser leur sens critique ”

“ Les histoires comme celle-ci se multiplient depuis quelques semaines, reprend le journaliste, des listes de livres à bannir circulent sur le Net, des éditeurs sont harcelés, des bibliothèques ciblées. En cause les livres qui parlent d’égalité filles-garçons, d’homoparentalité et même de nudité, comme le désormais fameux “ Tous à poil ! ” — sorti il y a trois ans aux éditions du Rouergue et redécouvert grâce à Jean-François Copé, subtil lecteur de livres jeunesse s’il en fut. Passé l’effarement, on voudrait juste dire ici, à tous ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons lire ou pas, au nom de convictions qui leur appartiennent, que protéger ses enfants peut aussi signifier ne pas les prendre pour des imbéciles, aiguiser leur sens critique, leur donner les outils pour comprendre le monde tel qu’il bouge ”. Cela pourrait même bien être la première mission des parents — à côté, bien sûr, de l’apprentissage des règles de la vie en communauté…

VigiGender : le site qui traque “ le genre ”

Dans ce contexte de quasi chasse aux sorcières (OK, on exagère… mais bon, ça pue quand même sacrément, tout ça…), un petit site prospère, dont vous avez peut-être entendu parler : VigiGender. “ Cinq mille connexions quotidiennes depuis deux semaines, 60 départements couverts par leur réseau d’alerte, les huit responsables du site Internet VigiGender sont occupés, relate “ Le Point ”. “ Cela n’arrête pas, les parents sont stupéfaits par les réponses que l’Education nationale apporte à leurs questions, ils nous demandent des conseils ”, se réjouit Arnaud Alziari. Grâce à ses juristes connaisseurs des arcanes de l’institution scolaire, VigiGender aide les parents d’élèves convaincus que l’enseignement donné à leurs enfants serait “ pollué par le genre ” à faire valoir leurs droits auprès du rectorat et de l’inspection d’académie. Lancé en janvier, le site, totalement anonyme, explique ce que seraient, selon lui, ces fameuses théories ; il met en garde contre leurs néfastes conséquences ” et invite à les traquer pour les combattre ”.

Quand le “ traqueur de genre ” ne se laisse pas “ genrer ”…

“ Agé de 27 ans et n’ayant pas d’enfant, précise le mag, Arnaud Alziari a participé aux Manifs pour tous mais revendique avoir créé “ une unité distincte. Je souhaite me détacher de leur agenda et de leurs enjeux politiques ”. Stratège, le jeune homme ne se laisse pas facilement étiqueter : “ Le genre, c’est Luc Chatel qui en 2011 l’a lancé à l’école, donc il est clair que nous ne sommes ni de gauche ni de droite ”. (…) D’ailleurs, martèle-t-il, VigiGender “ est radicalement opposé au retrait des enfants de l’école. On ne prend pas les élèves en otage ”. Cependant, observe “ Le Point ”, le succès de ce site Internet est alarmant, car il se nourrit de la méfiance des familles à l’endroit des contenus scolaires, ce qui ne saurait être une bonne nouvelle pour l’institution. celle-ci a si mal communiqué avec les parents sur ses ateliers de l’ABCD de l’égalité que tout est désormais à leurs yeux devenu suspect ”. Réussite totale, et à tous les niveaux, en résumé.

Pacs, avortement, union civile homosexuelle : la patronne de la Manif pour tous se dérobe drôlement

Et puisqu’on a évoqué la Manif pour tous, penchons-nous sur sa patronne, Ludovine de La Rochère, à qui “ Le Point ” consacre un portrait. Comme le créateur du site VigiGender, l’ancienne chargée de la communication de la Conférence des évêques ne se laisse pas facilement cerner. Elle a, nous dit l’hebdo, “ gardé (…) une façon bien à elle d’éconduire l’interlocuteur, de verrouiller, poliment, la conversation. (…) Le débat sur le Pacs ? “ Je ne me souviens pas de mes convictions de l’époque, mes enfants venaient de naître, je ne m’y suis pas intéressée ”. Sa position sur l’avortement, alors qu’elle travaille aujourd’hui pour la Fondation Lejeune, qui lui est clairement opposée ? “ Je ne suis pas une femme politique, je n’ai pas à vous répondre sur tous les sujets ”. Son avis, enfin, sur l’union civile homosexuelle, qui a fait imploser son duo avec Frigide Barjot ? “ Ce n’est pas la question aujourd’hui ” ”. Bien reçu, mon commandant.

Quand Ludovine de La Rochère avoue avoir usé d’un nom d’emprunt au sein de la Manif pour tous

“ Le Point ” nous le dit un peu plus loin : Ludovine de La Rochère “ admet, sans s’émouvoir, avoir usé les premiers temps d’un nom d’emprunt au sein de la Manif pour tous. “ Louise Dubreuil ”. “ En fait, j’avais dit Dutheil, des journalistes ont compris Dubreuil, et de toute façon ça a tenu trois jours ”. Quatre mois, d’après ses anciens acolytes. “ Je ne voulais pas tout mélanger ”, se justifie-t-elle. Mieux valait mettre de côté, du moins au départ, sa casquette de la Fondation Lejeune (opposée à l’avortement, ndlr)… Elle reconnaît aussi ce discret périple aux Etats-Unis, en novembre 2013, mené par le très conservateur Mgr Aillet, voyage dont étaient aussi le philosophe catholique Henri Hude, ancien directeur du collège Stanislas, et Antoine Renard, président des Associations familiales catholiques de France ”. Et c’était pour quoi faire, ce “ discret périple ” au pays de l’oncle Tom, hmmm ?

Petit voyage de recueillement aux States devant un centre d’avortement

“ La petite délégation, explique “ Le Point ”, rencontre sur place la National Organization for Marriage ainsi que les Knights of Colombus, les Chevaliers de Colomb, puissante organisation catholique de bienfaisance et… de mécénat. Lors de ce voyage à Washington, Mgr Aillet va se recueillir publiquement devant un centre d’avortement, auprès de militants américains qui se vantent d’avoir empêché 4 000 IVG depuis 1997. “ Il est important que nous nous tournions vers Dieu pour les empêcher de commettre ce crime ”, dit l’évêque français à l’adresse des femmes désireuses d’avorter. Trois mois plus tard, la Rochère tente de convaincre que ce combat-là n’est pas celui de la Manif pour tous. Que, si de nombreux membres de l’équipe dirigeante sont en effet de fervents militants provie — Tugdual Derville, Albéric Dumont —, antieuthanasie et antiavortement, ce n’est pas ce sujet qui les rassemble ”. C’est quoi, alors ?

“ Un homme et une femme, (ce n’est pas) exactement équivalent à un homme et un homme, à une femme et une femme ”

“ Pour que le mouvement ne s’épuise pas avec le vote (du mariage pour tous), rapporte le mag, c’est la défense d’une famille menacée pêle-mêle par le fisc, l’idéologie du genre, la GPA et la PMA pour les couples homosexuels qu’il faut selon elle brandir désormais. “ La défense des familles au pluriel, corrige-t-elle. Il n’est pas question de prôner un certain type de famille, mon frère est divorcé, tout le monde a autour de soi des familles recomposées, la seule question qui vaille, ce n’est pas le mode de vie, c’est cette indifférenciation de genre qu’on veut nous imposer. Comme si un homme et une femme, c’était exactement équivalent à un homme et un homme, à une femme et une femme… ” ” Et c’est équivalent à quoi ? A un cheval et trois lapins ? Quatre poules et deux chèvres ? ! ?

“ On va obliger la droite à se dévoiler. On va les faire ch… ”

Ah, ils vont s’amuser, à droite, pour la récupérer, la Ludovine… parce qu’ils vont bien devoir s’y coller, comme ne manque pas de le remarquer “ Le Point ”. “ C’est pour son propre camp, Ludovine de La Rochère le mesure parfaitement, indique le journal, que la Manif est à la fois une manne et un obstacle. “ La gauche a un vrai projet sur la famille, que nous combattons, mais au moins a-t-il le mérite d’exister, dit-elle. La droite n’en a pas. Le gros des rangs de la Manif, c’est vrai, vote UMP, et aimerait savoir clairement ce que défend ce parti sur ces questions-là ” ”. D’après le journal, le mouvement a été approché par François Fillon comme par Jean-François Copé “ qui a proposé à ses têtes de proue des places sur ses listes européennes. (…) D’ici à la fin du mois, bien que La Rochère assure qu’elle-même ne sera pas candidate, la direction décidera de présenter ou non des listes aux européennes en son propre nom. Et, avant les municipales, une charte va être envoyée à tous les candidats, avec possibilité de signer, de commenter ou de s’abstenir. “ On va obliger la droite à se dévoiler, dit-elle. On va les faire ch… ” 

Hollande “ stérile ”

Déjà que ça n’allait pas fort, sont pas sortis de l’auberge, à l’UMP… Cela va-t-il mieux du côté de la majorité ? Franchement, non. “ Certains parlent d’ankylose, d’autres d’atonie, écrit Ghislaine Ottenheimer dans “ Challenges ”. Certes, les derniers chiffres laissent entrevoir un léger rebond. Mais dans l’ensemble, tout est plat. La courbe du chômage, de la croissance, des investissements étrangers… Quelques politiques s’interrogent même ouvertement sur la notion de croissance. Mais d’autres pays, nos voisins, ont de vraies perspectives. Avec des prévisions de croissance qui dépassent les 2 %. Alors, pourquoi tant d’inertie ? L’Etat a vieilli, les structures sont obsolètes, le pays manque d’agilité. Surtout, on a le sentiment que la politique qui a été menée depuis dix-huit mois a été stérile. Elle n’a pas eu d’effets positifs ”. Et chbang, prends-toi ça, François !

Autour du président, la débandade

Un malheur n’arrivant jamais seul (ceci expliquant peut-être cela…), “ Le Nouvel Observateur ” nous informe qu’ “ au lieu de célébrer le “ pacte de responsabilité ”, qui constitue désormais l’alpha et l’oméga du nouveau hollandisme, voilà qu’on n’entend plus dans les médias que l’écho (des) doutes et (des) angoisses (des ministres et des responsables socialistes). Au lieu de simplifier la partie, ils la compliquent à loisir. Plutôt que de rassurer l’opinion, ils l’affolent par des propositions plus décoiffantes les unes que les autres. La mobilisation attendue vire à la débandade. Pas de confiance. Une solidarité en berne. Des sondages qui piquent encore du nez. Un gouvernement à bout de souffle et des députés à bout de nerfs. Et si, dans ce contexte déprimant à souhait, il fallait se résoudre à tout changer plus vite que prévu ? Et si, pour éviter le naufrage, il convenait d’offrir fissa à un pays sceptique, autant qu’un pacte dans les limbes, un pack resserré capable de lui rendre l’espoir, avant même que les municipales viennent sanctionner, dans les urnes, deux années d’une action plus brouillonne que stérile ? ” (Petite parenthèse : “ L’Obs ” emploie aussi le mot “ stérile ”, mais pas de la même façon que “ Challenges ”. Pour lui, il reste un peu d’espoir : la politique du gouvernement est “ brouillonne ” mais pas complètement “ stérile ”).

Contre la “ stérilité ”, un remaniement vite fait, avant les municipales ?

Mais qu’est-ce donc que “ Le Nouvel Obs ” essaie de nous faire comprendre avec cette histoire d’offre de “ pack resserré capable de rendre l’espoir ” au pays à la veille des municipales ? Comme vous êtes pas total tombés de la lune, on va vous faire gagner deux pages de développements divers et variés, sauter direct à la conclusion du papier et… aborder le fond de l’affaire : le remaniement du gouvernement, imminent, à ce qu’il paraît, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, comme vous l’avez deviné. “ La rumeur — ou l’espoir — d’un vaste remaniement qui redonnerait un peu de souffle au pouvoir socialiste, avant même le rendez-vous des municipales, ne s’est pas répandue pour rien, la semaine dernière, jusqu’au sommet de l’Etat, relate l’hebdo. Elle dit surtout une attente angoissée et un désir de clarification sans retour. Sur son agenda, Hollande a déjà pointé les rendez-vous qui l’attendent. Signature du pacte en mars, validation des trajectoires de croissance et de déficit à Bruxelles en avril, engagement de responsabilité devant le Parlement en mai ou juin afin de vérifier les contours réels de la majorité. A cela, il ne manque qu’un casting crédible dont on mesure désormais qu’il est la condition même du succès d’un mouvement lancé en janvier par un président aux abois et qui ne peut aboutir sans être incarné autrement que par lui seul ”.

Comment l’administration Obama a comblé le vide laissé par Valérie Trierweiler

Seul, très seul, notre président l’est, comme ne manque pas de le souligner “ L’Obs ” dans ses pages politiques… comme dans ses pages “ mode ” (hé oui, y’en a !), où l’on voit le chef de l’Etat, lors de sa visite officielle aux Etats-Unis, aux côtés de la chef du protocole américain, Nathalie Jones — très accorte, au demeurant, mais bon... “ Sur la photo, cela faisait moins vide, commente le journal. C’est l’un des nombreux aménagements improvisés par les services américains, quand ils ont su que Valérie Trierweiler ne ferait pas partie du voyage. Ca et l’annulation de la pause thé entre dames ”. Très people, “ L’Obs ”, pour le coup, dis donc… — un tantinet narquois, peut-être, aussi ?

Quand Michel Rocard retrace “ la longue marche du PS vers son identité sociale-démocrate ”

Mais revenons à plus sérieux. Dans ses pages, heureusement, “ L’Obs ” offre une tribune à Michel Rocard — oui, au BIG MICHEL en personne. Thème de l’article ? Zallez pas le croire… La “ longue marche ” du PS vers son “ identité sociale-démocrate ”. “ Il a fallu plus d’un siècle, nous appâte l’hebdo, pour que les socialistes français clarifient leur projet ”. Wouh, ben, ça, c’est que du bonbon. Michel, on a hâte d’avoir tes explications ! Tu nous en veux pas si, faute de place, de temps, on passe direct à 1981 et à ce que tu appelles “ la première avancée décisive ” dans le domaine ? “ La première avancée décisive se produisit en octobre 1981 au congrès de Valence, écris-tu donc, mais elle fut totalement occultée, les médias et les autres forces politiques ne s’intéressant qu’au fait qu’à Valence les socialistes avaient parlé de têtes à couper… L’empoignade eut lieu de nuit, en commission des résolutions : étions-nous toujours en train de vouloir faire une révolution ? L’évidence ne montrait-elle pas le contraire ? ” Ah, pour installer le suspense, tu sais installer le suspense, mon Michou…

Avec l’expression “ compromis social ”, “ l’appellation sociale-démocrate restait récusée, mais l’essentiel de ce qu’elle signifiait était validé ”

“ C’est l’un des traditionalistes, parmi nous, l’un des plus hostiles à la social-démocratie, Jean Poperen, qui formula la solution, indique Michel Rocard : bien davantage que par la révolution, c’est par le “ compromis social ” que l’histoire avance. Cette alliance de mots écartait la nécessité de la violence, abandonnait la perspective révolutionnaire, incorporait la négociation sociale, et rejetait l’idée que la transformation sociale dût être exclusivement de la responsabilité de l’Etat. Beaucoup était dit avec ces deux mots, sinon presque tout. L’appellation sociale-démocrate restait récusée, mais l’essentiel de ce qu’elle signifiait était validé. La commission retint l’expression à l’unanimité et le congrès vota sans faire attention, pas plus d’ailleurs qu’aucun commentateur ”. Un peu d’ironie ne fait pas de mal, hmmm, Michel ?

Comment le PS s’est habitué à oublier la lutte des classes

“ Une étape avait pourtant été franchie, appuie Michel Rocard. Non seulement le PS ne revint jamais en arrière, mais il s’habitua, de congrès en congrès, à oublier la lutte des classes, le front de classe, les nationalisations et même les formes les plus affirmées de l’économie administrée. Les mots d’“ économie de marché ” et de “ social-démocratie ” faisaient toujours peur. Mais nos congrès traitaient de régulation cependant que le Parti intensifiait ses liens avec ses partenaires européens, qu’il retrouvait sans aucune difficulté de doctrine dans un commun groupe parlementaire “ socialiste ” au Parlement européen ”. Et chplaaaaf ! Prends-toi le big pavé dans la mare, avale, digère : cette fois, c’est dit — et bien dit. Pas par n’importe qui : par Michel Rocard qui sait a priori de quoi il parle, et qu’on ne peut guère suspecter de rouler pour le clan des ambigus, des tendancieux, encore moins des “ borderlines ”…

En 2008, le Parti ne se définit pas comme social-démocrate, mais tout le reste est dit… dans la plus parfaite indifférence

“ La période qui suivit ne fut guère glorieuse, enchaîne l’ancien Premier ministre “ sacrifié ” par Mitterrand. Au lieu de s’attacher à la clarification nécessaire, les dirigeants principaux du Parti s’engagèrent dans un long combat pour la candidature à la présidence à la République. (…) Une coalition de quelques secrétaires nationaux (…) entreprit de réécrire une déclaration de principes du Parti. Il y en avait eu quatre en moins d’un siècle : 1905, 1946, 1969 et 1990. On y suivait le déclin de l’espérance révolutionnaire, la volonté anémiée de collectiviser les moyens de production et d’échange, et le flou croissant des concepts. Jamais il n’y était question d’économie de marché. La cinquième, votée discrètement en 2008, est de loin la plus cohérente. Le Parti reste socialiste et ne se définit pas comme social-démocrate, mais tout le reste est dit. Nous sommes des réformistes et visons à stabiliser et améliorer socialement l’économie de marché. Le journal “ Le Monde ” publia ce texte sur une page entière. Personne n’en parla. Quelques minoritaires exprimèrent une colère. Puis rien… 

“ Hollande a mis fin à la tragédie identitaire du PS ”, dixit Rocard

“ Le socialisme français était ainsi devenu pragmatique, sans vision ni principes. Il restait inhibé par les mots, continue Rocard. Son propre nom, socialisme, se raréfia. Les termes d’ “ économie de marché ” ou de “ social-démocratie ” restaient déconseillés. On n’osait même plus nommer le capitalisme de peur sans doute de susciter une réaction négative, puisqu’on était dedans et qu’on le gérait, sans arriver pourtant à le corriger aussi bien que les Suédois. Dans ce contexte intellectuel et sémantique, le président socialiste François Hollande se trouva soudain empêtré dans un imbroglio privé et public, au point que la presse lui demanda de dire enfin qui il était. Alors, sous les feux les plus lumineux de l’actualité, d’un seul mot, il leva enfin le séculaire malentendu : “ Je suis social-démocrate ”… Ainsi prit fin la tragédie identitaire du Parti socialiste de France ”.

Alerte : le “ gaucho-lepénisme ” nous guette !

Le PS est-il pour autant sauvé ? Hou, que non ! C’est bien beau de “ lever le séculaire malentendu ” entretenu, de congrès en élections, par le premier parti de gauche, encore faut-il en tirer les leçons et… engager les réformes qui s’imposent pour remettre “ le Parti ” d’applomb… et dans ses rails. Dans son livre “ La France au Front. Essai sur l’avenir du FN ” (Fayard), dont “ Challenges ” publie des extraits, Pascal Perrineau tire la sonnette d’alarme. “ Dans la perspective des élections européennes de mai 2014, écrit le directeur du Cevipof, 11 % des personnes ayant voté François Hollande en 2012 annoncent leur intention de voter pour des listes du Front national. C’est aussi le cas de 14 % des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2012. Le contingent de nouveaux électeurs apportés au Front national par la gauche devient presque équivalent à celui fourni par la droite. On voit bien que ce “ gaucho-lepénisme ” qui semble monter en puissance pourrait entraîner, s’il se développait encore davantage, de profondes recompositions politiques ”. Pas forcément réjouissantes, il va sans dire… A bon entendeur, salut ! Sur ce, bonne semaine, les biquets ! Ah, et puis, petite note, au cazou : histoire de pas nous ankyloser et de ne pas nous laisser confire dans nos certitudes, on revient vendredi avec une spéciale “ revue des revues ” qui font et posent le débat. Promis, ce sera intello, mais pas trop… surtout remuant ! Parce qu’on aime bien ça, se remuer… et vous remuer, hé, hé, hé. Si vous avez surtout envie de cocooner, rendez-vous samedi, pour la session chamallow astringente et coquine de la revue de presse people, hmmm ?

A lire, encore

On bout, on bout de ne pas avoir eu le temps de vous en parler : si vous avez le temps, please, lisez le dossier “ Faut-il brûler Taddeï ? ” des “ Inrockuptibles ”. D’Edgar Morin à… Alain Finkielkraut (bé oui), la réponse est (évidemment) non. Mais elle est intelligemment argumentée. Et c’est ça qui est bien.

Pour le fun… toujours dans “ Les Inrocks ”, jetez un œil au “ Billet dur ” que Christophe Conte dédie à Claude Sérillon, nouvellement promu “ responsable de la stratégie Internet ” de l’Elysée et… mettez-le en balance avec le papier que “ Challenges ” consacre à son plus ou moins remplaçant, on a nommé Aquilino Morelle, nommé “ responsable des relations avec la presse nationale et de la communication ”, au Palais, toujours. La lecture du tout produit un effet bœuf — désopilant-grinçant, pour commencer, et, pour finir, carrément pathétique.

Vous vous faites encore une haute idée de l’Académie française, de la noblesse de sa mission et de son fonctionnement ? Lisez un peu pour voir l’interview que Daniel Garcia, auteur de “ Coupole et dépendances. Enquête sur l’Académie française ” (Editions du Moment) donne au “ Nouvel Observateur ”… Zallez vite tomber de votre siège — parce que côté patrimoine et gestion de capital, c’est apparemment assez olé-olé à “ l’Institut ”… Tellement olé-olé que les Immortels, piqués d’être aussi outrageusement exposés, ont décidé de poursuivre l’auteur de ladite enquête en justice… Pour défendre leurs acquis, on dirait que les Académiciens sont encore très verts…

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Jean-François Copé, UMP, François Fillon, PS, Michel Rocard, Arte, remaniement, avortement, FN, Editions Fayard, gpa, François Hollande, Valérie Trierweiler, Edgar Morin, Académie Française, Luc Chatel, Frigide Barjot, Frédéric Taddéï, famille, Alain Finkielkraut, PACS, Jean-Louis Bianco, théorie du genre, Civitas, lutte des classes, Ghislaine Ottenheimer, Bruno Mégret, social-démocratie, municipales 2014, Aquilino Morelle, mariage pour tous, Editions du Moment, PMA, Manif pour tous, claude serillon, Tugdual Derville, Cevipof, ABCD de l'égalité, Ludovine de la Rochère, européennes 2014, Tous à poil, gaucho-lepénisme, Michel Abescat, Tomboy, Mgr Aillet, Le Rouergue, Fondation Lejeune, Daniel Garcia, Christophe Conte, Pascal Perrineau, Nathalie Jones, Albéric Dumont, Emmanuelle Beulque, Antoine Renard, Sarbacane, Henri Hude, Arnaud Alziari

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