Etat junkie : quand le gouvernement fait semblant de croire qu'il pourrait se passer de la hausse féroce des impôts<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement ne peut pas se passer de la hausse des impôts.
Le gouvernement ne peut pas se passer de la hausse des impôts.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Jean-Marc Ayrault a dévoilé ce mercredi 11 septembre 15 miraculeux milliards d'économies pour le budget 2014, alors que seule l'augmentation des impôts parvient encore à maintenir l'Etat à flot.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1- Vraisemblables faux semblants

Crise en Syrie : Moscou fait semblant d'être neutre ; Damas fait semblant d'accepter que des inspecteurs de l'ONU contrôlent son stock d'armes chimiques ; Paris et Washington font semblant d'y croire ; les gazés ne font pas semblant d'être morts.

Retraites en France : le gouvernement fait semblant de les réformer ; les syndicats font semblant de faire grève ; Bruxelles fait semblant de protester ; les caisses d’assurance vieillesse ne feront pas semblant d’être en faillite.

2 - Le pédalo cuirassé

Notre chef (de guerre) a ouvert un nouveau théâtre de conflit dans son combat syrien : il reproche au Figaro d'avoir publié un entretien avec Bachar el-Assad. Imagine-t-on le tollé qu'aurait provoqué aux Etats-unis une déclaration de Bush ou d'Obama hostile à la presse quand, respectivement et à plusieurs reprises, furent interviewés Saddam Hussein et Kadhafi ? De même, a-t-on jamais entendu Sarkozy murmurer contre les médias qui allaient à Tripoli interroger feu le guide suprême au moment où les hostilités avec la France étaient déjà engagées ? On se souvient pourtant avec délectation d'un pathétique entretien avec Kadhafi sur France 24, chaîne publique qui plus est (voir ci-dessous).

Voilà où conduit la mauvaise habitude d'avoir surtout affaire à une presse "sosu" (socialisante et subventionnée).

3 - Dépenses publiques : "Dura chiffres sed chiffres"

Malgré toutes les proclamations et astuces de présentation, la croissance inexorable des dépenses publiques a repris de plus belle sous le règne fumigateur de notre président.

Un chiffre est tombé la semaine dernière dans une indifférence médiatique que le gouvernement s'est bien gardé de contrarier : les recrutements de fonctionnaires ont repris allègrement. Selon les statistiques fournies par le ministère de la fonction publique, 36 575 nouveaux agents ont intégré l'administration au 1er semestre 2013 contre 34 054 pour toute l'année 2012 !  En cause : l'éducation nationale naturellement, mais aussi les finances. Est-ce la contrepartie de davantage de départs, notamment à la retraite ? Non, ces derniers ont au contraire tendance à diminuer en nombre. Dans ces conditions, la masse salariale ne pourra que croître.

Comme, parallèlement, les taux d'intérêt du financement de la dette augmentent de nouveau, voilà déjà les deux plus gros postes de dépenses soumis à une pression haussière.

Avant même que ces facteurs n'entrent en action du reste, les dépenses budgétaires à la fin du premier semestre 2013 s'établissaient à 235,5 milliards d'euros, contre 226 milliards à la même date en 2012.

Le seul élément qui vienne en réalité limiter la dégradation (très relative) des comptes publics est la forte hausse de la fiscalité, via notamment les rentrées d'impôt sur le revenu (+23,8%) et d'impôt sur les sociétés (+18,7%). La politique budgétaire "hollandaise" confirme donc, contrairement à ses proclamations, son choix de l'augmentation des dépenses. Seule une croissance féroce des impôts parvient encore à enrayer la montée du déficit, sachant que le reflux des taux d’intérêt est désormais derrière nous.

Qu'à cela ne tienne ! Ayrault annonce ce 11 septembre 15 miraculeux milliards d'économies pour 2014. Un horizon aussi fuyant que celui de l'inversion tant annoncée de la courbe du chômage ... L'an dernier déjà, le gouvernement parlait de réductions des dépenses, on a vu le résultat ! Si l'on prend la peine de vérifier de quelles baisses il pourrait s'agir, on retombe toujours sur les mêmes subterfuges. D'abord, tout est flou. La seule précision donnée est que 9 milliards concerneraient les budgets de l'Etat et des collectivités locales et 6 celui de la protection sociale. Comme les villes, départements et régions échappent aux ordres de l'Etat, leur part dans cet effort est évidemment théorique. Quant aux budgets sociaux, ils sont loin d'être entièrement soumis aux oukases gouvernementales. Par ailleurs, nos fins gestionnaires ont la mauvaise habitude de considérer que les économies sont des dépenses qui auraient été faites si le rythme de hausse s'était poursuivi sur la même lancée. Il ne s'agit pas de baisse nette et globale des budgets.

Faisant mine de croire à la reprise et pour calmer l'opinion atteinte de ras-le-bol fiscal, le gouvernement prétend aussi qu'il pourra renoncer à plusieurs milliards d'impôts nouveaux. Il parle notamment de rétablir l'indexation du barème de l'IR ou d'augmenter la prime pour l'emploi. Hélas, le temps que ce contre-ordre arrive, des annonces contradictoires ont été faites : on rabotera les déductions dont bénéficient les parents d'étudiants. Connaissez-vous l'histoire du joueur de bonneteau qui, manipulant trop vite ses cartes, ne sait plus à la fin où il les a placées ? Le pantin est désarticulé.

Par-delà ce désordre et cette démagogie, la question importante est désormais la suivante : cette incapacité confirmée à enrayer l'inflation des dépenses publiques, vérifiée aussi en grande partie sous la droite - soyons honnête - ne vient-elle pas du fait que la France a atteint un point de non-retour ? Dès lors que nettement plus de la moitié des richesses produites sont, soit accaparées par le secteur public, qui les redistribue dans une logique clientéliste, soit correspondent à des revenus fictifs nés de l'endettement, le système politique ne peut plus prendre de décisions qui aillent dans le sens de sa propre rétractation. Il y a toujours une majorité potentielle pour refuser les vraies mesures d'économies, comme la réforme en trompe l'oeil des retraites présentée par Ayrault l'a récemment montré. Ce seuil de 50 % franchi, le scrutin majoritaire, loin de favoriser les décisions courageuses, aurait plutôt tendance à les repousser. Voilà une belle raison théorique et pratique pour, le jour venu, interdire à l'Etat tout déficit de fonctionnement.

4 - Choc de complexification

A l'heure où il est question de simplification, je reçois un courrier envoyé à tous les élus parisiens leur expliquant que, même s'ils ne sont pas rétribués pour leurs mandats et même s'ils sont affiliés à un autre titre, ils vont devoir remplir des formulaires pour s’inscrire au régime général. C'est l’article 18 de la loi n° 2012-1404 du 17 décembre 2012 qui l'a voulu, dûment complété en ce sens par le décret du 26 avril 2013 et la circulaire DGCL/DSS du 14 mai 2013. Attention ! Ces élus doivent entreprendre dans les meilleurs délais ces formalités afin de pouvoir bénéficier de ces prestations inexistantes ...

Autre cas de simplification manifeste : comme pronostiqué dans un Pot-aux-Roses du début d'été, le gouvernement, dépassé par la mise en place chaotique et bureaucratique de sa nouvelle "écotaxe poids lourds", a dû repousser son entrée en vigueur de plusieurs mois. Ce n'est pas la première fois. Enfin ... cela évite pour le moment les opérations "escargot".

5 - Insondable popularité

Le sang pourra bien teinter de rouge le pastis marseillais, les statistiques de la délinquance pourront bien être mauvaises, prouvant notamment au passage que, depuis un an, le gouvernement a baissé la garde dans la répression de l'immigration clandestine, mais l'essentiel est sauf : Manuel de Beauvau-La Com' reste haut dans les sondages.

Le peuple aime qu'on lui mente avec fermeté. C'est ce que n'a pas encore compris Mou-président, un poil trop hésitant quand il enfume les Français. Une petite apparition en treillis à la télévision ferait-elle l'affaire ?

A lire du même auteur :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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