Comment se soigner autrement, et éviter les aliments pollués dans nos assiettes, avant d'être sauvé par le génie français

"Alerte dans nos assiettes" pleines d'aliments pollués, "Comment se soigner autrement" : L'Express et le Nouvel Observateur se soucient de notre santé, tandis que le Point exalte le génie français. Dommage, ce dernier hebdo n'a choisi que des défunts pour sa couverture, mis à part le vénérable Paul Bocuse (87 ans).

"Pourquoi il ne faut jamais désespérer de la France" tente d'expliquer Le Point avec une brochette de célèbre défunts du couturier Saint Laurent à Coco Chanel en passant par Marcel Dassault et Louis Pasteur. Cela sent un peu la naphtaline dans ce dossier d'une vingtaine de pages... On aurait plutôt aimé découvrir les innovateurs de la France d'aujourd'hui et ceux qui sont prometteurs d'un (éventuel) lendemain qui chante. Tant pis, cela fera un cahier de révision pour les ados en vacances avec des bios résumées de grandes figures gauloises.

Le Woodstock de la littérature

En présentant la rentrée littéraire, Franz-Olivier Giesbert n'évite pas le même écueil : trois pages sur Jean d'Ormesson en regrettant... que l'on ne lui rende pas assez grâce. J'ai pourtant l'impression qu'il est partout cet écrivain de 87 ans et depuis toujours omniprésent dans les médias. Dans l'emphase cocorico, découvrez aussi le sympathique festival la Forêt des Livres qui se déroule dans le village de Chanceaux-près-Loches, était-ce nécessaire, pour autant, que le Point n'hésite pas à le qualifier de "Woodstock de la littérature" dans un articulet de 15 lignes... heu...

Le seul qui soit modeste (faussement ?) dans ce numéro du Point, c'est Laurent Wauquiez, à propos du sarkozysme, dont il fut un des éléments. "Ne faisons pas semblant d'avoir tout réussi" lance l'ancien ministre, et actuel député de Savoie, dans une interview de quatre pages. Un chiffre paradoxal à retenir, si les prisons débordent avec 11 244 détenus en trop par rapport à leur capacité maximum. ceci alors que selon l'Observatoire des prisons, il resterait plus de 2 000 places libres dans les prisons. Problème il y a d'un côté les centres de détention pour longues peines, et les maisons d'arrêt pour moins de deux ans, on ne peut donc mettre n'importe qui, n'importe où.

Pour conclure une question : que viennent faire neuf pages d'articles (j'ai failli dire de promo) saluant le renouveau de la principauté de Monaco, ses belles réalisations et son... nouvel hôpital "ultramoderne" qui ouvrira en 2026 si tout se passe bien. Il n'est même pas commencé...

Danger dans l'assiette

"Viande, mais aussi poissons, fruits et légumes... les aliments importés sont source de nouveaux risques sanitaires. D'autant plus difficiles à combattre que les contrôles sont insuffisants. Et que rien ne semble arrêter les fraudeurs. Quand ils ne jouent pas carrément les faussaires !" L'Express nous invite à la prudence quand nous faisons nos courses, exemple à l'appui sur 16 pages : "Attraper une hépatite A en mangeant des fraises ? C'est la cruelle mésaventure survenue ces derniers mois à des centaines d'Européens et d'Américains. Leur tort : avoir acheté des fruits rouges surgelés provenant d'Amérique du Sud et de Chine".

Et il n'y a pas que les virus "la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) révèle qu'elle a trouvé de l'arsenic organique dans six échantillons de riz sur les sept qu'elle avait analysés. Cette substance cancérigène a déjà été détectée aux Etats-Unis dans du jus de pomme ". Pour éviter de se limiter un constat décourageant l'hebdo assène un dernier chiffre avant d'ouvrir quelques pistes pour limiter les dégâts : "1 cancer sur 3 pourrait être évité si l'on veillait davantage au contenu de notre assiette. Mais quelles précautions prendre ? Voici ce que préconisent des scientifiques à la pointe du combat contre les nouvelles menaces alimentaires".

Médecines douces

"Médecines douces, ce qui marche vraiment" avec le titre de son dossier de douze pages pourrait surprendre le corps médical, mais le début de l'article est plus prudent : "Selon l'OMS, 4 Français sur 10 ont régulièrement recours aux médecines dites non conventionnelles”. A l'heure du Mediator et autres scandales, elles connaissent un engouement croissant. Mais faut-il faire confiance à ces pratiques dont les bases scientifiques sont souvent incertaines ? Dans quel cas les utiliser ? L'Obs a mené l'enquête. Vous avez dit "médecines douces" ? Ce ne sont pas des médecines, et elles ne sont pas douces, assène l'Académie nationale de Médecine.

On est quand même étonné de lire que  “L'Obs a passé en revue onze médecines naturelles. Pour vous aider à trouver celle qui vous convient" et qu'il écrit à propos de l'aromathérapie "avec une quinzaine d'huiles essentielles, on peut soigner la plupart des petits et certains gros bobos". Et s'il fallait n'en retenir qu'une ? "La lavande, répond Danièle Festy, à cause de son caractère polyvalent. Elle est en effet analgésique, antiseptique, cicatrisante, mais aussi antidépressive, antispasmodique, calmante, à la fois tonicardiaque et hypotensive." C'est peut-être un peu beaucoup.

Clim : le système parisien de refroidissement collectif

Sujet original du Nouvel Obs, avec une carte du globe montrant ces "18 000 kilomètres de barrières entre les hommes" sur cinq pages, évocation de ces murs, de ces clôtures entre Israël et l'Egypte ou les Palestiniens par exemple, où les USA et le Mexique. Bonne nouvelle sur deux pages, "plus économe et moins polluant que les installations individuelles, le système parisien de refroidissement collectif fait figure de modèle, partout dans le monde Climespace (200 millions d'euros de chiffre d'affaires), filiale de GDF Suez, exploite sept centrales dans la capitale, dissimulées dans les sous-sols (...) Grâce à 140 kilomètres de tuyaux cachés sous les trottoirs et dans les murs, elles refroidissent 5 millions de mètres carrés".

Pour le Nouvel Obs, l'homme de la semaine c'est Jeff Bezos, le sulfureux fondateur d'Amazon qui s'embourgeoise, en achetant, à titre personnel, le très réputé quotidien Washington Post et ses 640 journalistes pour 250 millions de dollars, soit une bouchée de pain. Tout le monde ne salue pas l'artiste du Web 2.0 basé sur la côte Ouest : "Un coup d'Etat culturel ! s'exclame Ken Doctor, un consultant californien spécialiste de la presse. Vous allez au cœur du pouvoir, dont l'une des clés est le Washington Post, et du jour au lendemain vous faites main basse dessus". Ken, comme des milliers de journalistes médusés, a compris l'énorme signification, symbolique et réelle, de ce passage de relais : "Bezos est un entrepreneur de la côte Ouest. Culturellement, cela a une importance pour le pays : il vient d'une planète numérique allant de la Silicon Valley à Seattle, une génération d'incorrigibles optimistes pour qui les choses iraient pour le mieux si les pouvoirs publics ne se mettaient pas en travers de leur chemin".

Pour finir un mot sur ce pas génial titre de l'article de l'Express signé par notre consœur Elise Karlin "la belle et le ministre" avec une grande photo de Pierre Moscovici (56 ans), et de sa compagne (25 ans) car belle ou pas, elle est surtout chercheuse en philosophie. Et le commentaire de l'Express ne brille pas par sa finesse :  "Elle fait de l'éternel solitaire au sourire poli le compagnon amoureux et apaisé d'un couple d'une rassurante banalité".