L'Etat, rempart contre la mondialisation ? La France en pleine reconstruction de la ligne Maginot...<!-- --> | Atlantico.fr
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La France refait la ligne Maginot en croyant que l’Etat est un rempart contre la mondialisation.
La France refait la ligne Maginot en croyant que l’Etat est un rempart contre la mondialisation.
©Reuters

Revue d'analyses (financières)

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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L’écart entre la France et l’Allemagne se creuse. Comme le dit Xavier Fontanet, ancien patron d’Essilor, dans une interview au Nouvel Économiste : les Allemands attendent de Paris un discours de « reengineering » de sa sphère publique. La France va-t-elle faire oui on non le boulot ?, ajoute-t-il.  « Nos dirigeants politiques font la même erreur que leurs prédécesseurs à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. On refait la ligne Maginot en croyant que l’Etat est un rempart contre la mondialisation et qu’il doit protéger les citoyens…» Devenu professeur affilié à HEC, il enseigne que l’Etat doit être agile, incitatif, fasse confiance à la sphère privée et surtout s’occupe de ses propres coûts.

La fonction publique est dans l’épreuve de vérité. Il ne suffisait pas d’attaquer la politique de révision générale des politiques publiques (RGPP), qui a été remplacée par la même chose, pour s’attirer les bonnes grâces des fonctionnaires et de leurs représentants. Le Pôle emploi n’a toujours pas les moyens à la hauteur de la progression du chômage.

Sur le marché de la mondialisation, l’essentiel est d’avoir le plus d’entreprises intégrées dans les chaines de valeurs mondiales. L’important n’est pas tant de compiler les statistiques douanières, mais de calculer la valeur ajoutée produite par des sociétés sous contrôle français.  Pour Pascal Lamy, patron de l’OMC,  il n’est pas sûr qu’une Renault Clio produite à Flins comporte plus de valeur ajoutée française que le même véhicule assemblé en Turquie. Ce sont des notions qui ne semblent pas bien avoir été assimilée tant au Ministère du Redressement Productif qu’au Ministère du Commerce extérieur.

L’overdose de rigueur serait le pendant de l’overdose fiscale

L’impact des mesures d’ajustement budgétaire mises en place en Europe a fait l’objet d’un mea culpa de la part du FMI. Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, vient de réévaluer de 0,5 à 1,7 la valeur du multiplicateur qui mesure l’impact des variations budgétaires sur la croissance économique. Cela signifie qu’une diminution de 100 des dépenses publiques entraîne un recul de 170 des dépenses publiques et donc de 85 des recettes fiscales en retenant un taux de prélèvement de 50%.  Il faut toutefois constater que tous les pays qui ont eu le courage de prendre des décisions difficiles, comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne, ont enregistré bien évidemment une diminution de leur coût salarial unitaire, ce qui leur a permis de regagner de la compétitivité et surtout une reprise de leurs exportations. La France qui n’a pris jusqu’à maintenant aucune mesure courageuse, ne connaît aucune amélioration de son excédent commercial.

L’Italie sera un test important pour l’Europe à la fin du mois selon le résultat des élections. Malgré les mesures de Mario Monti, le pays qui avait jusqu'à maintenant su conserver une industrie de grande taille et exportatrice se contracte maintenant. Pour Patrick Artus, responsable de la recherche économique chez Natixis, le prochain gouvernement italien sera confronté à trois défis : 1/ rétablir la compétitivité-coût, 2/ faire progresser à nouveau la productivité, 3/ faire baisser les coûts de financement de l’économie.

Il faut se préparer à la remontée des taux d’intérêts, telle était déjà l’opinion de Denis Kessler, le président de la SCOR, il y a quelques mois. C’est devenu une préoccupation pour Michael Hasenstab, le gérant obligations internationales de Franklin Templeton. Il a la responsabilité de 175 milliards de dollars. Il ne croit pas que le niveau actuel des taux américains soit cohérent avec l’état de l’économie américaine.

La fin de la mondialisation est peut-être en route

Nous sommes dans une expérience monétairequi n’a pas de précédent dans l’histoire économique et monétaire a dit Charles Gave, président de L’Institut des Libertés, sur BFM. Comme les banques centrales manipulent les taux courts, les taux longs et les taux de change, il n’y a plus de prix de marché qui permettent aux acteurs de la vie économique de procéder à des allocations d’actifs cohérentes…

C’est peut être la fin de la mondialisationoù chacun va reprendre le contrôle de sa monnaie dans une guerre des changes généralisée entre le dollar, l’euro et le yen, auxquels il faut rajouter le renminbi que la Chine souhaite internationaliser. D’ailleurs, une analyse objective du « miracle industriel allemand » depuis dix ans montre qu’il provient en partie de la hausse du yen.

Secteurs : pharmacie et raffinage

La pharmacie est un secteur intéressant pour se protéger contre les conséquences d’une baisse du yen qui fragiliserait un peu plus l’industrie européenne. Steve Vanelli, gérant de GaveKal Knowledge Leaders, croit beaucoup à la pharmacie. Il fait remarquer que depuis dix ans, l’intensité capitalistique a baissé et que les tombées de brevets de médicaments ont ralenti. Parallèlement, les marges se sont améliorées et les rendements sont encore particulièrement attractifs. Dans son portefeuille, la pharmacie est surpondérée à hauteur de 37,3%.  Il possède surtout des valeurs américaines. De son côté, Sean Darby, stratégiste de Jefferies, croit surtout aux valeurs suisses. Il recommande l’achat de Novartis, Roche Holding mais aussi de valeurs plus petites comme Actelion (traitement des maladies cardiaques), Addex Therapeutics (modulateur allostérique) et Cosmo Pharmaceutical (maladies intestinales).

Les marges bénéficiaires du secteur du raffinage ont bien évidemment un lien avec le coût d’approvisionnement en pétrole ou en gaz. Aux Etats-Unis, c’est la fête, car les prix très attractifs du pétrole et du gaz incitent beaucoup d’industries à investir aux Etats-Unis, situation dont ne peut profiter Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui se débat toujours avec Petroplus ! 

Un des  moyens pour s’intéresser à la réindustrialisation de l’Amérique consiste pour le magazine Barron’s à s’intéresser à des sociétés comme Southwestern Energy, (exploration de gaz), LyondellBasell (chimie), CF Industries (engrais), Williams (infrastructures énergétiques).

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