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Hollande : fini les bêtises ? Les refondateurs de l’UMP et le "fantôme de l’Elysée", le "plan drague" de NKM à Patrick Buisson...
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Revue de presse des hebdos

Bon, on va pas vous la faire, c’est plus de saison. Cette semaine, c’est le grand retour de boomerang, le triste retour à la réalité — aux chiffres, oui !, du budget et de l’économie. Atterrants, à pleurer. François sera-t-il à la hauteur ? L’analyse, ci-dessous… Mais y’a aussi plus crunchy, comme "l’affaire" NKM/Patrick Buisson/Copé… Attention, ça sent la vengeance à plein nez, et à double, triple détente, qui plus est…

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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“Atterrissage” pour “Le Point”, “Retour sur terre” pour “Challenges”… En cette semaine post-sommet européen, post-rapport de la Cour des comptes — et post-discours de Jean-Marc Ayrault, il y a comme qui dirait consensus autour de l’idée que cette fois, ayé, le gouvernement ne peut plus nous la jouer : la rigueur, qu’il l’appelle par son nom ou pas, on y a droit ! “ Une politique de rigueur trop appuyée tuerait les faibles espoirs de croissance. C’était le discours de campagne !, écrit Thomas Durand dans “ Les Inrocks ”. Nous avions à faire avec un flou qui ne laissait paraître que les atours gracieux de la politique à venir. La Cour des comptes a rendu son rapport sur l’état des finances du pays. Aucune surprise, la situation est grave ! On le savait, ils le savaient ! Ils auraient tout simplement dû le dire plus clairement avant le scrutin… Pour faire simple, le discours clair de politique générale de Jean-Marc Ayrault à l’Assemblée nationale aurait dû être celui du candidat Hollande pendant la campagne ”. Et paf, tiens, prends ça !

Hollande : des “ bêtises ” au bêtisier

“C’est fini, les bêtises ?”, gourmande en une Le Point, sourire en coin. Pour illustrer son titre, le magazine affiche en couverture un François Hollande un brin échevelé se rattrapant au bastingage d’un bateau. "On avait eu la couv … Oh, j’avais oublié de vous dire…” avec un Hollande bras ouverts/bras ballants, la couv “Fini de rire” sur laquelle le président regardait l’heure, montre à l’envers — ils s’éclatent, on dirait, au service maquette du “ Point ” en ce moment… Y’a pas de petits plaisirs, hmmm ? Pour ceux que ça intéresse, le journal publie un article “ Ils se sont tant détestés ” sur les dissensions et les inimitiés passées entre les membres du gouvernement, mais aussi une “ enquête sur les (50) postes-clés où le pouvoir veut placer les siens ”. Après tout, ça va, ça vient, c’est le jeu, hein ?

Hollande, clown habile

Mais revenons au dossier de couverture du “ Point ”. “ Ce qu’il y a de bien, avec François Hollande, note Franz-Olivier Giesbert dans son édito, c’est que, quand il fait des bêtises, au moins il le sait. Son intelligence ne peut pas être prise en défaut. Son habileté non plus. Donc, il navigue avec un art consommé de la godille et de la manœuvre, qui n’est pas sans rappeler celui de Mitterrand. Après son élection, il a tenu d’emblée ses promesses de campagne, comme ce retour partiel à la retraite à 60 ans que les Allemands ont aussitôt été sommés de financer, eux qui reculent la leur à 67 ans. (…) Au dernier sommet européen, François Hollande a bien joué en se posant subliminalement en arbitre. L’accord a satisfait tout le monde, y compris l’Allemagne, contrairement à ce qu’ont prétendu les médias de la bien-pensance officielle, mais bon, la preuve a été faite que le nouveau président n’est pas manchot sur le plan international. (…) Il lui reste maintenant à réviser sa stratégie économique et fiscale. (…) Qu’on appelle ça redressement, rigueur, austérité ou assainissement, il n’y a plus, hélas, d’autre politique possible si la France veut rester une puissance moyenne ”. Vous noterez au passage l’emploi de l’expression “ puissance moyenne ” qui situe tout de suite le niveau où nous nous trouvons.

Pourquoi le mot rigueur est tabou à gauche

Pourquoi le gouvernement a-t-il tellement mal à parler de “ la rigueur ” ? Dans son dossier de couverture, “ Retour sur terre ”, où le magazine détaille “ Ce qui se fera, ce qui ne se fera pas ” en matière d’impôts et de dépenses, “ Challenges ” interroge le ministre de l’Economie et des finances sur le sujet. “ Pourquoi le mot rigueur est-il tabou à gauche ? ”, demande-t-il. —“ Pour moi, répond Pierre Moscovici, le mot proscrit est l’austérité. C’est ce qui pénalise les couches populaires et moyennes et bride la consommation. En soi, le mot rigueur n’est pas choquant, mais il est historiquement connoté. (…) Dans l’histoire de la gauche, ce mot est associé à un cycle historique, celui des grandes promesses, suivi d’une pause puis d’un tournant. Ce qui a donné le sentiment que la gauche s’était reniée. C’est cela que nous avons voulu conjurer dans la campagne ”. Ok, dockey… si tu le dis.

“ Pour François Hollande, l’atterrissage, c’est maintenant ”

Connoté ou pas, le terme reste on ne peut plus approprié. Et à en croire Nicolas Baverez dans “ Le Point ”, il est plus que temps de “ l’assumer ” : “ Pour François Hollande, qui doit désormais réconcilier ses engagements européens et sa politique économique, l’atterrissage, c’est maintenant. Avec le traité budgétaire, il a accepté l’instauration d’une règle d’or et le retour à l’équilibre des finances publiques au cours de son mandat. Or cela est incompatible avec son programme. Sur le plan budgétaire, la rigueur devra être assumée d’emblée, comme le souligne l’audit de la Cour des comptes, qui évalue à 10 milliards d’euros en 2012 et 33 milliards en 2013 l’effort à réaliser pour respecter l’objectif d’un déficit public de 3 % du PIB l’an prochain. L’ajustement devra porter principalement sur la baisse des dépenses, car la mise en œuvre des hausses d’impôts projetées (7,5 milliards d’euros en 2012 et 19 milliards en 2013) transformerait la stagnation en violente récession ”. Aïe, merdouille, ça colle pas du tout, du tout, ça, en effet.

Economie : la France derrière l’Espagne et l’Italie

Et ce n’est pas fini : après le budget, il y a… l’économie. “ Un des ministres les plus importants du gouvernement ” l’a confié au “ Point ” : “ Ce qui est le plus pénible, ce n’est pas le budget, c’est la chute abyssale de l’appareil productif ”. Ah oui ? “ Un chiffre, explique le mag, résume l’ampleur de la catastrophe : l’an dernier, le déficit commercial de la France a effectué son plus gros plongeon historique, à 70 milliards d’euros. La France, compte tenu de sa surface économique, fait bien pire que les deux autres grands pays du Sud membres de la zone euro, l’Italie (moins 25 milliards) et l’Espagne (moins 47 milliards). Ne parlons même pas de l’Allemagne et de son énorme excédent (157 milliards). Au cours des dix dernières années, la France a perdu 800 000 emplois industriels. Ses parts de marché n’ont cessé de diminuer. (…) Selon l’Insee, la rentabilité des entreprises de l’Hexagone est au plus bas depuis vingt ans. La vérité, c’est que la France n’a pas réussi à trouver sa place au sein de la zone euro ”. Carrément ! Et l’a combien de temps, François, déjà, pour redresser tout ça ? Hou, le cadeau — avec le paquet, le ruban, tout bien comme il faut !

NKM, la refondation de la droite et le jugement de Salomon

Bon, et sinon, comment ça va, dans l’opposition ? “ Personne n’empêchera la reconstruction de la droite, tonne Nathalie Kosciuszko-Morizet dans “ Les Inrocks ” qui consacre sa une aux “ rénovateurs contre le FN ”, alias NKM, François Baroin et Bruno Le Maire. Le refondation de la droite est une exigence qui dépasse chacun d’entre nous, poursuit l’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy durant la campagne. Elle se fera. Je me prends à penser à la scène du jugement de Salomon (une mère préfère renoncer à son enfant au profit d’une autre femme alors que Salomon proposait de le couper en deux pour en donner une moitié à chacune, ndlr). Chacun d’entre nous doit préférer que la refondation se fasse à ses dépens plutôt qu’elle soit mise en péril. “ Donnez-le plutôt à l’autre. Qu’il vive ! ” ”. Et c’est qui, l’autre, là, pré-sen-te-ment ?

Les “ refondateurs ” et le fantôme de l’Elysée

Serait-ce Nicolas Sarkozy ? “ “ C’est à lui, et à lui seul de le déterminer ”, répond Bruno Le Maire (interrogé par le journal). “ Il est jeune, il a une expérience hors norme, renchérit François Baroin qui l’a croisé récemment et l’a trouvé en pleine forme, drôle et détendu. C’est à lui de décider s’il veut jouer un rôle. J’ai trop d’amitié et de respect pour me prononcer à sa place. Et c’est probablement trop tôt pour le dire. Pour lui comme pour nous ” ”. Ah, comme quoi, ça va pas forcément de soi… “ “ Seul Nicolas Sarkozy pourra définir son rôle, approuve Nathalie Kosciuszko-Morizet. Il a écrit un jour un livre qui s’appelait “ Libre ” et ça lui va assez bien. Maintenant, si la question est, est-il attendu ? Les militants et les Français parlent-ils de lui, souhaitent-ils l’entendre à nouveau ? La réponse est dans la question. Même la presse qui l’a tant décrié le regrette déjà ! ” ” Vraiment ? Où ça ?

NKM et “ la droite claire ”

Mais revenons au cœur du débat organisé par “ Les Inrocks ” entre les trois “ rénovateurs ” à propos de leur positionnement “ contre le FN ”. “ Pour Nathalie Kosciuszko-Morizet, avant toute chose, explique l’hebdo, “ L’UMP, c’est la droite claire. Celle qui ne passe pas d’alliances, d’aucune sorte, avec le Front national ”, affirme-t-elle, glissant au passage qu’il serait bon que “ cette position amène la gauche à clarifier elle aussi ses positions ”. C’est “ la droite solide sur ses assises. La Nation parce qu’elle nous dépasse. La République parce qu’elle nous rassemble. L’autorité car tout ne se vaut pas. L’ordre car il nous protège ”. Et d’ajouter : “ Parce qu’elle est solide sur ses assises, l’UMP investit toutes les questions qui font société (sic) et les aborde avec deux vertus cardinales qui sont l’esprit de justice et la responsabilité ”. NKM de réaffirmer : “ Rien ne doit nous être interdit ” dans le débat ”.

Patrick Buisson/NKM : la vengeance ?

Si on peut parler de tout, et même des choses qui fâchent, alors allons-y ! NKM va-t-elle s’en mordre les doigts — la main, le bras ? A l’heure de sa profession de foi — très future présidentiable — dans “ Les Inrocks ” et de son positionnement “ radical ” pour “ la droite claire ”, l’ancienne porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy se voit accusée par Patrick Buisson, tenant de la “ droite dure ” et ancien conseiller de l’ex-président, de l’avoir tout simplement “ dragué ” — politiquement parlant, s’entend. Où ça ? Dans “ Le Nouvel Observateur ”, dis donc ! Ben ça, alors… “ La semaine dernière, raconte l’hebdomadaire, Nathalie Kosciuszko-Morizet a adressé à (Patrick Buisson) un missile qu’il n’a pas, mais pas du tout goûté. Ainsi le conseiller occulte de Nicolas Sarkozy n’aurait pas eu pour objectif de faire gagner le candidat mais Charles Maurras. Maurras ! Le théologien du “ nationalisme intégral ” et du “ nationalisme d’Etat ” ! Rien de moins… Sollicité par la plupart des médias, Buisson s’est refusé jusqu’ici, à toute réaction. (…) “ Très déçu et très étonné ”, (il) ne veut pas en dire davantage, note le mag. Officiellement… ” du moins…

NKM “ cette grande bourgeoise caricaturale qui fait fuir l'électorat populaire”

En “ off ”, l’ancienne éminence grise est plus prolixe. Mais peut-on encore parler de “ off ” quand il s’affiche en pleine page dans “ L’Obs ”, avec ce chapô : “ Le conseiller de Sarkozy confie aujourd’hui au “ Nouvel Obs ” que l’ancienne ministre de l’Ecologie lui avait proposé de travailler pour elle. En vue de la présidentielle de 2017… ” ? Car oui, Patrick Buisson le dit, “ (NKM) l’a invité à déjeuner le vendredi 23 mars à la brasserie Chez Francis, place de l’Alma (comme endroit discret, foi de journaliste, on peut mieux faire…). Ce jour-là, ils font réellement connaissance, poursuit le journal. Elle n’ignore pas qu’il s’est opposé six semaines plus tôt à sa nomination comme porte-parole de campagne de Sarkozy. Impossible, selon lui, pour “ cette grande bourgeoise caricaturale qui fait fuir l’électorat populaire ” de représenter le candidat du peuple, qu’il a tenté de convaincre de nommer quelqu’un d’autre. En vain. Sarkozy aime beaucoup “ Nathalie ” et l’a beaucoup répété à tous ses proches. Il la trouve intelligente, ambitieuse, courageuse et “ déjantée ”. Ca lui plaît ”. 

“ On pourrait peut-être se voir une fois par mois ? ”

Mais au fait, au fait, venons-en à ce fameux déjeuner ! “ A table ce 23 mars, poursuit “ L’Obs ”, le conseiller explique à la porte-parole les raisons sociologiques et électorales pour lesquelles Sarkozy peut être élu. Depuis douze jours, Sarkozy a lancé sa campagne lors d’un meeting à Villepinte, et, s’étonne aujourd’hui Buisson, “ rien ne la choque alors ”. A l’heure du café, la ministre de l’Ecologie évoque sa possible candidature à la présidentielle de 2017 et fait même des offres de service à son convive : “ Je serais ravie que vous puissiez me prodiguer vos conseils. On pourrait peut-être se voir une fois par mois ? ” Ah, ben, ‘lui a carrément proposé la botte, on dirait. Quoique “ une fois par mois ”, en même temps, hmmm ?

La vengeance de NKM : “ taper Buisson au portefeuille ”

“ Le Nouvel Obs ” n’a pas fini : “ Buisson n’est évidemment pas mécontent aujourd’hui de remettre les pendules à l’heure, remarque-t-il. NKM ne s’est en effet pas contentée de l’attaquer sur le plan idéologique. Elle a aussi demandé publiquement à Jean-François Copé de dire si oui ou non Buisson travaille aujourd’hui pour lui, selon la rumeur qui court dans tout Paris depuis plusieurs mois. En dévoilant son contrat avec l’UMP et en enjoignant Copé d’y mettre fin, elle veut en quelque sorte taper l’homme de l’ombre au portefeuille ”. Ah, ben, on savait pas, nous, que Buisson travaillait pour Copé. Ca fait une info, ça, et qui n’est pas à négliger… Ca remet les pendules à l’heure, comme dirait “ L’Obs ” — sur Copé, mais aussi sur Nathalie Kosciuszko-Morizet…

A lire, encore

Deux choses, seulement, alors qu’il y aurait tant à dire… et à reproduire.

L’enquête, dans “ L’Obs ”, sur “ la guerre secrète des télés cryptées ” et celle de Canal+ en particulier. D’après le mag, “ Gilles Kaehlin, l’ex-Monsieur Sécurité de Canal+, a monté un étrange commando pour protéger les précieux décodeurs ”. On voulait y consacrer un… deux… trois paragraphes, on n’a plus de place. Lisez le papier : si tout ce qui y est dit est vrai, ça fait peur.

Une brève, enfin, dans “ Le Point ” : “ Ségolène Royal a transmis à Matignon un document qui expose un projet de banque publique d’investissement. Elle s’est servie de sa propre expérience puisqu’elle a mis sur pied un embryon de banque publique dans la région Poitou-Charentes. François Hollande, qui a fait de cette institution l’une de ses promesses de campagne, sera-t-il sensible au dossier de son ex-compagne au point de la nommer à la tête de la future banque publique ? “ On veut juste montrer de quoi on est capables ”, se défend l’entourage de Royal ” ”. Oh, ben, alors, si c’est que ça…

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