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Grèves : les "blacks blocs" blancs, ça ne serait pas un peu du blackface ?
©Zakaria ABDELKAFI / AFP

Le diable est dans les détails

Des types qui se déguisent en noir pour aller tout casser, c’est un peu louche. Déconstruisons.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Ça ne m’avait pas frappé jusqu’à présent, mais les black blocs sont tous blancs. Si on est attentif, on le distingue très bien sous leur cagoule en laine de moniteurs de ski neurasthéniques lorsqu’ils fracassent un abribus ou mettent le feu à une trottinette pour faire vaciller le capitalisme…

Car enfin, ils auraient très bien pu choisir le vert ou le magenta, couleurs sans connotation aucune. Mais non, c’est le noir qu’ils ont sélectionné pour leurs déchaînements de violence aveugle. Le noir, merde ! Ils se déguisent en noir ! Autant dire qu’ils se déguisent en Noirs… On a fusillé des Griezmann pour moins que ça !

Ça peut avoir l’air bête comme ça mais c’est tout à fait sérieux. Un tas de linguistes et de psychologues se sont d’ailleurs intéressés à la manière dont cette couleur est négativement connotée par des siècles de discrimination systémique : on est d’humeur noire, placé sur liste noire, on vend du fromage aux Allemands au marché noir… Les exemples abondent.

Donc, en s’habillant en noir, les casseurs ne perpétuent-ils pas, au minimum inconsciemment, les stéréotypes les plus déplaisants ? Tiens, je serais Maboula Soumahoro ou Rokhaya Diallo, ni une ni deux, je me fendrais d’une tribune dans Libé et un tas d’universitaires et d’insoumis viendraient la signer avant même de l’avoir lue. Ça ne traînerait pas, croyez moi !

Et je serais Kemi Seba, notre Farrakhan au petit pied, je me dépêcherais même d’aller leur péter la gueule avec mes sbires, non mais !

A la réflexion, j’en ai autant pour les gilets jaunes. Gilet jaune, bon sang !

Ça fleure bon sa condescendance à l’égard des peuples asiatiques. Du quasi Buck Danny et ses « faces de citron » des BD cheaps de notre enfance. Et si ce n’est pas du racisme, c’est au moins de l’appropriation culturelle.

Je vous laisse méditer là-dessus. Moi je vais faire un tour car la pluie s’est arrêtée et il y a un arc-en-ciel.

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