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Escroqueries à la sécu : on dépense un pognon de dingue et les gens sont toujours malades
©JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

« Je vous fais une p’tite facture ? »

Des ambulanciers qui surfacturaient la sécu à coups de kilomètres fantômes viennent d'être (littéralement) stoppés dans leur course. L'histoire se passe à Marseille, mais c'est loin d'être une spécialité locale.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est une histoire marseillaise mais seulement parce que ce sont des ambulanciers marseillais qui viennent de se faire choper. De l’avis même de l’un des flics chargé d’enquêter sur cette entreprise de transport sanitaire qui escroquait la sécu en facturant des kilométrages fantômes (chaque course était comptée double, le préjudice estimé serait de 150 000 euros à ce stade, les mêmes ambulanciers avaient d’ailleurs déjà été convaincus de surfacturation il y a quelques années), « il s’agit d’une combine très répandue dans la profession ».

C’est une histoire marseillaise, mais elle pourrait évidemment être bordelaise, nantaise ou parisienne. Lorsque ma mère était malade et qu'elle devait se rendre régulièrement à l'hôpital pour ses chimios, son artisan-taxi à conventionnement VSL ne venait jamais la chercher dans les temps : c’était soit avec une heure d’avance, soit avec pratiquement autant de retard car il faisait du « car pooling » à la Uber X. C'est à dire qu'il embarquait 2 ou 3 autres patients sur son trajet et facturait alors autant de fois la sécu pour la même course.

Elle ne voulait pas s’en plaindre parce qu’avec son cancer en voie de généralisation, elle avait d’autres préoccupations plus pressantes, mais j’avais trouvé ça bizarre et j’en avais parlé à l'hosto. Ils avaient haussé les épaules en répondant qu'ils savaient et que la sécu était forcément au courant elle aussi mais que c'était « comme ça ». La force de l'habitude apparemment… Les taxis, les ambulanciers ou les routiers, c’est un peu comme les forains. On réfléchit à deux fois avant de les braquer.

L'idée du car pooling est d’ailleurs plutôt intelligente comme moyen de réduire les coûts et le nombre de bagnoles sur les routes. Le vrai Uber est d’ailleurs déjà plus ou moins sur le coup, au grand dam des transporteurs traditionnels. Mais comme méthode institutionnalisée d'escroquerie du système de santé, c’est moins enthousiasmant.

Car bien plus que de la nécessité discutable de fermer une petite maternité de campagne ici ou là, la sécu crève littéralement de toutes ces magouilles, du vol d'équipement et de fournitures dans les hôpitaux (par cambriolages ou « coulage » par le personnel lui-même, qui serait endémique), de l'inflation du nombre de personnels administratifs, des montagnes de radios et d'IRM redondants, et de mille autres dépenses qui n'ont pas grand chose à voir avec la prise en charge de maladies.

Comme en matière d'aides sociales, ce n'est pas tant le pognon de dingue qui manque. Juste le contrôle de la manière dont on le dépense.

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