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Les valeurs de luxe sous pression…achetez français !
©MICHEL EULER / POOL / AFP

Atlantico Bourse

Après des années de croissance particulièrement appréciée par la bourse, les valeurs du luxe ont nettement reculé la semaine dernière avec des baisses très marquées jeudi sur l’ensemble des valeurs liées de près ou de loin au luxe.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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C’est justement ce point qui attire notre attention. En effet, le marché a, parfois, tendance à procéder à des amalgames. Tout le monde se souvient de l’époque où il suffisait d’accoler « .com » au nom d’une start-up pour bénéficier d’une appréciation élevée…mais aussi quand une correction se produit, tout le secteur baisse indistinctement quelle que soit la qualité de certaines des entreprises du secteur. Ce type de période permet parfois de profiter d’excès pour compléter des lignes ou initier des positions dans de bonnes conditions.  

Les valeurs du luxe ont globalement profité d’un environnement très porteur depuis plusieurs années : reprise de la croissance dans le monde, afflux de touristes asiatiques en Europe, développement des classes moyennes et supérieures dans de nombreux pays, puissance de marques mondiales connues et porteuses de valeurs attirantes…Les profits ont suivi et ont été bien valorisées par le marché. 

Pour certains analystes la croissance supérieure à 10% par an enregistrée par l’ensemble du secteur au cours des dernières années, devrait revenir progressivement à 6-8%. Comparée à ce que l’on constate sur d’autres pans de l’économie cela reste encore très intéressant mais la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis pourrait avoir des conséquences à plusieurs niveaux : la croissance chinoise serait pénalisée, la consommation des ménages être, de fait, freinée et des tracasseries administratives ou des droits de douane élevés pourraient également ralentir la croissance des entreprises du luxe en Chine.  
Ces commentaires confortent l’impression générale que le secteur arrive à un tournant dans son cycle de croissance. D’ailleurs le secteur a arrêté de « surperformer » le marché depuis le mois de mai, beaucoup considèrent en effet que les niveaux de valorisation étaient trop élevés compte tenu des incertitudes sur la situation du commerce international. 
Pendant la séance de jeudi tout le secteur a baissé de manière pratiquement indifférenciée et ce, que ce soit en France (LVMH, Kering, Hermès…), en Grande-Bretagne (Burburry…) en Suisse (Richemont) et même au Japon (Shiseido…). Nous considérons que si le mouvement se poursuit, il y aura des opportunités. Le secteur n’est pas à l’abri d’un ralentissement conjoncturel en 2019 mais à plus long-terme les fleurons du secteur devraient poursuivre leur développement.  
Les acteurs français restent, selon nous, les plus attractifs dans une optique longue : Kering et LVMH bénéficient de la qualité de leurs marques et d’une excellence opérationnelle. Hermès fait figure de valeur « refuge » particulièrement en cas de période boursière incertaine. Leurs perspectives  de croissance à long-terme semblent intactes : les « milleniums » sont friands de ces marques et vont continuer à acheter les produits de ces marques. Par ailleurs ces sociétés affichent une situation de bilan très saine : elles ont généré un cash-flow considérable qui leur a permis de se désendetter. Les perspectives de hausse des taux ne les inquiètent donc pas à ce stade. Il est même envisageable que ces entreprises poursuivent leur politique de distribution de dividendes généreuse y compris en 2019. Enfin l’attitude de Kering vis-à-vis de Versace est plutôt rassurante : les grands du luxe français sont raisonnables en ce qui concerne les prix d’acquisitions. Kering n’a pas voulu surpayer. Finalement c’est l’américain Michael Kors qui a procédé au rachat de Versace pour un prix trop élevé, selon nous, de 40 fois les résultats (avant impôts). Comparativement LVMH, Kering et Hermès se paye respectivement 17, 15 et 28 fois les résultats avant impôts…ce qui semble   plus raisonnable pour des sociétés offrant une excellente visibilité à long-terme. 
Il y a quelques mois certains analystes ont questionné les entreprises du luxe sur leur système de distribution. Effectivement, internet et sa distribution de masse semblait mal adaptée à la distribution de produits de luxe. Le risque était soit de banaliser les marques de luxe, soit de rendre les produits inaccessibles au plus grand nombre. Le sujet reste sensible mais il semble que les grands noms du luxe se soient désormais adaptés à ce canal de distribution et aient réussi à gérer une juxtaposition de canaux sans altérer ni leur image…ni leur marge. 
A court-terme, ces valeurs seront certainement chahutées par la volatilité des marchés liée à la guerre commerciale, mais la vigueur de la croissance américaine contrebalance au moins partiellement cette problématique. En effet, New-York à elle-seule, pèse 11% de l’ensemble des ventes du luxe mondiales, soit une fois et demi celles de la Chine. Les prévisions sont optimistes à court-terme pour la consommation aux Etats-Unis et pourraient au moins constituer un soutien dans un environnement global plus chahuté. 
La période de trouble est plutôt selon nous une opportunité pour se positionner à moindre coût sur les valeurs françaises du secteur du luxe si la baisse se poursuit sur ce secteur : Hermès vers 505€, LVMH vers 265€ et Kering vers 410€. 

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