Clim contre l’humanité : le cercle des polaires disparus<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Clim contre l’humanité : le cercle des polaires disparus
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Suicide au gaz (à effet de serre)

Plus il fait chaud à cause de la clim, plus on en s’en équipe. L’économie circulaire en mode cercle vicieux.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

J’ai pas mal tergiversé (la question me faisait franchement suer), mais le réchauffement climatique partiellement causé par la généralisation de la cliim m’a imposé d’en faire installer une. Prévoyant, j’ai choisi un système puissant, capable d’absorber l’augmentation marginale de chaleur planétaire qu’il génère lui-même depuis sa mise en service.

Il y a d’ailleurs quelque chose de magnifiquement humain dans cette logique — la même qui pousse un pays à s’équiper d’une bombe atomique pour éviter d’être annihilé par celle du voisin, doublant du même coup les probabilités de destruction mutuelle. On se demande comment l’espèce s’est débrouillée pour perdurer aussi longtemps. Au bout du bout, ça rendrait presque optimiste...  

Mais bon, c’est mon quatrième été caniculaire à Marseille (à Paris, je me contentais d’un ventilateur premier prix de chez Darty et mon appart était « traversant », comme disent les agents immobiliers) et j’ai fini par jeter l’éponge. Et lorsque, en 2050, le nord de la France jouira de températures méridionales et le sud d’une météo sub-saharienne, je pourrai revendre mes nouvelles pénates beaucoup plus cher, m’a assuré le spécialiste du froid en perçant de gros trous dans mes murs. La clim, c’est le « eau et gaz à tous les étages » du XXIe siècle.

Enfin, du moins si l’on sait encore produire de l’électricité d’ici là, la chaleur extrême, en faisant baisser le niveau des fleuves, forçant désormais EDF à mettre ses centrales nucléaires au chômage technique. La maison brûle, et je remets un peu d’huile sur le feu, quoi… On comprend que ça puisse jeter un froid.

D’un autre côté, je suis resté assez parigot pour ne pas reprendre de voiture à Marseille et je circule  à vélo le long de la Corniche. Un vélo fabriqué en Chine dans une usine alimentée au charbon et acheminé jusqu’en Europe sur un cargo polluant davantage que plusieurs centaines de milliers de 4X4 diesel, d’accord, mais mon empreinte carbone ne devrait pas en être trop aggravée pour autant d’après mes calculs. Si j’évite au moins un voyage EasyJet dans l’année, voire un envoi de pièce jointe trop lourde dans un email, l’effet clim pourrait même être carrément annulé.

C’est sûr, avec ces forêts suédoises qui crament comme la première garrigue grecque venue et ces insulaires du Pacifique qui s’enfoncent sous les eaux, je transpire bien encore un peu en pensant aux générations futures, mais j’attrape alors ma télécommande pour augmenter la fraîcheur et le malaise se dissipe vers 20 degrés.

Du cercle polaire au cercle vicieux, ça reste de la géométrie. Et même de l’économie circulaire, qui est écologique.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !