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L’amalgame de l’antisémitisme et de l’islamophobie et la stratégie de la "reductio ad hitlerum"
©Reuters

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La vision outrancièrement victimiste, qui consiste à faire croire aux musulmans qu’ils sont traités en Occident comme les Juifs jadis victimes de pogroms ou de génocide, est particulièrement explosive.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Comme le CCIF et les protagonistes de l’islamisme mondial «institutionnel», l’ancien Secrétaire général de l’Organisation de la Coopération Islamique, Ekmeleddin Ihsanoglu, n’a pas hésité à appuyer sur le point sensible occidental de la reductio ad hitlerum («point Godwin») lorsqu’il a déclaré, en septembre 2010, «nous nous dirigeons vers un paradigme ressemblant à l’antisémitisme des années 1930 ». Les pôles de l’islamisation mondiale sont aidés dans cette stratégie de culpabilisation-diabolisation par certaines forces « antiracistes» d’extrême-gauche notamment. Pour Cécile Duflot (Europe Écologie – Les Verts) par exemple, «les ressorts de l’usage de l’islamophobie aujourd’hui sont un peu les mêmes que les ressorts de l’usage de l’antisémitisme». On peut citer également les cas d’Olivier Besancenot, Jean Luc Mélenchon, Clémentine Autain, Danièle Obono, qui, aux côtés de cautions morales comme les associations antiracistes (MRAP, Ligue des Droits de l’Homme, CCIF, etc.) et d’intellectuels ou journalistes comme Edwy Plénel, Pascal Boniface, Thomas Guénolé, ou Vincent Geisser (CNRS), œuvrent à faire admettre l’idée selon laquelle les musulmans seraient les victimes emblématiques de la pire nouvelle forme de racisme: l’islamophobie assimilée à l’antisémitisme d’hier. En Belgique, l’islamologue belge Michaël Privot, anciennement militant des Frères musulmans, a pu ainsi affirmer que «l’islamophobie et l’antisémitisme, ce sont les deux faces d’une même pièce», le même «nom de l’Occident judéo-chrétien »… Pour le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, auteur d’un plaidoyer intitulé Pour les musulmans, les musulmans, «nouveaux juifs», seraient « opprimés» à la fois par les racistes de droite, par les «islamophobes» de Charlie Hebdo, puis par la République laïcarde, coupable de promulguer des lois d’exception contre le voile islamique, de refuser des aménagements communautaristes ou même de mener une «lutte sécuritaire» contre l’islamisme. 

Dans la même veine, peu après les attentats de l’hypercasher et de Charlie Hebdo, Jean-Luc Mélenchon a comparé le sort des musulmans dans la République française à celui des Protestants massacrés lors de la Saint Barthélémy et des Juifs génocidés par les Nazis durant la seconde guerre mondiale. Cette vision outrancièrement victimiste, qui consiste à faire croire aux musulmans qu’ils sont traités en Occident comme les Juifs jadis victimes de pogroms ou de génocide, est très explosive, car l’histoire et la polémologie montrent qu’il est très facile de faire croire à un groupe, pour le souder et le monter contre un autre, qu’il est plus persécuté qu’il ne l’est réellement, puis, corrélativement, de le convaincre que tous ses maux sont la faute de l’Autre, à rejeter et dont on doit se dissocier. La conséquence de cette représentation est que ce groupe victimisé et flatté dans un narcissisme communautaire finit par ne plus être capable de se remettre en question. La suite logique consiste à s’exclure de lui-même de la société environnante, jugée foncièrement hostile, et à se « désassimiler». Les sociétés occidentales, qui baignent dans la pensée islamiquement correcte depuis des décennies, en paient déjà le prix en matière de difficulté d’intégration et de radicalisation islamiste. Ce phénomène est grave, car les persécutions dont parlent constamment les islamistes et leurs alliés «islamo-gauchistes» sont le carburant du terrorisme jihadiste d’Al-Qaïda ou de Daech. Ceux-ci mettent en effet systématiquement la lutte contre «l’islamophobie» et les «ennemis de l’islam» au centre de leur propagande et de leurs appels à la violence barbare.

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