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Et si la BCE sifflait la fin de l’argent facile ?
©Capture écran France TV

Atlantico Bourse

Depuis quelques semaines, certains au sein de la Banque Centrale Européenne (BCE) émettent l’idée qu’il est temps désormais de mettre un terme à la politique monétaire d’argent facile. MM. Weidemann et Coeuré ont, chacun avec leurs mots, été très clair.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Il pouvait sembler possible qu’il s’agisse d’un jeu « politique » pour se positionner en vue du remplacement à venir dans quelques mois de M. Draghi le président actuel de la BCE ; mais une nouvelle étape a été franchie ce jeudi : La BCE communique désormais ouvertement sur le fait que sa politique d’achat massif d’obligations allait  probablement s’arrêter plus tôt que les intervenants de marché ne le pensaient. 

La BCE a indiqué que l’économie européenne était désormais sur le chemin d’une croissance robuste et de plus en plus auto-entretenue…ceci justifie que la politique monétaire devienne désormais plus normale ! 

La réaction des marchés a été somme toute assez logique, en schématisant : Moins (voir plus du tout) d’achats d’obligations de la part de la BCE fait que les taux montent…L’économie de la Zone  Euro accélère fait que les investisseurs recherchent des actifs en Euro : la parité Euro/Dollar monte…et les actions sont globalement soutenues. Si l’on regarde les 3 indicateurs classiques : L’Euro/Dollar a atteint 1,21 ; le taux du 10 ans Allemand a progressé et atteint plus de 0,57% ; le CAC40 est resté légèrement au-dessus de 5500 au plus haut depuis plusieurs mois. 

Ce que les intervenants appellent le «Quantitative Easing » (QE) consistait à ce que la BCE achètent chaque mois 60 Milliards d’Euros depuis 2015 (30 Milliards depuis septembre 2017).  Depuis le début du QE la BCE a ainsi acheté l’équivalent de 2300 Milliards d’Euros d’obligations…c’est à dire qu’elle a injecté cette somme dans l’économie et a « gonflé » son bilan d’autant. 

En décembre lors de la dernière réunion de la BCE, M.Draghi et ses équipes avaient remonté de manière très significative leurs perspectives de croissance pour l’économie de la Zone Euro avec une croissance attendue de 2,3% en 2018. Mais les perspectives d’inflation restant pour le moment inférieures à l’objectif d’inflation de la BCE, prévoir la fin du QE paraissait assez difficile. Il semble désormais qu’un retour plus marqué de l’inflation soit possible : d’abord car le pétrole progresse mais aussi car les entreprises arrivent à faire progresser leurs prix de vente, enfin, la baisse du chômage fait que la consommation augmente et pousse, au moins un peu, les prix à la hausse.  

Les intervenants qui ont connu des périodes de hausse des taux dans le passé redoutent par dessus tout un retour des fortes tensions sur les marchés obligataires : dans ces cas là, les pertes sont vite importantes, que ce soit sur les marchés obligataires bien sûr mais aussi sur les actions…mais in fine c’est potentiellement l’économie qui finit par être touché…

On comprend donc le stress des investisseurs dès qu’un risque apparaît sur les marchés de taux. La situation actuelle  semble encore loin d’être inquiétante et ce pour plusieurs raisons :

- La BCE va certes limiter puis stopper ces achats mais ne va certainement pas agir de manière brutale…elle ne soutient pas l’économie européenne depuis des années pour tout remettre en cause et replonger l’économie dans un marasme. 

- Les taux pourraient remonter un peu sans casser la dynamique actuelle : les taux longs allemands ont progressé de 0,50% en 2017 et l’économie a quand même accéléré ! 

- Même si les taux montaient de 1% en 6-12 mois…ils seraient quand même très bas et permettraient malgré tout un financement à coûts réduits pour les entreprises. 

Comme tous les intervenants nous sommes attentifs aux marchés de taux mais tant que le mouvement reste contenu et progressif nous ne changeons pas notre biais haussier sur les marchés actions en évitant les supports obligataires offrant peu de rémunération…et nous gardons néanmoins une poche de cash au cas où des tensions apparaitraient sur les marchés actions.

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