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Quand les investisseurs font le ménage…
©REUTERS/Murad Sezer

Atlantico Bourse

Le discours entendu partout ces dernières semaines pourrait laisser penser que les marchés sont euphoriques. Globalement les performances sont correctes mais nous sommes loin des envolées connues pendant la bulle internet par exemple.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Dans les périodes de bulle, la caractéristique principale est que même les actifs peu intéressants s’arrachent au même prix (ou presque) que les actifs les plus prometteurs. Dans ces moments de douce ivresse, les mauvaises nouvelles sont complètement occultées. 

Les investisseurs sont sans pitié ! 

En ce moment la situation est bien différente : En effet, les investisseurs sanctionnent durement la moindre faiblesse sur un titre ou un pays. La période d’annonce des résultats du 3ème trimestre vient de s’achever : elle a été, objectivement, plutôt bonne. Deux tiers des entreprises de la Zone Euro ont annoncé des résultats au moins égaux ou supérieurs aux attentes des analystes. C’est un bilan excellent, largement supérieur à la moyenne constatée historiquement.  Pourtant en questionnant les gérants, il ressort une forme de déception. En effet, avec des résultats en ligne ou supérieurs aux attentes, les cours de bourse des sociétés concernées ont peu monté. Par contre, la moindre déception a été durement sanctionnée. La liste est longue que ce soit parmi les grandes ou les plus petites valeurs. Une baisse de 10 à 15% en 2-3 séances après une annonce un peu décevante n’était pas rare ! 

Pression maximale sur certains pays.

Ce qui est valable pour une société l’est aussi, avec une toute autre échelle sur les pays. Après plusieurs années de gestion calamiteuse le Venezuela se retrouve dans un processus de défaut de paiement : inflation, baisse des salaires réels, panne des investissements. Le coût et le temps nécessaires pour un retour à la normale sont démesurés. L’Argentine a connu, étalés sur 10 ans,  plusieurs dévaluations et des plans d’austérité massifs avant de commencer à voir le bout du tunnel. Ces derniers temps, la Turquie a également été sous très forte pression. Le schéma est toujours le même : mauvaises données macro-économiques, défiance des investisseurs, panne des investissements, baisse de la devise, inflation, hausse des taux longs, intervention de la Banque Centrale pour défendre la devise, ralentissement économique… La Livre Turque a atteint des plus bas historiques ces derniers jours et les taux ont flambé. La Banque Centrale essaie de défendre sa devise mais ses moyens sont limités et conduisent à une réduction de la masse monétaire, de la demande de crédit…et pèse donc sur l’activité. Il faudra des mois à la Turquie pour inverser cette tendance.  

Ne pas tenter d’attraper un couteau qui tombe…

Il est parfois tentant de se positionner sur des actifs en fort repli. Clairement en ce moment, nous pensons qu’il vaut mieux éviter. Sur la Turquie par exemple, il est préférable d’attendre d’y voir plus clair. En effet, pour le moment, le gouvernement Turc n’a, en fait, pris aucune mesure. La Banque Centrale intervient certes mais ne résout rien en profondeur. La spirale de défiance n’est pas interrompue. Une poursuite du mouvement n’est donc pas impossible. Sur les titres impactés par une sanction suite aux résultats du 3ème trimestre, il faut attendre les mesures que comptent prendre le management pour redresser la situation. Altice est un bon exemple de la nécessaire attitude prudente qu’il convient d’adopter. L’entreprise a annoncé une baisse, somme toute, légère de sa création de richesse…et a reculé de près de 40% depuis. Pour autant, concrètement la direction n’a pas entamé de discussion avec investisseurs et créanciers pour expliquer ce qu’elle allait faire. Du coup, un rebond reste totalement hypothétique et trop spéculatif pour un investissement dès maintenant. 

Le marché est ultra-sélectif en ce moment

Seuls certains actifs sont plébiscités par les investisseurs : pour les pays, les données macro-économiques et la capacité du gouvernement à agir sont clés ; pour les entreprises, la visibilité et la pérennité de l’activité sont discriminants pour les investisseurs. La prise de risque exagérée, on l’a vu sur quelques exemples, peut être très durement sanctionnée. Cela signifie probablement, qu’il vaut mieux être moins ambitieux dans ses objectifs de performance mais avoir plus de chance de les atteindre !  

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