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Tariq Ramadan, notre premier télévangéliste à l’américaine
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Damned !

Il a beau être suisse et musulman, Tariq Ramadan est le premier vrai télévangéliste baptiste à l’américaine de France. Grâce lui soit rendue pour ce bel effort d’hybridation culturelle.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les deux soucis les plus fréquents du chroniqueur dominical, c’est une semaine sans actualité marquante à commenter ou, à l’inverse, un embouteillage de sujets costauds. Dans le premier cas, il doit se triturer les méninges pour trouver un truc intéressant à raconter sur quelque chose dont il se fiche éperdument (le temps pourri à Paris ? Il est relocalisé à Marseille où il fait toujours beau. La hausse du montant des PV de stationnement ? Il circule à vélo…).

Dans le second cas, et ces derniers jours en sont un excellent exemple, il ne sait carrément plus où donner du clavier, entre les frasques d’un prédicateur islamiste, la balkanisation de l’Espagne, la pénurie de beurre, le logement social de Danielle Simonnet et les incroyables enseignements du procès d’Abdelkader Merah. Il lui faut toutefois bien faire un choix, quitte à réserver ses fulgurances surnuméraires à ses amis Facebook plutôt qu’à ses lecteurs « officiels ».

Mais parce que l’heure tournait, et que j’avais envie d’arriver au cinoche avant le début du film, j’ai décidé de me pencher sur le cas Ramadan, qui est un type qui le vaut bien et semblait raisonnablement facile à expédier. Véritable personnage de roman (j’utilise le terme « véritable » à dessein parce qu’il est tout de même ce qui se rapproche le plus du Ben Abbes de Houellebecq dans le monde réel), Frère Tariq est désormais accusé d’inconduite par tellement de nanas qu’il est à deux doigts de détrôner Harvey Weinstein au panthéon porcin.

A la différence de son homologue d’Hollywood, pour autant, il n’opère pas dans ces milieux où l’obligation de dispenser ses faveurs auprès d’un puissant en échange d’un rôle est notoirement endémique, mais plutôt dans ces hautes sphères de la rectitude morale où l’on passe son temps à promettre la damnation éternelle à quiconque fait un pas de côté. Encore que, à la réflexion, cette hypocrisie manifeste, ce « faites ce que je dis mais pas ce que je fais », en fasse également quelqu’un d’aussi américain que Weinstein, la France n’ayant pas cette tradition du dandy prêcheur dispensant la bonne parole sur les estrades et à la télé pendant la journée et jouant à « 50 nuances de Grey » la nuit dans les hôtels.

Car la liste est longue, de l’autre côté de l’Atlantique, de ces pasteurs baptistes qui engrangent du pognon en agitant les saintes écritures mais se font rattraper par la patrouille à force de se croire aussi omnipotents que la divinité qu’ils prétendaient représenter. Et qui commencent généralement par accuser le Malin et ses agents ici-bas de leur infortune avant de tomber le masque et d’en venir à la séquence excuses, contrition et flagellation publiques.

Ramadan, lui, en est toujours à nier, une armée de disciples assurant sa défense sur les réseaux sociaux en cognant sur ses victimes. « C’est un coup des sionistes ! » hurlent-ils sans que le rapport entre le conflit israélo-palestinien et une accusation de viol dans un Holiday Inn parisien ne saute vraiment aux yeux. Bah, comme avec un Jim Bakker ou un Jimmy Swaggart avant lui, même ce front des groupies finira par se fissurer et les commentaires sous les tweets du gourou se font déjà moins vindicatifs.

Oh, ses compagnons de route progressistes et anti-impérialistes, les Edwy Plenel et les Edgar Morin, les Alain Gresh, sont encore bien silencieux dans la tempête, mais l'on espère, pour le salut de leur âme, qu'ils tomberont sur une chronique quelconque qui leur servira de missel. Tiens, même celle-ci pourrait faire l'affaire : un prédicateur à l'américaine. A L’AMÉRICAINE, les gars ! Peut-on vraiment défendre ça ? 

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