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Faut-il rendre obligatoire le vaccin contre l’obscurantisme ?
©Reuters

Aichmophobie

Croire que la Terre est plate parce qu’une vidéo YouTube en apporte la preuve, c’est votre droit. Ça ne dérange personne. Refuser de protéger un enfant contre la polio et faire chuter la couverture vaccinale de tout un pays, c’est un peu différent.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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De tous les « complotismes », au sens de l’élaboration d’une croyance irrationnelle et de la propagation de théories grotesques défiant le sens commun, c’est le mouvement anti-vaccins qui me fascine le plus. Après tout, la conviction que la Terre est plate, qu’aucun avion ne s’est jamais écrasé sur le World Trade Center ou que les Illuminatis gouvernent le monde reste, ultimement, sans conséquence particulière sur la vie du « fidèle » ou de ses proches.

Et pouvez très bien décider, par crédulité, pure bêtise, ou goût de la provocation, que les gaz d’échappement du Paris-Tokyo qui passe au-dessus de votre tête sont en réalité des produits chimiques délibérément répandus pour vous asservir sans cesser de mener une existence « normale », aller au boulot, gueuler contre les impôts et regarder le foot à la télé comme tout le monde.

Vous passerez peut-être pour un imbécile, mais ça n’ira pas plus loin.

Le complotisme anti-vaccins est pourtant d’une autre nature. Bien sûr, les mécanismes qui y conduisent sont identiques (la remise en question arbitraire de ce qui fait consensus chez les « sachants » institutionnels ou scientifiques à l’aide de vidéos anonymes dénichées sur YouTube ou d’articles de farfelus marginaux), mais certainement pas l’impact potentiel sur la santé d’un enfant qu’on refuserait de protéger contre une maladie même mortelle.

Adhérer à ce complotisme spécifique, à l’idée que ministres et multinationales s’entendent pour empoisonner des millions de gens dans le seul but d’amasser du pognon, c’est effectivement, concrètement, du moins si l’on est parent et déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique, prendre le risque de voir son gosse emporté par une bête rougeole ou lourdement handicapé par une poliomyélite.

Ré-énoncer les principes des vaccins et leur finalité, rappeler à quel point leur arrivée a contribué à l’élimination d’épidémies à travers le monde et à l’allongement de la durée de vie, n’aurait de toute manière pas beaucoup d’intérêt. Ces informations sont connues, disponibles, accessibles et, reprises ici, se verraient immédiatement opposer le baratin habituel sur les dangers des adjuvants ou de l’aluminium par une tripotée de spécialistes formés sur les forums de Doctissimo.

On se contentera de comparer cette attitude à celle des témoins de Jéhovah, qui refusent les transfusions sanguines, même indispensables, mais que le droit français contraint à accepter celles dont leurs enfants mineurs ont besoin. Et l’on se félicitera donc lorsque la puissance publique prend ses responsabilités et impose ce qui doit l’être, a fortiori lorsque la baisse du taux de couverture vaccinale finit par menacer tout le monde. Pas seulement les obscurantistes.

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