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Trump destitué…quelles conséquences pour les marchés ?
©DOMINICK REUTER / AFP

Catastrophe ?

La probabilité que D.Trump ne finisse pas son mandat a très nettement progressé ces derniers jours. Si cela arrivait, les marchés qui avaient salué son arrivée par une hausse spectaculaire retourneraient-ils simplement à la case départ ? Non !

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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La probabilité que D.Trump ne finisse pas son mandat a très nettement progressé ces derniers jours. Si cela arrivait,  les marchés qui avaient salué son arrivée par une hausse spectaculaire retourneraient-ils simplement à la case départ ? Non ! La déception serait probablement très forte pour les investisseurs : les actions américaines, en particulier, seraient certainement sanctionnées mais sur les taux ou les devises la situation est moins claire…et de ce fait avec des nuances par zone géographique ou par secteur économique, le reste du monde sera plus  moins impacté par un « Trumpxit ».

D.Trump a pris un risque politique énorme en se séparant du Directeur du FBI. Les commentaires ont été immédiatement très négatifs aux Etats-Unis…et les anticipations d’une fin précipitée de son mandat ont repris de la vigueur. Les bookmakers américains évaluent désormais la probabilité d’un empêchement ou d’une démission à 45%. Nous sommes donc obligés de réfléchir aux conséquences que cet événement entraînerait. 

Connaissant le personnage, une destitution ou une démission se déroulerait probablement dans une ambiance de tensions extrêmes.  Ceci, en tout état de cause, serait probablement mauvais pour les marchés. 

Sur l’économie d’abord : Il faut garder à l’esprit que l’économie américaine évolue depuis quelques mois sur un rythme de croissance modérée. Un départ de D.Trump créerait probablement un trou dans la confiance dans l’économie avec des conséquences négatives sur l’investissement. Les PIB 2017 et 2018 pourraient si la situation s’éternise tangenter  le 0% de « croissance ».  

La politique de la Banque Centrale Américaine (FED) serait elle aussi affectée  : Les hausses de taux prévues pourraient être reportées. Les taux courts seraient dès lors maintenus sur des niveaux très bas pendant toute la période de flou politique. Les taux longs seraient également attirés par le bas du fait de la faiblesse de l’économie américaine. Les taux 10 ans pourraient ainsi revenir vers 1,6%. 

Les résultats des entreprises américaines seraient probablement, au moins un peu, affectés par le « trou » de croissance de l’économie américaine mais seraient « soutenus » par les taux bas et par la flexibilité dont sont capables les entreprises américaines. Une remontée du chômage serait probable aussi qu’un trou dans la consommation. 

Par conséquent, sur les marchés actions la sanction pourrait être assez sévère et ce d’autant plus que les anticipations des investisseurs restent fortes concernant des mesures « pro-business » que devaient prendre M.Trump : une baisse des indices de 10 à 15% sur les grands indices américains serait envisageable pendant la période de flottement politique. 

Dans le détail, les banques, les valeurs liées à la consommation domestique américaine, les petites et moyennes valeurs seraient les plus affectées : -15% à -20% serait possible. Les banques ont été favorisées par la baisse des impôts prévues par M.Trump mais aussi par les mesures de dérégulation envisagées.  Les valeurs liées à la consommation et les petites-moyennes valeurs étaient celles qui devaient  bénéficier le plus des baisses d’impôts et de la consommation des ménages favorisée par l’accroissement des dépenses fédérales. Le départ de D.Trump retarderait ou carrément annulerait ces mesures. 

Le Dollar pour sa part serait probablement doublement sanctionné : les taux courts en restant bas et la faiblesse de l’économie américaine dissuaderaient les acheteurs de Dollar. Une parité Euro – Dollar à 1,15 est envisageable dans ce contexte. 

Tout ceci ne peut pas être sans conséquences sur les autres marchés mondiaux. Mais si la période de tensions politiques est courte, l’impact sur l’économie mondiale serait limité. 

Les marchés européens suivraient probablement les marchés américains mais avec une ampleur moindre, en effet l’économie européenne se reprend clairement depuis plusieurs mois. Les taux courts et longs resteraient autour des niveaux actuels… la BCE serait, de plus, à la manœuvre si la situation économique se dégradait.  Sur les actions, entre la hausse de l’Euro et la faiblesse des actions américaines une baisse de 3 à 5% est envisageable. 

Même chose sur les marchés émergents : l’impact serait probablement limité pour d’autres raisons que la zone Euro.  En effet, la faiblesse du Dollar serait pour ces pays  un facteur de soutien. Du coup, la faiblesse de l’activité américaine serait compensée  pour les pays émergents par la petite baisse du Dollar par rapport aux devises locales. 

En première analyse, le départ anticipé de D. Trump aurait donc  un impact réel mais probablement assez ponctuel et concentré sur les actions américaines  …surtout si la période de tensions politiques durait peu. Les institutions américaines feraient ensuite leur office : la nomination de M. Pence, le vice-Président de D.Trump, mettrait un terme à la période de flottement. Il est alors probable que le rôle de M. Pence soit limité à expédier les affaires courantes pendant de nombreux mois. L’avantage de cette situation serait la forme de stabilité qu’elle procure. L’économie et les marchés reprendraient leur cours « normal ». Enfin, les seules mesures que pourraient prendre M.Pence seraient de faire baisser les impôts…ce qui là aussi permettrait probablement une reprise des marchés actions.

En conclusion, comme d’habitude finalement, la réaction des marchés à un choc politique, même majeur dans ce cas, serait probablement temporaire. En fait, nous sommes convaincus que les tendances longues de l’économie et la vie des entreprises finissent toujours par être valorisées par les investisseurs et les marchés. Les aléas politiques surtout s’ils sont de courtes durées, ont finalement peu d’impact.

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