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Emmanuel Macron se prend pour Jeanne d'Arc : c'est sa femme qui le dit ; droite : Fillon, le "Tartuffe" au "Bal des Faux culs" ; le patron de Renault ne connait pas le Brexit
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Revue de presse des hebdos

Et aussi, les média, anti-pouvoir; Florian Philippot "saurait pas travailler en équipe"; 400.000 euros pour un boulot bénévole; l'histoire de l'escroquerie monumentale montée par un expert en chaises anciennes...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Vos hebdos ne ratent pas le candidat Fillon  et font, chacun à sa manière, le récit des coulisses de cette semaine haletante où l'on a cherché (en vain), un plan B pour remplacer celui qui a remporté la primaire de la droite et du centre le 27 novembre dernier. Un festival, dont la palme est attribuée à  l'Obs qui caricature le candidat  en Louis XIV, en le qualifiant de "Tartuffe Fillon". Prêt à en découdre avec ceux qui veulent la peau de François Fillon, Valeurs Actuelles titre "La guerre est déclarée" et  précise, "Fillon, la contre-attaque du survivant ". L'Express élargit le sujet Fillon en voulant "En finir avec les privilèges des élus". Le mag a enquêté sur "les petits et gros avantages des politiques" (ils sont nombreux). Et il a pris quelques libertés avec les illustrations confondant les fauteuils de sénateurs désertés avec les bancs de l'Assemblée pour évoquer... l'absentéisme des députés. Après Pénélope et François, Paris-Match consacre sa couverture à l'autre couple vedette de la présidentielle, Brigitte et Emmanuel Macron. Le mag a suivi "le nouveau chouchou des sondages"(il devance François Fillon dans les dernières études d'opinion) à Lyon, où le candidat d'En Marche ! a rassemblé près de 15.000 personnes le 4 février dernier. Le Point a choisi d'offrir sa couverture à Kamel Daoud "l'intellectuel qui secoue le monde". L'écrivain algérien publie un nouveau livre "Mes Indépendances"(Ed Actes Sud), ouvrage dans lequel il a réuni une partie des chroniques publiées sur vingt dans le Quotidien d'Oran, puis le New York Times et le Point dont il est un chroniqueur régulier. En pages intérieures Kamel Daoud est en photo en train de téléphoner, attablé devant un verre de vin rouge. Il accorde une interview au journal dans laquelle il revient sur son parcours : oui il a été religieux, oui, il  a rompu avec la mouvance islamiste bien avant la naissance du Front Islamique, à la fin des années 80. Il lance cet avertissement au monde et à la France "Face à l'islamisme, il ne faut rien céder"! Quant à Marianne qui sort demain en kiosque, sa couverture est sans équivoque "la droite incapable de tourner la page Fillon; la gauche incapable de s'unir... Macron incapable de sortir du flou … voilà pourquoi ils peuvent "la" faire gagne ,"la" étant  bien sûr Marine Le Pen.

Fillon en guerre totale

C'est donc la fête à François Fillon dans vos mags. Seul Valeurs Actuelles salue la contre attaque du candidat, galvanisé par l'épreuve. Le mag voit un candidat désormais "blindé" qui "dispose de soixante-dix jours", le temps qu'il faut pour boucler un Vendée Globe", car veut croire le mag "les vents sont à nouveau favorables"...

Tous les hebdos font à leur façon le récit de cette folle semaine où manœuvres et conciliabules se sont multipliés pour tenter de monter un plan B... Et les mags ne manquent pas de "biscuits" pour refaire le film. "C'est le bal des faux culs", écrit l'Express qui relate les propos" échangés par deux anciens ministres du gouvernement Fillon "au meeting de la Villette." Eux étaient déjà au meeting de Nicolas Sarkozy à Nimes, le 18 novembre 2016, à l'avant veille du premier tour de la primaire, parce qu'ils pressentaient que ce serait le dernier dans la vie de l'ancien président." C'est bien, on fait aussi le dernier meeting de Fillon "glisse-glousse l'un des deux à son voisin. Qui lui répond : c'est dommage qu'on ait raté celui de Juppé". Toujours d'après L'Express, le président du Sénat "a découvert, deux jours avant que le candidat ne le dise à la télévision que celui, qui fut sénateur de la Sarthe, avait employé dans "la maison" (au Sénat) deux de ses enfants... Pour Gérard Larcher ce n'est plus un problème de légalité, c'est une question de morale"... A la demande insistante de nombre d'élus LR le président du Sénat  devait essayer de "débrancher" Fillon.  Mais l'information a fuité dans l'Obs et la manœuvre a tourné court ..."Quelle erreur, lorsqu'on prétend vouloir assumer une telle mission, de ne pas savoir garder le secret", relève un proche du candidat". Exit donc le plan B.  L'Obs qui nous raconte également "ces journées où la rébellion a tourné à l'insurrection",  fait rentrer Bruno Le Maire dans la boucle, "pour empêcher à la fois le retour d'Alain Juppé et de François Baroin. Et pour cela, le mieux est encore que Fillon tienne quelque temps encore. " "Si tu poses le sac, je serai candidat dans l'heure", expliquera donc Le Maire à Fillon"... Le mag rappelle avec gourmandise  que Nicolas Sarkozy, comme Jean-Louis Borloo,  surnomme toujours  François Fillon "le fourbe"... "Un tartuffe qui nous mène droit dans le mur", explose l'un d'eux ... (sans préciser lequel)... Ce qui a permis le retournement de tendances, "ce sont les remontées de terrain, pas si catastrophiques que prévu" pendant le week-end. Cela n'empêche pas les conclusions sévères de "proches" qui requièrent bien sûr l'anonymat,  à propos de François Fillon : "Il donne le sentiment de ne pas avoir compris que le monde a changé, d'être resté bloqué à l'époque de nos débuts en politique". Et le mag de conclure  "l'ancien premier ministre a su saisir au vol son moment, exploiter au mieux le rejet de ses deux concurrents, Sarkozy et Juppé. Mais la fragilité de ses soutiens aujourd'hui lui rappelle cruellement que, malgré son score impressionnant le 27 novembre dernier, il ne fut jamais qu'un candidat par défaut". Et l'Obs taille un costard (c'est le cas de le dire), au candidat qui a des gouts de luxe, s'habille de costumes sur mesure valant plus de huit mille euros pièce, possède "2F Conseil, sa lucrative société de conseil dans les domaines de la finance, des affaires publiques et de l'environnement", dont " les noms des clients... sont plus difficiles à trouver... D'après un spécialiste de ce milieu, François Fillon serait la 7e personnalité française la plus prisée "pour les conférences internationales. Et puis François Fillon" aime les belles voitures, les bolides de course-même s'il ne possède qu'une Toyota et une Peugeot achetées il y a plus de quinze ans... Cette passion pour l'automobile a permis au candidat d'avoir ses entrées dans les cercles les plus fermés. A l"'été 2012... François Fillon était parti se ressourcer sur l'ile de Capri aux cotés du richissime Luca di Montezemolo, ancien patron de Ferrari, pour des vacances entre sa villa Caprile,  et son yacht, loin de Solesmes, de ses moines et de ses forêts bucoliques"....

Les média, anti-pouvoir

Marianne rappelle les propos que le candidat tenait  en novembre dernier, lors d’un meeting : "Les élus sont des personnes à qui le peuple souverain confie provisoirement devons l’honorer. L’Etat et son chef ne peuvent pas demander aux Français de se dépasser, ils ne peuvent pas exiger des citoyens qu’ils respectent les lois, si le soupçon est au cœur de l’Etat. Voilà ce que je crois, et il fallait bien quelqu’un qui se lève pour le dire. "

Marianne tonne "Droit dans ses bottes, le candidat LR à la magistrature suprême, l’homme qui prétend laver plus blanc que blanc, l’ex-"M. Propre" de la politique, est venu expliquer aux Français, les yeux dans les yeux, qu’il n’avait rien à se reprocher. Bref, François Fillon a inventé la faute fictive : il demande pardon tout en jurant qu’il n’a rien fait de répréhensible. Marine Le Pen peut apprécier le cadeau. Peu importe que les élus du FN collectionnent les casseroles, à commencer par ceux qui sont élus européens (dont la cheftaine elle-même).

Peu importe que les sources de financement de la famille Le Pen soient d’une obscure clarté. La candidate de l’extrême droite pourra claironner l’air du "tous pourris (sauf moi)".

Désormais, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, François Fillon verra se dresser devant lui le citoyen de base en droit de répliquer dès lors qu’on lui parlera des nécessaires sacrifices : et vous ? Comment pouvez-vous nous parler d’effort, de solidarité, de suppressions de postes de fonctionnaire alors que votre épouse a profité plusieurs années durant d’un régime d’assistanat fort confortable (plus de 3 000 € par mois en moyenne).

Cette défiance entre le candidat et les média a conduit l'Express à interroger le philosophe Marcel Gauchet. Pour lui, "les media sont passés d'un rôle de contre-pouvoir - absolument nécessaire en démocratie - à un rôle d'anti-pouvoir, c'est à dire d'empêchement systématique de l'exercice du pouvoir, au motif d'examiner ses coulisses et ses véritables motivations. D'autant plus qu'il y a dans le cas spécifique de cette affaire beaucoup de lecteurs ou d'auditeurs qui restent sur leur faim et ont l'impression que les média n'ont fait que la moitié du travail : l'autre chose que l'on voudrait connaitre... c'est l'identité des gens qui sont derrière ces informations...".

Emmanuel Macron, Obama et la Finance

Après la Villette pour François Fillon, Paris-Match a suivi Emmanuel et Brigitte Macron à Lyon. Macron-Obama, même combat, laisse entendre le mag qui écrit dans une légende photo que "la politique a trouvé sa pop star ... L'outsider de 2017 crie les bras en croix devant une salle en délire. Pour se poser en homme neuf  capable d'incarner l'avenir et la fin des clivages, Emmanuel Macron s'est inspiré de Barack Obama... il fait appel aux mêmes méthodes de stratégie électorale. Un recoupement d'informations permet dès lors d'organiser un porte à porte ciblé  auprès de milliers de français... pour mieux donner de la voix. Et en gagner". (Ndlr; soit dit en passant, François Hollande s'était inspiré de cette méthode en 2012...) Dans le reportage de six pages qui lui est consacré on le voit, concentré, les yeux clos, avant son entrée en scène. A la recherche de l'inspiration? Dans l'article  consacré au candidat d'En Marche !, le mag  revient sur la "question que tout le monde se pose : où est le programme ?" "Il n'y aura pas un catalogue de propositions comme l'avaient fait Mitterrand ou Hollande. La philosophie et les grands axes sont là. Et sur beaucoup de sujets il a déjà avancé plus de solutions que beaucoup d'autres candidats"... En attendant ses proches tentent de tempérer le candidat " incapable de se garder du temps libre, qui veut faire plaisir à tout le monde", d'après le député Christophe Castaner, un de ses porte-parole. Tout cela fait dire à son épouse Brigitte qui se confiait à un de ses amis "Il faut que tu m'aides à le calmer. Tu sais ce n'est pas marrant de vivre avec Jeanne d'Arc". Coté programme, on apprend dans l'Obs que Macron "veut donner une deuxième chance à un entrepreneur qui a failli, faute d'avoir été suffisamment conseillé ou par inexpérience, car il veut " être le candidat du travail" et "quand on est le candidat du travail on est le candidat des entrepreneurs". Et celui de la finance ? "Ne fais pas le con sur l'ISF et on te soutiendra" lui auraient dit en substance quelques grands noms de la finance...

La tête de Philippot

D'après le Point, Marine Le Pen, qui a déclaré au Monde que son premier ministre ne serait "pas forcément" une personnalité du Front National, aurait "douché" les espoirs de Florian Philippot. La raison?  "il ne saurait pas travailler en équipe". Et le mag de citer "un poids lourd frontiste qui affirme que "tout le monde annonce qu'elle lui coupera la tête en cas d'échec à la présidentielle. Moi je prédis au contraire qu'il ne survira pas à la victoire"...

Carlos Gohn : Renault, c'est moi

Le Point est allé interviewer le PDG de Renault, qui a obtenu "des résultats exceptionnels l'année dernière : le ventes ont augmenté de 13%. L'occasion pour le patron de la marque de remarquer qu'on n'a pas toujours été" patient avec Renault. On ne nous a pas toujours aidés. Mais ces critiques répétées, même si elles m'ont peiné, m'ont fait avancer ...". A la question sur sa rémunération (16 millions d'euros pour l'année 2015), qui provoque "des crispations", il répond : On s'adresse à moi comme si je fixais moi-même mon salaire : il y a un comité des rémunérations, un conseil d'administration qui a pour responsabilité de garder un patron. Regardez dans l'histoire de l'industrie automobile combien de constructeurs ont vu leur essor ou, au contraire, leur chute être attribuée à leur dirigeant. Etudiez aussi les niveaux de rémunérations pratiquées chez les concurrents". Le Brexit l'inquiète-t-il ? (Nissan a la deuxième plus grosse usine automobile au Royaume-Uni). "Mais je ne sais pas ce qu'est le Brexit pour l'instant! On ne sait pas ce qu'il va se passer. Les négociations prendront beaucoup de temps...Ce qui nous importe, c'est la compétitivité du" made in United Kingdom"...Car ce que nous avons fait, ce sont des investissements européens, pas britanniques, basés en Grande-Bretagne. C'est valable pour toutes les entreprises : si des murs sont érigés entre l'UE et la Grande-Bretagne, les investissements se réduiront"...Enfin, Carlos Ghosn aimerait que  la présidentielle on réunisse les conditions pour que les entrepreneurs français qui ont essaimé dans le monde entier et singulièrement dans la Silicon Valley, "acceptent de revenir". Vaste programme ...

400.000 euros pour un boulot bénévole

Marianne revient sur un chapitre du rapport de la cour des comptes qui a épinglé le Conseil de l'ordre des chirurgiens-dentistes... les huit membres nationaux disposent d'un logement de fonction, où tout est pris en charge (gaz électricité, et même frais de blanchisserie et se sont partagés 400.000 euros d'indemnités annuelles pour une fonction théoriquement bénévole. Les ordres départementaux ne sont pas en reste ...

En Bref

Le Point raconte l'histoire de l'escroquerie monumentale montée par un expert en chaises anciennes qui faisait retaper des carcasses par des tapissiers complaisants et les revendait pour des sommes astronomiques au Château de Versailles ou à  de riches acheteurs... L'Obs  consacre une partie du numéro de cette semaine à  un dossier "spécial diplômes" (qui donnent du travail). Débouchés assurés dans le numérique, les professions de santé, les ingénieurs, les comptables. Prudence pour le journalisme, l'édition, et la traduction. Comment rester en bonne santé ? L'Express a décortiqué le dernier ouvrage du Docteur Frédéric Saldmann "Votre Santé sans risque". Il édicte les douze commandements "pour rester jeune et en bonne santé ". Faites du sport et manger sain ! Vous le saviez déjà ? Mais un rappel dans ce domaine n'est jamais inutile.

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