La Chine aura du mal à imposer le Renminbi comme monnaie de réserve<!-- --> | Atlantico.fr
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Les banques chinoises contrôlée par l’Etat ont été "invitées" à diminuer les prêts accordés aux institutions privées. Les entreprises chinoises ne peuvent plus faire virer à l’étranger plus de 5M$.
Les banques chinoises contrôlée par l’Etat ont été "invitées" à diminuer les prêts accordés aux institutions privées. Les entreprises chinoises ne peuvent plus faire virer à l’étranger plus de 5M$.
©STR / AFP

Revue d'analyses financières

L’objectif qui consistait à faire du Renminbi une monnaie de réserve n’est plus vraiment d’actualité. Affiché fièrement il y un an, il s’agissait de gagner la confiance des marchés pour imposer l’utilisation du Renminbi comme monnaie de transaction dans les échanges internationaux.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Le départ des capitaux chinois vers l’étranger ainsi que l’utilisation trop importante de l’effet de levier dans l’économie chinoise ont obligé les autorités chinoises  à prendre un ensemble de mesures visant à empêcher les sorties de capitaux massives, à reprendre le contrôle de l’endettement et de lancer le signal très fort que les jours de l’argent facile et gratuit sont terminés en Chine. Les banques seront désormais tenues pour responsables de toute évasion de capital "anormale" car aucun système d’autorisation préalable n’est mis en place. Au moment où tout le monde a les yeux braqués sur l’Amérique et sur l’Europe, ce qui s’est passé en Chine cette semaine est très important.

Les mesures prises traduisent la véritable panique qui s’est emparée des autorités

Le taux du Repo à 7 jours utilisé par les banques chinoises pour se prêter de l’argent entre elles vient de passer de 2,92% à 3,49% en une semaine. Le taux du Hibor (Hong Kong Interbank Offered Rate) pour emprunter du Renminbi offshore a augmenté de 522 points de base à 12,38% soit son niveau le plus élevé depuis le mois de septembre.

Les liquidités retirées du marché monétaire par la Banque de Chine se sont élevées à 18,8Md$ pendant la même période

Les banques chinoises contrôlée par l’Etat ont été "invitées" à diminuer les prêts accordés aux institutions privées. Les entreprises chinoises ne peuvent plus faire virer à l’étranger plus de 5M$.

Le rendement de l’emprunt d’Etat à 10 ans a immédiatement bondi à 3% son niveau le plus élevé depuis le mois de juin dernier. Cela s’est produit au moment où le Ministère des Finances de la République de Chine lançait une émission de 2 Md de RMB d’une durée de deux ans. Les banques qui garantissent cette émission de dette souveraine (Bank of China, HSBC, Standard and Chartered…) ont été obligées de proposer un coupon fixe de 3,5% pour placer l’émission. De son côté le Gouvernement Local de la zone franche de Shanghaï a été obligé d’accepter 2,85% pour lever 3Md de RMB à trois ans.

L’objectif qui consistait à faire du Renminbi une monnaie de réserve n’est plus vraiment d’actualité. Affiché fièrement il y un an, il s’agissait de gagner la confiance des marchés pour imposer l’utilisation du Renminbi comme monnaie de transaction dans les échanges internationaux.

Les investisseurs  ne donnent ce statut à une monnaie que si les cours de celle ci sont fixés quasi librement par les marchés et que les mouvements de capitaux sont totalement libres. Ce qui n’est plus le cas en Chine…

La dévaluation du Renminbi redevient donc d’actualité. Le chiffre qui circule le plus souvent est de 20%. Si cela se produit les banques chinoises seront les premières touchées car en face de leurs prêts en renminbi elles ont très majoritairement de la dette en dollar US. Il faudra surveiller de près le prochain chiffre de diminution des réserves de la banque centrale chinoise pour le mois de novembre. Le dernier chiffre du mois d’octobre ressortait à – 47,5Md de dollars. Le deuxième effet rendrait bien évidemment les produits chinois beaucoup plus compétitifs. Le troisième enfin difficile à quantifier serait la réaction du nouveau président élu des Etats Unis…

La nouvelle route de la soie, rebaptisée "One Belt One Road" par les autorités chinoises reste en revanche toujours d’actualité. La stratégie élaborée par le président Xi Ping consiste à relier par le rail, par la mer et par des pipelines la Chine avec l’Europe, la Russie, l’Inde, le Moyen Orient et l’Afrique soit environ 30% de l’économie mondiale. Environ 900 Md$ de projets ont déjà été financés par la Chine. Au total il est prévu que l’effort représentera au moins douze fois ce qu’a représenté le Plan Marshall pour l’Europe.

A défaut de retrouver son statut d’empire par sa monnaie, elle a beaucoup de chances d’y parvenir grâce à sa diplomatie et ses financements d’infrastructure. Plusieurs  sociétés occidentales sont très bien placées pour en profiter. Parmi elles figurent General Electric qui pourrait réaliser assez rapidement grâce à des projets en Chine, au Kenya, au Pakistan 5Md$ de chiffre d’affaires supplémentaire ; Honeywell a fourni des systèmes de contrôle du transport de gaz en Ouzbékistan, des systèmes de radars pour aéroports… ;  Siemens a investi 7,5Md$ dans 70 joint ventures en Chine dans des secteurs comme la transmission électrique, l’automation, les services à l’immobilier… 

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