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56% des sympathisants de la droite et du centre considèrent qu'Alain Juppé a le plus de chances de remporter la présidentielle mais seuls 36% des sympathisants Républicains considèrent qu'il ferait un meilleur président (contre 45% pour Nicolas Sarkozy)
©Reuters

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Un résultat révélateur des tensions et des hésitations de l'électorat de la droite et du centre.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : Quels sont les principaux enseignements de cette étude sur les images comparées d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy au regard des résultats du sondage similaire que vous aviez mené en septembre 2015 ?

Yves-Marie Cann : Le principal enseignement de ce sondage mis en perspective avec celui que nous avions réalisé début septembre 2015, c'est de constater qu'Alain Juppé s'installe dans les esprits comme le champion potentiel de la droite dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017. Mais il ne bénéficie par pour autant du statut de champion incontesté : Alain Juppé, face à Nicolas Sarkozy, doit encore convaincre les Français et avant tout ceux qui voteront à la primaire, les sympathisants de la droite et du centre. En effet, sur des éléments comme le courage, l'autorité ou encore le dynamisme, des qualités fortement attendues d'un président de la République, celles-ci sont aujourd'hui davantage attribuées à Nicolas Sarkozy qu’au Maire de Bordeaux, même si ce dernier progresse sur ces items face à l’ancien chef de l’Etat.

Au-delà de ces deux grandes lignes, on voit aussi qu'en l'espace de plusieurs mois, le regard des Français et plus particulièrement des sympathisants de la droite et du centre a évolué : sur l'ensemble des traits d'image testés, quels que soient les scores observés, on s'aperçoit que d'une manière générale, Alain Juppé tend à progresser face à Nicolas Sarkozy qui tend à baisser.

Pour autant, il n'y a pas de jeu de vase communicant parfait entre les deux favoris de la primaire à droite puisque l’on constate aussi une progression de la proportion de personnes interrogées ayant répondu "ni l'un ni l'autre" sur la plupart des items proposés. Alors que la campagne pour la primaire n'a pas encore commencé, une proportion non négligeable d'électeurs potentiels, de sympathisants de la droite et du centre restent encore à convaincre soit par l'un soit par l'autre pour dégager des lignes plus claires dans la perspective des scrutins à venir.

52% des sympathisants des Républicains considèrent qu'Alain Juppé a le plus de chances de gagner la présidentielle en 2017 (contre 34% pour Nicolas Sarkozy), mais seuls 36% considèrent qu'il ferait un meilleur président de la République contre 45% pour Nicolas Sarkozy. Est-ce le signe d'une résignation des sympathisants des Républicains ?

Ce sont deux résultats très intéressants parce qu'ils montrent combien en l'espace de quelques mois, Alain Juppé, notamment auprès des sympathisants des Républicains, apparaît de plus en plus comme celui ayant le plus de chances de gagner la présidentielle en 2017 : 52% des sympathisants des Républicains citent aujourd'hui Alain Juppé face à Nicolas Sarkozy, soit 21 points de plus qu'en septembre 2015, tandis que le score de Nicolas Sarkozy baisse de 25 points. Sous l'effet de l'actualité au sens large, de l'amorce de la campagne électorale et des enquêtes d'intentions de vote présidentielles, est en train de s'installer l'idée qu'entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux est celui qui aurait le plus de chances de l'emporter en 2017. Cela peut constituer un avantage concurrentiel important pour Alain Juppé car on sait qu'une élection primaire -dont la visée est de désigner le champion de son camp pour l'élection présidentielle- est aussi influencée par un vote stratège. Ainsi, ceux qui vont voter à la primaire vont désigner un candidat en fonction de l'image des personnalités, de leurs propositions mais aussi en fonction des chances de chacune d’elle de gagner l'élection présidentielle. Ceci étant dit, aussi forte soit la progression d'Alain Juppé par rapport à septembre 2015, son score reste encore largement perfectible : 52% c'est tout juste la moitié des sympathisants des Républicains qui citent aujourd'hui Alain Juppé quand plus du tiers se porte encore sur Nicolas Sarkozy.

De plus, il est intéressant de mettre ces résultats en parallèle avec l'item "ferait un meilleur président de la République" puisque sur cette dimension c'est Nicolas Sarkozy qui l'emporte face à Alain Juppé. Ce résultat témoigne d’une forme d'hésitation voire de tension au sein de l’électorat LR, lequel balancerait entre l’objectif de s’assurer d’une victoire en 2017 et un attachement qui reste fort à l’ancien chef de l’Etat, dont la stature présidentielle séduit toujours. Toutefois, si l'avantage est pour Nicolas Sarkozy, il est intéressant de noter que celui-ci perd du terrain par rapport au mois de septembre (-16 points), alors qu'Alain Juppé progresse de 9 points. Tout ceci crée aujourd'hui une forte incertitude quant à l'issue de la primaire qui aura lieu les 20 et 27 novembre prochain.

Si Alain Juppé devance Nicolas Sarkozy sur l'ensemble des dimensions stratégiques, il ne suscite pas l'enthousiasme. A moins d'un an de la présidentielle, quel candidat de droite pourrait rivaliser avec Alain Juppé sur ces dimensions "présidentielles" et susciter davantage d'adhésion ?  

Cette enquête montre les forces d'Alain Juppé mais aussi ses faiblesses. Il reste beaucoup à faire à Alain Juppé pour convaincre l’électorat potentiel à la primaire que c'est lui qui a aujourd'hui les meilleurs atouts pour être élu en 2017 et réformer le pays. A ce stade, Nicolas Sarkozy est incontestablement le rival le plus dangereux pour Alain Juppé car il bénéficie naturellement d'un avantage lié à la fonction présidentielle qu'il a occupée entre 2007 et 2012.

Ceci étant dit, il faut garder à l'esprit que la campagne pour la primaire n'a pas encore véritablement commencé. Au-delà des favoris, il y a au moins deux challengers : François Fillon et Bruno Le Maire qui, bénéficiant d'une meilleure visibilité lors de la campagne à venir, pourraient être en mesure de faire bouger les lignes. Il est possible que le regard des Français et plus particulièrement des électeurs à la primaire change sur ces personnalités. Les électeurs de la primaire leur reconnaîtront peut-être davantage qu'aujourd'hui une stature présidentielle, une capacité à accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, ce qui pourrait fragiliser non seulement Alain Juppé mais aussi Nicolas Sarkozy dont la personnalité reste extrêmement clivante.   

Il faut donc rester prudent, la vraie campagne ne débutera au mieux que fin août-début septembre. A ce moment-là, les lignes pourraient véritablement bouger et il sera intéressant de voir comment le regard des Français et de ceux qui voteront à la primaire évoluera ou pas sur chacun des candidats en présence et qui, en définitive, en tirera le plus grand profit. 

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