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Pour en finir avec l’extrême-droite
©REUTERS/Christian Hartmann

Chroniques du pot aux roses

En Autriche, peut-on encore qualifier Norbert Hofer de candidat d’extrême-droite alors que son parti a fait alliance avec les sociaux-démocrates dans une région ? S’il l’était, son score eût été bien plus faible. Hofer était un candidat réactionnaire au sens premier du terme. Et cette réaction porte un nom : le rejet de l’islam.

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Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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1 – L’Autriche en gris

Le soupir de soulagement entendu dans les rédactions de Libé et de l’Obs, pareil à celui poussé par leurs semblables de la presse boboropéenne, fait sourire. Oubliées les trente mille petites voix d’écart entre le président élu Vert et le candidat du FPÖ, Norbert Hofer, sur un total de près de 4,5 millions de suffrages exprimés. Escamoté le fait que le candidat dit d’extrême-droite disposait d’une majorité semblable à celle qui fit élire Mou-Président en France si l’on n’avait pas décompté les votes par correspondance. Négligée l’avance de Hofer, même en comptant ces derniers votes, dans cinq régions sur neuf.

Mais d’abord, peut-on encore le qualifier de candidat d’extrême-droite alors que son parti a fait alliance avec les sociaux-démocrates dans une région ? Il emporte de très loin le vote populaire, celui des ouvriers en particulier.

A mi-voix, la gauche susurre que ce sont les moins instruits, les ploucs, les sans-dents quoi, qui ont voté pour cette resucée de la bête immonde. Et puis d’abord, il a fait l’un de ses meilleurs scores dans la région où est né Hitler. Si ce n’est pas une démonstration ça …

La réalité est autre, comme à chaque fois qu’on examine ce que nous disent ces bien-pensants qui retardent d’une guerre. Hofer n’était pas un candidat d’extrême-droite. S’il l’était, son score eût été bien plus faible. Hofer était un candidat réactionnaire au sens premier du terme. Et cette réaction porte un nom : le rejet de l’islam.

Bigoterie, modèle patriarcal éculé, accoutrements moyenâgeux, sexisme, brutalité, intolérance : tels sont les qualificatifs qu’une part bientôt majoritaire des Européens accolent à cette religion, n’en déplaise aux vivre-ensemblistes. La frontière leur paraît de plus en plus ténue entre islam et islamisme, au moins aussi poreuse que celle entre socialisme et communisme ou communisme et gauchisme, même si ces différentes factions se détestent parfois cordialement.

Le problème est que la population qui éprouve cette répulsion est d’abord celle dont la gauche prétendait autrefois défendre les intérêts. Du reste, si l’on retranchait du corps électoral le vote musulman, le FPÖ l’aurait emporté en Autriche, même si les mahométans y sont bien moins nombreux que dans beaucoup d’autres pays européens.

Ce qui vient de se produire en Autriche est donc l’amorce d’une recomposition profonde du champ politique en Europe. Les notions de gauche et de droite, de progressisme et de conservatisme, de libéralisme et de socialisme sont brouillées.

La prophétie gaullienne d’un XXIe siècle qui serait celui du retour des nationalismes doit elle-même être corrigée par la prise en compte du facteur religieux.

L’islam, dans sa version occidentale contemporaine, apparaît comme une affirmation identitaire, un mode de vie plus qu’un simple choix social et politique. Il n’est pas le fruit d’une tradition mais un phénomène nouveau.

Il régule par le bas les relations sociales : dans un monde anxiogène où les différences de statut professionnel façonnent presque tout, elles sont atténuées par une religion aux apparences égalitaristes, à la seule réserve du traitement fait aux femmes.

Encore ces dernières peuvent-elles y trouver aisément, si elles le souhaitent, le moyen d’esquiver dans la famille la confrontation avec les dures réalités du marché du travail. Le communautarisme musulman est une solution de confort. Viennent s’y greffer désormais des effets de mode et l’esprit grégaire de jeunesses perdues.

Dans ces conditions, dans notre société dite mondialisée, le clivage politique du futur opposera un universalisme individualiste et un universalisme qu’on pourrait qualifier de cellulaire, où l’individu obéit à une puissance céleste et à une communauté religieuse, où qu’il se trouve.

Ce sera le rôle des intellectuels que de s’affranchir des anciennes catégories et clivages politiques pour donner au premier les arguments qui lui permettront de triompher du second.

Dans l’immédiat, les esprits formatés par l’éducation nationale en France ont du mal à considérer cette nouvelle donne. Le terme d’extrême-droite est l’ultime fourre-tout où ils sont priés de jeter tout ce qu’ils ne comprennent plus. Mais leur désarroi est grand, leur défaite intellectuelle acquise et leur naufrage politique imminent.

Le 21ème siècle va enfin commencer !

2 - L’essence du pouvoir

Des voitures en double et même triple file le long des stations-service : les embouteillages qu’Hidalgo inflige aux Parisiens n’avaient pas besoin de ça pour leur pourrir la vie. Par souci d’égalité, la province ne sera pas épargnée. Il va bientôt falloir que Mou-président montre ses canines et Valls ses biceps, faute de quoi leur autorité maigrelette aura complètement disparu. A la première bavure lors de l’évacuation des dépôts et raffineries, la contestation risque de s’embraser.

Cambadélis parle déjà de ne plus utiliser le 49 alinéa 3 quand la loi El Khomri reviendra à l’Assemblée, ce qui serait une manière vicieuse de le laisser tuer par ses adversaires. Il faut dire que le risque d’une motion de censure deviendrait tout à fait réel.

N’oublions pas non plus que le pétrole est un bienfaisant lubrifiant, budgétairement parlant. Depuis deux ans, son prix en baisse sur les marchés internationaux a permis à l’Etat d’augmenter subrepticement la fiscalité et d’arroser les corporations en colère pour préparer les élections.

En 2014, ses recettes au titre de la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques) se sont élevées à 13,2 milliards d’euros, en 2015 elles sont passées à 13,9 milliards d’euros et en 2016 il est prévu qu’elles atteignent le record de 15,6 milliards.

Voilà de quoi calmer un peu les fonctionnaires, les éleveurs et autres intermittents du spectacle d’autant que les recettes des collectivités locales ont suivi la même progression, leur apportant une bouffée d’oxygène au moment où l’Etat réduit ses transferts.

Si la distribution de pétrole venait à caler durablement, la croissance en pâtirait pendant quelques mois et les derniers espoirs « hollandais » de doper l’économie avant 2017 s’envoleraient.

Encore une flaque glissante pour un président qui va finir par atteindre le magma à force de percer la croûte des sondages …

3 - Festival

Cannes s’est surpassé cette année. Résumons la situation, si délicieusement française : des paillettes pour les médias ; l’industrie du luxe et les subventions publiques pour financer les sauteries et, en guise de rédemption, un palmarès ouvriériste lors de la cérémonie de clôture. Ken Loach est parfait dans le genre : il tient un discours à la Jeremy Corbin puis termine en se prononçant ... contre le Brexit ! Bref, un contestataire tout à fait sage qui mérite bien sa petite pa-palme.

4 - Un bon flic est un flic désarmé

Emouvante remise d’une médaille et récompense sous forme d’intégration dans le corps des gardiens de la paix pour le policier qui a bravement paré les coups antifas sans perdre son calme ni répliquer lorsque son véhicule s’embrasait du côté du canal Saint Martin.

S’il avait mis une torgnole à son agresseur, il pointerait au chômage. S’il l’avait blessé, il serait à l’ombre. S’il avait été lui-même estropié, il aurait la légion d’honneur.

5 – Enquête sur les disparus de la semaine

Le vol « EgyptAir » Paris-Le Caire piégé à Roissy ? Depuis que cette hypothèse a été évoquée, le sujet a curieusement quitté les écrans radars médiatiques.

Le chômage selon l’Insee ? « Savapamieux » malgré tous les emplois bidons créés.

Mais notre grand inverseur de courbes n’en dit rien, il est réfugié dans une réflexion à haute voix sur sa place dans l’Histoire. Qu’il se rassure : elle sera nulle.

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