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"On enterre le scénario de la déflation un peu trop vite".
"On enterre le scénario de la déflation un peu trop vite".
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Les économies ralentissent partout. Cela n’empêche pas les marchés de se réjouir des derniers propos de Mario Draghi, président de la BCE. On est toujours dans le keynésianisme primaire qui consiste à penser que c’est l’Etat ou la Banque Centrale qui créent de la richesse. Pourtant, l’observation de la réalité montre que les banques centrales sont impuissantes pour faire face à une croissance atone.

L’endettement mondial a progressé de 40% du PIB mondial depuis 2007. La politique de "taux zéro" pratiquée par toutes les banques centrales ont maintenu en vie des sociétés mal gérées qui auraient du disparaître et des gouvernements peu courageux qui n’ont pas su faire de réformes.

L’hyper-inflation qui devait être la conséquence logique de politiques monétaires très laxistes n’a pas eu lieu. La quasi totalité des économistes l’anticipait pourtant. Il faut donc bien maintenant se poser la question de la vigueur des pressions déflationnistes.

Les sociétés de matières premières connaissent en ce moment une crise de solvabilité qui est loin d’être terminée. Elle sera proche de la fin quand nous assisterons à des mégafusion du type BHP + Billiton et Exxon + Mobil. Des pays sont désormais dans une situation budgétaire compliquée. Le déficit de l’Arabie Saoudite, victime de la chute de ses recettes pétrolières, inquiète le FMI. A la tête du troisième fonds souverain mondial, elle a été obligée de retirer 70Md$ aux sociétés de gestion à qui elle avait confié des fonds à gérer. Les sociètés les plus exposées à ce mouvement sont les très grandes sociétés de gestion : Blackrock qui gère 4800 Md$, Vanguard (3100Md$), State Street (2400Md$), Fidelity (2100Md$) et Allianz (2000Md$).

L’euthanasie du rentier va donc continuer. Observons que les obligations ont réalisé une performance supérieure à celle des obligations depuis douze mois et surtout n’oublions pas que cet été certains ETF se traitaient avec 40% de décote tant la liquidité des marchés avait disparu !

On a du mal à voir "la France apaisée" de Monsieur Hollande

La pression fiscale s’est alourdie en France de 58 Md€ en plus sur les ménages en six ans. Les régimes de retraites sont en quasi faillite. Sans alignement des régimes publics sur ceux aux mêmes conditions et sans report formel de l’âge de départ à la retraite pour tout le monde, le système ne fera qu’accumuler les déficits au cours des prochaines années. Rappelons une fois de plus le courage de l’association "Sauvegarde des retraites" qui se bat contre les mesures de spoliation des régimes de retraite du privé. Les derniers accords sur l’Agirc-Arrco, présentés par les m"dias comme un "sauvetage" ne feront  en fait qu’aggraver un peu plus les différences de traitement qui prévalent, en matière de retraites, entre les deux sphères publique et privée.

Les "économies" réalisées par la Sécurité sociale, ne sont si on les regarde de près que des économies en trompe-l’œil.

Quant aux chiffres du chômage, un peu moins mauvais le mois dernier, ils n’ont aucune chance de s’améliorer si les mauvaises performances du bâtiment continuent. La responsable principale est bien évidemment Cécile Duflot, ancienne Ministre en charge du bâtiment qui a largement contribué à casser le marché. Il est totalement anormal d’avoir eu sept ans de recul consécutifs du marché de l’immobilier. En matière de justice l’impuissance publique devient préoccupante. En ce qui concerne les participations de l’Etat, il est le pire de tous les actionnaires.

L’Europe aura encore droit à un nouveau "softpatch monétaire"

L’Europe est plus exposée aux marchés émergents que les Etats-Unis. Les pays qui ont le plus fort taux de dépendance en chiffre d’affaire étant les Pays Bas (24% de l’indice), l’Espagne (22%), la Grande Bretagne (15%). L’Allemagne est à 10% et la France à 9%. Tout le monde a compris qu’il y aurait encore un "softpatch monétaire" de la BCE cet hiver. Elle n’a en effet pas d’autre choix que d’amplifier encore sa politique de rachat d’actifs

En Allemagne, même si Volkswagen représente 10% des exportations allemandes, il ne faut pas enterrer trop vite les exportateurs allemands. L’excédent des paiements courants de l’Allemagne est toujours de 8,5% du PIB avec un excédent budgétaire pour la quatrième année consécutive. Les marges de manœuvre sont donc grandes. La seule inquiétude pourrait être le développement des mouvements anti-islam qui manifestent ensemble, selon Die Welt, contre la politique menée par Angela Merkel.

L’économie chinoise décélère mais n’implose pas

C’est l’impression de panique donnée par les dirigeants chinois pendant l’été qui a fait dire à certains que la Chine était en faillite. Pour eux, la Chine serait une boite noire car le gouvernement mentirait sur les chiffres. Quand on regarde les chiffres, on ne constate pas de baisse des volumes d’importation sur le pétrole, le minerai de fer ou le cuivre. On voit que les services sont en forte croissance autour de 12%. La consommation se tient bien. La transformation de la Chine en empire économique se poursuit.

L’excédent commercial chinois est toujours aussi important car tout ce que la Chine importe vient de baisser de moitié.

La première émission en Renminbi effectuée à partir de Londres pour la People’s bank of China a été couverte plus de six fois, offrant un rendement de 3,1%. Cette émission sera suivie par celles de Agricultural Bank of China et China Construction Bank. Si le RMB fait partie des monnaies de réserve? c’est environ 1000md$ qui devront s’investir sur la devise chinoise. Les obligations en devise chinoise constituent une opportunité d’investissement intéressante. L’accès à ce marché étant difficile pour les particuliers, il vaut mieux investir dans un fonds.

Aux Etats-Unis, le scénario d’une hausse rapide des taux s’éloigne alors que la croissance faiblit. Le dollar a cessé de monter. Les salaires commencent à progresser.

La dynamique du marché actions est devenue négative. La volatilité extrême des ETF inquiète beaucoup les investisseurs.

Les banques européennes poursuivent leur chemin de croix

Les banques européennes sont malades de l’hyperrégulation. Elles manquent de visibilité en matière réglementaire. Le régulateur américain a été particulièrement dur avec les banques européennes, surtout la BNP. La Société Générale va diminuer de 20% le nombre de ses agences. HSBC va supprimer dans les mois qui viennent 50 000 emplois. Deutsche Bank doit procéder à près de 6Md€ de dépréciations dans ses comptes. Le Crédit Suisse va procéder à une augmentation de capital de 6,5Md CHF. Comme toutes les banques en Europe le groupe cherche à avoir plus de capital, moins de risques et moins de coûts.

Pendant ce temps, les banques américaines dominent les marchés. Les résultats de Morgan Stanley ont toutefois été bien inférieurs aux prévisions des analystes. Dans l’Histoire, on a rarement vu les marchés actions monter quand les banques n’allaient pas bien.

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