Krach boursier chinois : la loi des cycles de sept ans pourrait encore frapper<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis le décrochage du renminbi le 11 août dernier (-5% en trois fois), la Chine déstabilise tous les marchés mondiaux.
Depuis le décrochage du renminbi le 11 août dernier (-5% en trois fois), la Chine déstabilise tous les marchés mondiaux.
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Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Nous sommes sept ans après la faillite de Lehman Brothers de 2008, qui suivait l’effondrement des valeurs internet en 2001, la chute des pays d’Amérique Latine (Argentine, Mexique) en 1994 et le krach boursier de 1987. Tous les sept ans, une crise financière majeure se produit avec une grande régularité. La Bible (Genèse 41.1) avait déjà identifié ce phénomène en le décrivant comme "une période de vaches grasses suivie par une période de vaches maigres", accompagnée entre les deux d’une remise de dettes pour que les affaires reprennent.

Ce qui s’est passé cette semaine ressemble à un krach boursier chinois, qui serait en train de muter en très fort ralentissement de l’économie mondiale. La Chine est en train d’exporter son ralentissement, ce qui pourrait représenter trois points de croissance en moins pour l’économie mondiale et au moins un point pour la France.

On est en train de payer les excès de création de monnaie par toutes les banques centrales. Le fameux "Quantitative Easing" qui a inondé les marchés de liquidités n’a pas servi à financer suffisamment les investissements productifs. Il a servi partout à faire monter le prix des classes d’actif de façon déraisonnable. Dans un tel environnement, tout réajustement boursiers se produit de façon violente avec une forte hausse de la volatilité.

Dans les périodes de turbulences boursières, très difficiles à vivre pour ceux qui sont trop investi, il faut avoir le courage de regarder avec sang froid les grands indicateurs économiques et d’utiliser des règles d’investissement prudentes qui évitent de prendre des décisions sous le coup de l’émotion.

La Chine est dans le "hard landing"

Les bourses chinoises ont baissé de  8,5% lundi dernier. Depuis le décrochage du renminbi le 11 août dernier (-5% en trois fois), la Chine déstabilise tous les marchés mondiaux.

La forte baisse de la croissance chinoise qui serait maintenant plus proche de 2 à 3% que des 7% fixés par Pékin, entraîne dans son sillage les devises et les matières premières. L’indice S&P des matières premières est retombé ainsi à un niveau jamais vu depuis 13 ans en baisse de 44% depuis 2014.

La production industrielle chute car le pays a beaucoup perdu de sa compétitivité. L’ouvrier chinois gagne désormais en moyenne autant que l’ouvrier hongrois.Or la Chine assure 11% du commerce mondial. Les exportations ont baissé de 8,3% en juillet

La Chine a levé le pied sur les programmes immobiliers, car 20% des logements construits sont vacants. C’est pourquoi les autorités avaient essayé d’attirer vers la bourse les 90 millions d’investisseurs particuliers appartenant à la classe moyenne. Beaucoup se sont endettés pour acheter des actions chinoises. Bien évidemment, ils vont dépenser beaucoup moins.

La PBOC (Banque Centrale de Chine)  a injecté 110MdRMB dans les banques sans arriver à stopper la baisse du marché. La Chine qui a acheté beaucoup de bons du Trésor US et des obligations en euro pourrait réaliser des ventes de panique au moment où la Fed va relever ses taux. C’est la grande crainte des investisseurs.

Nous ne sommes pourtant pas dans une "guerre des monnaies", mais dans un processus qui vise à faire en sorte que le cours du Renminbi soit déterminé par les marchés plutôt que par les autorités de Pékin. Cette condition est absolument nécessaire à remplir pour que la devise chinoise devienne partie prenante au niveau des monnaies de réserve et du FMI. Comme les autorités ont très mal communiqué, les marchés sont actuellement convaincus que nous sommes dans une spirale de dépréciation des monnaies pour que chaque pays regagne de la compétitivité.

Aux Etats-Unis, une hausse du dollar pourrait faire ralentir l’économie

La production industrielle a progressé  de 0,1% en juillet , surtout grâce à l’automobile. La hausse du dollar peut faire cesser ce mouvement très rapidement. D’ailleurs, le dernier indice PMI paru est au plus bas depuis deux ans.

Dans l’immobilier, les mises en chantier progressent encore. Les cours des sociétés de construction immobilière continuent de bien se porter

Tout ce qui se passe en Chine n’est pas uniquement favorable au dollar US. Parmi les valeurs refuge, on a vu l’or remonter de 6% en deux semaines, le yen de 2,5% et le franc suisse de 4%. Par ailleurs,la perspective d’une remontée des taux par la Fed, d’ici la fin de l’année, a entraîné depuis des mois des sorties de capitaux des pays émergents.

Il est peu probable que le Fed intervienne une fois de plus en sauveur.

L’Europe a dépensé trop d’énergie pour ne pas résoudre le problème grec

Les marchés européens ont baissé en moyenne de 3% lundi. En une semaine, l’Allemagne a perdu plus de 7%. Au moment où il aurait fallu se concentrer sur les effets directs et indirects d’une décélération de la croissance chinoise, l’Europe a choisi de se concentrer presque uniquement sur le dossier grec.  Malgré cela, la défiance contre la Grèce reste entière en Allemagne et Angela Merkel ne veut toujours pas d’une décote de la dette.

Les derniers indicateurs parus ne sont pas mauvais. Le PIB du T2 a progressé de 0,3% contre 0,4% au T1. L’excédent commercial de juin est à 21,9b€, grâce essentiellement à la baisse de la devise européenne. L’indice PMI composite est à 54,1 en août contre 53,9 en juillet. Le problème maintenant est que la baisse de la demande dans les marchés émergents ne sera pas compensée par celle des pays développés.

L’euro s’est plutôt bien comporté en remontant autour de 1,16 $. Les positions vendeurs ont beaucoup diminué.

En France,François Hollande fait des chèques en bois dans la perspective des élections présidentielles de 2017. Il était déjà dans le piège de la croissance zéro avant la crise de cette semaine. Si une dépression touche l’économie mondiale, la construction du budget 2016 et le respect des engagements de la France vis-à vis-des autorités européennes sera impossible à tenir.

Le dérapage du déficit en fin d’année va priver le gouvernement de toute marge de manœuvre. Tout ce la n’a pas l’air de préoccuper le président de la République. Son objectif très important pour lui est de faire entrer des écologistes au gouvernement pour les empêcher de proposer une candidature verte en 2017.

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