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Révolution nue
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Revue de blogs

Le nu, si banal sur le Net, redevient soudain subversif, une forme d'activisme personnel pour contester l'armée en Egypte, le gouvernement en Chine, le machisme partout, ou le regard sur la maladie en se photographiant nu(e) pour une cause. En quelques semaines, de l'Egypte à la Chine, la nudité est en train de redevenir politique.

Le 23 octobre, une photo noir et blanc d'une jeune fille nue apparaissait sur le blog égyptien Journal d'Arabel. Avec beaucoup d'autres dessins et photos de nus, d'hommes et de femmes, dessous. Très gonflé, même dans la cocotte-minute qu'est l'Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak. Il n'y avait pas d'erreur possible sur les intentions, l'acte était revendiqué par la blogueuse : féministe,  révolutionnaire, "athée depuis l'âge de 16 ans", tigresse, nue.

Elle n'a pas laissé les supputations s'éterniser. Le 8 novembre, sur Twitter, elle s'est avancée pour se dénuder encore plus  en révélant son identité. "Mon nom est  Aliaa Elmahdy. Je publie sous mon vrai nom. Elle a 20 ans, un visage de poupée, et pose sur Facebook et Twitter avec son compagnon Kareem. Il est sur la même longueur d'ondes. Il a fait 4 ans de prison pour "insulte contre le Président Moubarak et l'islam". La photo nue, jolie, a fait le tour du monde, comme tant d'autres, elle ne dit rien de spécial. Mais en Egypte, sa page Facebook a été fermée. Les commentaires sont ceux que l'on imagine. Si l'attention des Égyptiens n'avait pas été détournée par les nouvelles convulsions de la place Tahrir, elle risquait beaucoup. Mais elle l'a fait.

Un appui inattendu lui est venu d'un autre pays, le 19 novembre. Des femmes se sont elles-aussi dénudées et photographiées, en solidarité avec Aliaa. Que la rescousse vienne d'un groupe de femmes israéliennes n'est pas forcément d'un grand secours pour Aliaa l'égyptienne, mais elles aussi l'ont fait.

« Hommage à Aliaa Elmahdi. Ses sœurs en Israël. »

En quelques semaines, ici et là de par le monde, le nu "révolutionnaire" progresse sur les réseaux sociaux. Il y avait eu dans les rues le sexy détourné, à message, amorcé par les féministes ukrainiennes de FEMEN,puis par les manifestantes des"marches des salopes". Arrive le nu fragile et crâne, téléchargé sur le Net, et tant pis pour la tache blanche du flash dans le miroir où l'on s'est photographié, pour les corps fatigués ou imparfaits, c'est autre chose, c'est pour une cause. La Chine vient de s'y mettre.

Nus pour Ai Weiwei

Cette photo de l'artiste et dissident chinois Ai Weiwei, entouré de quatre femmes nues comme lui, lui a valu ainsi qu'à son assistant d'être accusé de "pornographie". Ceci, après un harcèlement incessant des autorités : plus d'un million d'euros de redressement pour "évasion fiscale" (qu'il a réussi à payer par souscription publique), et 81 jours de prison. Qu'à cela ne tienne. Indignés, eux aussi, des internautes chinois ont réagi en se photographiant nus, pour dire "non" au Parti, comme Weiwei .Le site de la campagne Awfanude ( sous-titrée : Écoute, gouvernement chinois : la nudité n'est pas de la pornographie) est maintenant bondé de nudités chinoises timides, familiales, hilares ou viriles.

Photo Awfanude

Photo Awfanude

Photo Awfanude

Les amazones invisibles

La France a aussi ses "nues pour une cause" qui font peur.  L'an dernier, la série de portraits d'"amazones", ces femmes qui ont subi une ablation du ou des seins - n'a pas passé le barrage des modérateurs lors de la Semaine internationale de sensibilisation au cancer du sein. Censurées par Facebook, et invisibles ailleurs (ci-dessous, photo publiée sur le blog de Catherine Cerisey ).

Cette année, une campagne beaucoup moins choc, des body-paintings artistiques (ci-dessous), photographiés là encore pour sensibiliser au cancer du sein, a rencontré le même barrage. Il n'y a pourtant pas grand-chose à craindre de ces femmes, ici. Sauf nos puissantes peurs intimes, bien sûr.

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