Après le "Grexit" qui se prépare, les prochaines étapes pourraient bien être le "Brexit" et surtout le "Frexit"<!-- --> | Atlantico.fr
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Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Dans le feuilleton grec, toutes les prévisions des sondages se sont révélées fausses. Le pays est désormais aux avants postes du déclin occidental. Il porte une dette de 320Md€, soit 180% de son PIB qui a servi a payer des dépenses courantes et non pas des investissements (en dehors des Jeux Olympiques !). Le poids de la fonction publique, un régime de retraite parmi les plus généreux du monde (un tiers du pays part à la retraite à 55 ans, les présentateurs de télévision partent eux à 50 ans, 20 000 morts qui continuent à percevoir leur retraite), une fraude fiscale endémique (les armateurs ne payent pas un centime d’impôts car c’est inscrit dans la constitution) et une corruption généralisée empêchent, par manque de courage de son personnel politique, ce pays de revenir dans les clous d’une gestion normale. Aujourd’hui, Alexis Tsipras est en défaut vis-à-vis de ses créanciers extérieurs, mais aussi vis-à-vis des salariés de la fonction publique et des retraités grecs. A sa légitimité démocratique acquise après le référendum, les gouvernements des pays de la zone euro opposent le principe de continuité de l’Etat. Il en va de la crédibilité du projet européen.

La crise grecque révèle que les institutions européennes ne sont pas bonnes. Elles ont été incapables de trouver une réponse adaptée aux maux causés par un système qui ne fonctionne plus. Chaque fois que l’on a aidé la Grèce, les mesures ont été inefficaces pour aider ceux qui étaient parmi les plus pauvres.

Si on ne les fait évoluer rapidement ces institutions, le Royaume-Uni quittera l’Europe et il y aura d’autres Grèce (les pays de l’Europe du sud et probablement la France, avec un "Francexit"). Le non grec au référendum est l’opportunité de remettre sur les rails une Europe plus resserrée qui la renforcerait.

C’est d’autant plus urgent que l’antigermanisme fait de nouveau entendre sa petite musique. La crise grecque serait uniquement la conséquence des exigences de rigueur budgétaire imposées par la Chancelière Angela Merkel. Ce qui est totalement inexact quand on regarde les plans d’aide de l’Europe accordés à Athènes depuis 2010. Le problème qu’il faut traiter est que la "ménagère souabe", comme la surnomme les Allemands, ne supporte pas que d’autres s’exonèrent des sacrifices qu’elle a consentis pour son pays.

Ce qui est en jeu, c’est la possibilité pour les partis extrémistes de gauche et de droite en Europe de faire des fausses promesses dans des programmes populistes tout en rendant l’Europe et l’euro responsables de leurs propres difficultés.

L’Europe ne peut pas fermer la porte à Platon, comme on le disait au moment de l’entrée de la Grèce dans ce qui s’appelait alors la Communauté Economique Européenne. Il faudrait que le gouvernement grec comprenne vite que la diminution des dépenses publiques, baptisée par le mot impropre d’austérité, va de pair avec les réformes. Ce sont les deux facettes de toute politique de redressement.

François Hollande prépare sa campagne électorale de 2017

François Hollande nous a encore expliqué cette semaine que l’économie française était "robuste" alors que la France est le pays qui est confronté à une avalanche de chiffres inquiétants : la dette publique s’envole, les dépenses continuent d’augmenter.

Le Pôle Emploi est inefficace selon la Cour des Comptes. Il suit très mal les chômeurs et la fusion ANPE-Assedic n’a pas produit les effets escomptés.

Au lieu d’avoir le courage de prendre les décisions pour redresser son pays, il est entré d’ores et déjà en campagne électorale en faisant du clientélisme. Voilà quatre exemples particulièrement illustratifs de cette stratégie :

1/ Les fonctionnaires auront droit à des hausses de traitement en 2017 et François Hollande ne touchera pas à l’âge de leur départ à la retraite (60 ans et six mois en moyenne dont 52 ou 57 ans pour la SNCF et la RATP contre 62 ans dans le privé). Ils conserveront également leur mode de calcul évalué sur les six derniers mois de traitement contre les 25 meilleures années dans le privé. 

2/ Les niches fiscales sont toujours au nombre de 453 représentant 82 Md€ de réductions d’impôts. Pourtant François Hollande avait promis d’en supprimer pour faire des économies.

3/ Les 4000 aiguilleurs du ciel garderont leurs primes. Elles seront exclues de la réforme du régime des primes des fonctionnaires. Partant en retraite à 57 ans, ils n’ont pas encore accepté de partir à 59 ans ! L’Etat continue d’accepter que les Français soient régulièrement pris en otage par un tout petit nombre de privilégiés. Rappelons que Ronald Reagan, président des Etats-Unis en août 1981, à la suite d’un conflit, avait eu le courage derenvoyer 11 345 contrôleurs aériens grévistes qui avaient ignoré ses instructions. Ne faisant plus partie des services fédéraux, ils ont été remplacés par des contrôleurs non grévistes.

4/ L’Assurance maladie doit réaliser trois milliards d’économies en trois ans. Comme d’habitude, l’essentiel de l’effort sera demandé au secteur privé. Le millier de cliniques et d’hôpitaux privés redoutent d’être la variable d’ajustement du secteur public. Marisol Touraine, leur ministre, leur rappelle qu’in doivent réaliser des "bénéfices raisonnables" alors qu’ils représentent 25% de l’offre de soins, 34% de l’activité mais seulement 17% des coûts !

Au moment où il faudrait expliquer de façon pédagogique la situation de la Grèce pour montrer que les gouvernements extrémistes ne peuvent conduire un pays qu’au désastre, le président de la République reste dans sa posture de synthèse permanente pour amadouer l’aile gauche du Parti Socialiste… A suivre.

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