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Fuite de Carlos Ghosn et sidération au Japon : l’ancien PDG de Renault-Nissan serait entré "légalement" au Liban
©ERIC PIERMONT / AFP

Spectaculaire rebondissement

L'ancien PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn est "entré légalement au Liban", selon des précisions ce mardi du ministère des Affaires étrangères à Beyrouth. Sa fuite depuis le Japon et son arrivée au Liban ont été communiquées lundi soir.

L’affaire Carlos Ghosn va-t-elle froisser les relations diplomatiques entre la France et le Japon ? La France a confirmé n'avoir eu aucune information sur la fuite du Japon de Carlos Ghosn. L'arrivée surprise à Beyrouth de l'ex-PDG de Renault-Nissan ce lundi a provoqué un séisme médiatico-judiciaire. Selon le ministère français des Affaires étrangères, les autorités françaises ont appris par la presse l'arrivée de Carlos Ghosn au Liban. Il faisait l'objet de poursuites judiciaires au Japon, avec des mesures destinées à éviter "qu'il ne quitte le territoire japonais", selon un communiqué du ministère français :

"Les autorités françaises n'ont pas été informées de son départ du Japon et n'ont eu aucune connaissance des circonstances de ce départ".

Les autorités libanaises ont confirmé que Carlos Ghosn était entré "légalement" au Liban. Aucune mesure n'imposerait "l'adoption de procédures à son encontre" et que rien ne "l'exposait à des poursuites judiciaires".

Selon les Echos, Carlos Ghosn aurait quitté le Japon sous une fausse identité en présentant aux contrôles douaniers nippons un passeport falsifié. D'après l'hebdomadaire, cette évasion aurait été planifiée depuis quelques jours avec sa femme Carole Ghosn.

A titre de comparaison, l’ancien maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, a été placé en détention afin d’éviter une telle potentielle fuite. L’élu de Levallois n’a pas eu la volonté d’échapper ou de se soustraire à la justice en attendant ses procès ou le verdict final, à la différence de l’ancien PDG de l’alliance Renault-Nissan avec ce choix radical de quitter le Japon.

La décision de Carlos Ghosn a provoqué la stupeur et l’incompréhension au Japon. Carlos Ghosn, qui préparait son procès, avait été placé en liberté conditionnelle au Japon. Il a confirmé mardi se trouver au Liban d'où il promet de parler "librement" aux médias.

Les circonstances de son départ du Japon, où il est accusé de malversations financières, demeurent obscures. Il aurait atterri en Turquie avant de rejoindre le Liban, dont il est un ressortissant. Il disposait d'un passeport français et de sa carte d'identité libanaise. Une théorie surprenante sur la méthode d'évasion de l'ancien PDG de Renault-Nissan a circulé, principalement dans la presse anglophone.

Selon des informations de la chaîne de télévision MTV Liban, reprises par la presse anglophone, Carlos Ghosn aurait fait venir un groupe de musique chez lui. Il serait parti avec eux de manière discrète. Une fois le concert terminé, Carlos Ghosn se serait potentiellement glissé dans une malle destinée au transport d’un instrument. Ainsi dissimulé, il aurait ensuite effectué un voyage vers un aéroport régional avec des contrôles moins stricts que les deux grands aéroports de Tokyo. Il aurait décollé vers la Turquie à bord d’un vol privé. Une fois arrivé en Turquie, il aurait finalement embarqué à bord d'un jet à destination du Liban. Ces informations des médias étrangers n’ont pas encore été confirmées officiellement et le mystère demeure sur les circonstances exactes de la fuite de Carlos Ghosn depuis le Japon jusqu’au Liban. 

Carlos Ghosn a donc communiqué et s’est exprimé sur son geste depuis son arrivée à Beyrouth : 

"Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l’otage d’un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité. Je n’ai pas fui la justice, je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine".

Carlos Ghosn est détenteur des nationalités libanaise, française et brésilienne. 

Une source dans son entourage a indiqué à l’AFP qu’il était "à Beyrouth avec sa femme", "libre" et "très heureux".

Carlos Ghosn était assigné à résidence au Japon où il attendait d’être jugé à partir d’avril 2020 pour des malversations financières présumées. Le 5 mars dernier, un juge avait accepté la libération de l’ancien-PDG sous caution d’un milliard de yens (8 millions d’euros), avec interdiction de quitter le Japon.

Son assignation à résidence à Tokyo lui laissait la liberté de voyager à l’intérieur du Japon, mais la durée d’absence de son domicile était réglementée.

En l’absence de traité d’extradition entre Beyrouth et Tokyo, Carlos Ghosn a peu de risque d’être renvoyé au Japon.

Pour son avocat au Japon, Junichiro Hironaka, "c’est une surprise totale, je suis abasourdi". Il a précisé qu’il n’avait pas été contacté par Carlos Ghosn et avoir appris "par la télévision" qu’il avait fui le Japon : 

"Bien sûr que c’est inexcusable, puisque c’est une violation des conditions de sa libération sous caution, c’est illégal au regard de la loi japonaise, mais pour autant, de là à dire que je ne comprends pas son ressenti, c’est une autre histoire".

Carlos Ghosn a été le chef d’entreprise le mieux payé au Japon. Il faisait l’objet de quatre inculpations : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan et deux autres pour abus de confiance aggravé.

Carlos Ghosn dénonce depuis le début un "complot" de la part de Nissan pour empêcher un projet d’intégration plus poussée avec Renault. Lors d’une audience préliminaire en octobre, sa défense avait demandé l’annulation des poursuites intentées contre lui au Japon, accusant les procureurs d’"actes illégaux" et de collusion avec son ancien employeur japonais afin de le faire tomber.

CNews

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