Le coup de tabac sur les bourses mondiales, un signal de plus de l'urgence à passer des discours aux actes<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Bourses européennes ont terminé en forte baisse vendredi dernier.
Les Bourses européennes ont terminé en forte baisse vendredi dernier.
©Reuters

Éditorial

Les Bourses européennes ont terminé en forte baisse vendredi dernier. Une chute qui s'explique par la conjonction des inquiétudes pour la croissance chinoise, de la tenue de la réunion de la Réserve fédérale américaine et des tensions observées dans plusieurs pays émergents.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le coup de tabac sur les bourses mondiales qui a conduit plusieurs pays émergents à relever drastiquement leurs taux d’intérêt au risque de casser la croissance pour défendre leur monnaie contre les fuites de capitaux vient de rappeler combien la reprise économique est fragile. Certes, la réaction immédiate des autorités monétaires permet d’entrevoir une stabilisation de la situation, sans écarter le retour de nouvelles secousses. D’où la nécessité de faire preuve d’une vigilance permanente pour éviter les effets de contagion engendrés par la mondialisation et de s’installer dans un contexte permanent de crise, en sachant que ce sont les pays les plus robustes qui seront les mieux à même de résister. Ce n’est malheureusement pas le cas de la France, dont les rigidités constituent un handicap supplémentaire alors que le climat fluctuant de la conjoncture commande flexibilité et souplesse.

Les doutes qui se répandent sur la pérennité de la reprise vont ainsi compliquer l’élaboration du pacte de responsabilité alors que chaque jour montre un peu plus l’urgence des réformes, car les derniers indicateurs traduisent une dégradation rapide de la situation. Alors que tous nos voisins commencent à repartir de l’avant, la France continue de faire bande à part, dans le mauvais sens. Les exportations progressent moins vite que le commerce mondial. L’investissement, qui a baissé de sept pour cent l’an dernier, devrait encore reculer de deux pour cent cette année. "Les prévisions de production sont à un niveau qui correspond à une récession" estime l’économiste Patrick Artus. Et nous ne devons pas compter sur nos partenaires extérieurs puisque la France fait figure de repoussoir. La taxation des hauts revenus à 75% et l’imposition des bénéfices, la plus élevée au sein de la communauté européenne, éloignent les entrepreneurs qui préfèrent investir en Grande Bretagne, en Allemagne ou en Espagne : d’ailleurs, les dépenses d’équipement étrangères en France se sont effondrées de 77% l’an dernier, alors qu’elles ont augmenté en moyenne de onze pour cent dans le reste de l’Europe.

Est-ce la raison de la conversion apparente de François Hollande à la social-démocratie ? Un début de prise de conscience est sans doute à la base de la grande opération politico-médiatique amorcée depuis quelques semaines. Au demeurant, le parti socialiste se montre pour l’instant bien discret face au  nouveau discours du chef de l’Etat, qui comporte pourtant une série de reniements. Mais, en voulant réunir l’ensemble des partenaires sociaux dans un gigantesque brassage de réformes tous azimuths, les sceptiques estiment qu’il s’agit seulement pour le pouvoir de jouer la montre tout en rassurant les organismes internationaux sur une bonne volonté qui ne débouchera pas nécessairement sur des décisions concrètes. D’autant que les réformes structurelles, si elles étaient vraiment mises en route, ne s’appliqueraient qu’avec lenteur. Mieux vaudrait se contenter dans l’immédiat de quelques mesures phares comme la suppression de toutes les charges patronales qui pèsent sur les bas salaires et apporteraient un grand soulagement aux entreprises, en particulier les PME. Une autre mesure essentielle peu coûteuse pour le budget consisterait dans un engagement solennel à renoncer à modifier à tout bout de champ les réglementations et la fiscalité, dont les variations incessantes donnent le tournis aux patrons, en les incitant trop souvent à renoncer à un investissement comportant trop de risques. Là encore, on attendrait du chef de l’Etat qu’il fixe un cap et ne se contente pas de se reposer sur une multitude de discours plus ou moins contradictoires des partenaires sociaux, n’engendrant qu’une gigantesque cacophonie.

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