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Explosion du prix des matières premières : pourquoi blâmer les traders est une erreur
©Reuters

Bonne feuilles

Depuis 2009, tous les experts et hommes politiques analysent la crise de 2008-2009 comme un dérèglement d’abord et avant tout "financier". Deux économistes hollandais, spécialistes des marchés pétroliers, montrent en quoi cette logique est une impasse, car reposant sur un diagnostic profondément erroné. Extrait de "La Crise incomprise" (2/2).

Mais les banques sont-elles vraiment responsables de la crise financière de 2008 et de la dépression économique qui en résulta ?

Est-il juste de tout mettre sur le dos de quelques gros bonnets touchant d’énormes bonus ? S’il est vrai que beaucoup de banques eurent un comportement irréfléchi, c’est sans doute leur faire trop d’honneur que de les rendre responsables de tout ce qui s’est passé.

Il se trouve qu’au milieu de la crise de 2008, les prix du pétrole et des matières premières agricoles atteignent des pics historiques. Le 11 juillet, jour où la banque Indymac se déclare en faillite, le prix du pétrole brut de la variété WTI se négocie au prix record de 147 dollars le baril. Le monde connaît la pire crise financière depuis les années 1930 et le pétrole est plus coûteux que jamais. Pure coïncidence ?

En écoutant les hommes politiques, les journalistes et les analystes financiers, c’est ce qu’on peut penser. Selon leur version, c’est la spéculation sur le marché du pétrole qui a provoqué cette forte hausse et de la même manière c’est la spéculation sur les marchés financiers qui a causé la crise bancaire. Ainsi peut-on blâmer les traders qui interviennent sur les marchés pétroliers après avoir blâmé les banquiers. Les hommes politiques ont d’ailleurs exigé qu’on enquête sur les marchés pétroliers pour trouver les responsables.

Une fois trouvé les coupables qui se cachent derrière ces scandales jumeaux, on pourrait conjurer les mauvais démons par une réglementation adéquate et le monde.

Les charges contre les banquiers et les traders pétroliers se fondent sur la seule conviction que les deux événements sont le fruit d’une spéculation effrénée.

C’est une grave erreur et nous allons le prouver.

Comme personne ne parvient à démêler vraiment l’écheveau des détails de la crise, tout le monde s’y perd. Du coup, personne ne se demande comment cela a commencé. Pourquoi soudainement les gens ne purent-ils plus payer leurs crédits ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a changé ? Qui s’est soucié de répondre à cette question ?

Nous l’avons fait et nous avons découvert que la réponse était limpide : le pétrole et avec lui les produits agricoles primaires comme le blé et le maïs, sont devenus si chers que beaucoup de foyers, faute de boucler les fins de mois, durent renoncer à payer leurs crédits. Or, nous savons pourquoi le prix du pétrole a grimpé : non pas à cause de la spéculation, mais en raison de l’agonie d’un système basé sur l’abondance d’une source d’énergie dans laquelle nous avons puisé sans compter, depuis longtemps, bien trop longtemps.

Extrait de "La Crise incomprise - Quand le diagnostic est faux les politiques sont néfastes", Oskar Slingerland Maarten van Mourik, (Les éditions du Toucan), 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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