Au secours, la France se droitise… mais qui en est responsable ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Français se sentiraient de moins en moins chez eux.
Les Français se sentiraient de moins en moins chez eux.
©Reuters

Une bérézina pour la gauche…

Ce n’est pas un sondage mais une enquête fouillée et complexe que publie Le Monde. Ses conclusions sont accablantes pour le pouvoir en place.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Non, Le Monde n’a quand même pas titré : « L’enquête qui fait peur ! » Mais l’esprit – à défaut du cœur – y était. L’enquête dépeint une France malheureuse, triste, déprimée, qui se réfugie dans le ressentiment et la crainte. Jamais, de mémoire de sondeur, le tableau n’avait été aussi noir, montrant des Français semblables aux naufragés du radeau de la Méduse.

Quelques chiffres et diagnostics. Une écrasante majorité des personnes sondées expriment leur défiance « à l’égard de l’autre – quel qu’il soit – l’immigré, le voisin, l’Europe, le musulman, l’étranger ». Une majorité tout aussi importante n’accorde plus aucune confiance aux hommes politiques. Ils sont 87 % à réclamer « de l’ordre et de l’autorité ». Et, score jamais atteint, 47 % des Français considèrent que « le Front national est un parti utile ».

D’où la conclusion du Monde : « Marine Le Pen a été entendue. » D’où le commentaire de l’institut de sondage : « Une droitisation qui témoigne de l’influence du FN. » On peut dire les choses comme ça. On peut les dire aussi autrement : « Une droitisation qui témoigne de l’effondrement moral et idéologique de la gauche de gouvernement. » Car on ne peut se contenter de faire toujours, et avec une persévérance mécanique des plus monotones, la danse du scalp autour d’un poteau où serait attachée Marine Le Pen.

Les Français pensent que les hommes politiques mentent ? C’est vrai, et ce n’est pas valable seulement pour ceux des hommes politiques qui sont encartés au PS. Mais jamais on n’a autant menti en si peu de temps, c’est-à-dire depuis mai 2012.

Les Français ont peur de l’islam ? Est-ce leur faute si cette religion est, de loin, la première pratiquée dans les prisons françaises ? Est-ce leur faute s’il ne se passe pas une semaine sans qu’ils apprennent que des dizaines de jeunes Français sont partis faire le djihad en Syrie et ailleurs ?

Les Français croient que rien n’est fait – ou est mal fait – contre une délinquance de plus en plus brutale et violente. Comment en irait-il autrement dès lors que les acrobaties juridiques de Christiane Taubira leur donnent l’impression dévastatrice qu’on se soucie plus des criminels que des victimes ?

Les Français entendent François Hollande leur promettre – ou faire promettre par ses ministres – que lui, fera baisser le chômage. Le chômage monte, et ils pensent que le président ment. Le même, pour se faire élire, déclare : « Mon ennemi, c’est la finance. » Puis, tête basse, pactise avec elle. Les Français sont alors fondés à croire que le président ment encore.

Les Français sont informés des turpitudes financières de Jérôme Cahuzac et des demi-vérités gouvernementales qui ont accompagné la descente aux enfers de l’ex-ministre du Budget. Comment ne cèderaient-ils pas à la tentation du « tous pourris, tous voleurs » ?

Les Français contemplent, sidérés, les gesticulations d’un Monsieur Muscle nommé Montebourg : « Non, l’État ne permettra pas. Non, il n’y aura pas de licenciements. » Puis les usines ferment et les entreprises dégraissent. Comment pourraient-ils, les sondés, croire encore à quelque chose ou en quelqu’un ?

De ce désastre c’est le président, son gouvernement et son parti qui sont seuls responsables. Les calamiteuses guerres intestines de l’UMP ne sont, en comparaison, que des querelles de bac à sable. Si c’est ça la gauche… Si pour connaître les projets du président de la République il faut lire Closer et non pas le site officiel de l’Élysée, alors dans ce cas peut-être faut-il changer de gauche.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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