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Plaidoyer pour le rétablissement 
de l’uniforme à l’école !
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Old school

En France, le port de l'uniforme à l'école a quasiment été abandonné après les événements de 1968. Et s'il permettait de lisser les différences sociales et de lutter contre l'échec scolaire ?

Matthieu Creux

Matthieu Creux

Matthieu Creux est blogueur politique sur Le Mal Pensant.

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C'est globalement devenu une idée ringarde. Pourtant, l'uniforme à l'école est probablement la meilleure idée et l’une des plus modernes pour lutter contre l'échec scolaire et la haine du tableau noir, surtout si l’on considère qu’un des gros problèmes de l’école d’aujourd’hui est, entre autres, un problème identitaire et social.

L’uniforme scolaire est porté dans les établissements d'enseignement primaire et secondaire de nombreux pays, notamment ceux de tradition anglo-saxonne. Peu de gens le savent, mais en France, il existe bon nombre de formations où les élèves sont en tenue uniforme : dans les lycées militaires, dans certains internats, dans les écoles hôtelières ou dans certaines formations scientifiques (blouses de travail) ou agricoles par exemple. Il faut également souligner que de nombreux établissements d’Outre-Mer font porter une tenue à leurs élèves (sans que ca ne choque personne).

Il n’y a ni décret ni circulaire sur l’interdiction de l’uniforme à l’école. Théoriquement, rien n’empêche un directeur d’établissement d’instaurer l’uniforme dans son école.

Lisser les différences sociales

En 2006, trois députés UMP ont déposé une proposition de loi visant à rétablir, selon eux, une certaine équité sociale, par le retour du port d'un uniforme (appelé « tenue commune ») à l'école de la République. « L’instauration d'une tenue commune permettrait de lisser les différences sociales entre les élèves, de limiter les insultes et agressions sexuelles dont sont victimes les jeunes filles et permettrait au monde éducatif d'évoluer dans de meilleures conditions » selon eux.

La même année, François Baroin remettait plusieurs propositions à Jean-Pierre Raffarin dans le cadre de l’association Dialogue & Initiative, dont celle de la remise au goût du jour de l’uniforme à l’école. En 2007, Philippe De Villiers mettait cette idée dans son programme. Xavier Darcos, François Bayrou ou Christine Boutin s’y sont aussi montrés favorables.

De nombreux arguments plaident en faveur du port de l’uniforme à l’école. Déjà, débarrassons-nous d’un cliché : on entend souvent dire que « ca fait militaire ou bagnard ». Ceux qui le pensent devraient pourtant noter que l’uniforme existe dans bien des endroits qu’ils fréquentent : à l’usine, dans certaines entreprises, chez Mac Do, dans les équipes de sports (et tout le monde se bat pour acheter les maillots !)… Et l’uniforme, d’un certain point de vue, existe encore dans nos écoles : il est aujourd'hui matérialisé par trois bandes, un puma ou une virgule.

La mode des ados, un uniforme ?

Les élèves étant tous habillés de la même manière, il n’y aurait aucune distinction de goûts vestimentaires et surtout, on ferait disparaître les marques « d’aisance financière » (ou l’inverse) visibles chez certains élèves. La ségrégation entre fils de riches et fils de pauvres, entre skateurs et ploucs, entre fashion victimes et paysans n’a plus lieu d’être dans les cours de récréation, et tout le monde réapprend à parler à l’autre, pas si différent finalement. Il ne s’agit pas de nier les différences sociales : il s’agit seulement d’essayer de les laisser de côtés à l’école. Il y a derrière cette idée le pari de rapprocher des élèves qui ne se seraient probablement pas parlés auparavant, visiblement trop différents en apparence. L’uniforme est un formidable outil facteur d’intégration : non seulement les élèves ne sont plus visiblement différents, mais en plus, ils ont sans se connaître un point commun

Du point de vue de la sécurité, les uniformes portés par tous les élèves permettraient aux surveillants de reconnaître facilement les « intrus potentiels » dans l’école. D’ailleurs, c’est incontestable, l’uniforme peut devenir un moyen comme un autre de lutter contre les vols ou les rackets, en plus de limiter la « course aux marques ». Sur cet autre sujet du coût vestimentaire, les uniformes sont bien moins coûteux que les vêtements à la mode que les élèves préfèrent généralement porter. Le coût des uniformes pourrait même être à la charge de l’établissement.

Les élèves en tenue redeviendraient fiers de porter les couleurs de leurs établissements (surtout par rapport à d’autres jeunes « de l’extérieur ») et réapprennent à apprécier l’école parce que c'est « leur » école. L’uniforme sur le dos, l’élève n’est plus seulement « client forcé de son école », il en devient aussi l’ambassadeur, en quelque sorte. Cette rigueur de l’habit qui rejaillit à l’extérieur rejaillit aussi positivement sur l’ambiance de travail. Il sanctifie en quelque sorte l’école : on y entre différemment qu’en se promenant dans la rue. C’est un peu irrationnel à expliquer, mais en tant qu’ancien élève d’un lycée où l’on portait une tenue uniforme, je vous le confirme.

L'uniforme a eu ses vertus, il les a peut-être toujours.

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