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Enfants : pourquoi aucun mode de vie même le plus sain ne peut atteindre l'efficacité des vaccins
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Faiblesse humaine

Une hygiène de vie et une alimentation irréprochables ne suffisent pas à empêcher les maladies… si l'on se passe de vaccin. Un témoignage anglais met ainsi en lumière l'efficacité des vaccins dans la protection contre les maladies virales et les risques liés au refus de ces substances.

François Bricaire

François Bricaire

François Bricaire est un médecin. Il est chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. Il est professeur à l'Université Paris VI-Pierre et Marie Curie.

 

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Atlantico : D'après le témoignage d'Amy Barker, une Anglaise n'ayant jamais été vaccinée, son régime incroyablement sain au cours de son enfance (pas de sucre et allaitement jusqu'à ses 1 an, pas d'OGM, pas d'aspartame, pas d'additifs, ostéopathie, homéopathie, aromathérapie, vitamine C, huile de foie de morue, etc.)  ne l'a pourtant pas protégée contre certaines maladies telles la rougeole, la rubéole, la coqueluche et même, lorsqu'elle était plus âgée, des lésions précancéreuses. Quel lien peut-on établir entre mode de vie sain et contraction de maladies ?

François BricaireC’est une question délicate. On peut y répondre de la façon suivante : il n’y a pas de lien absolu entre une hygiène de vie satisfaisante et le fait de développer des malades infectieuses. Même si on a une très bonne hygiène de vie, même si on prend toutes les précautions avec des vitamines et des supplémentations, on diminue sans doute le risque de développer certaines pathologies, on peut même favoriser ses moyens de défense contre des infections mais en aucun cas on assure une protection complète contre la circulation des maladies – en particulier infectieuses – qui peuvent nous atteindre.

Autrement dit, même avec de très bonnes conditions de vie, nous sommes tous, malheureusement, soumis au risque de voir des agents infectieux nous infecter et en particulier ceux qui se développent très volontiers (la varicelle, la rougeole, etc.) mais aussi éventuellement des maladies plus sévères (diphtérie, tétanos, méningite, coqueluche et autres infections diverses).

Ainsi, qu’on est une hygiène de vie de très bonne qualité, parfait, mais qu’on puisse considérer qu’à partir de là on est dispensé de se faire vacciner, c’est une énorme erreur. Il est indispensable de compléter l’hygiène de vie de qualité par des pratiques de vaccination et la vaccination fait partie de la bonne qualité d’hygiène de vie.

Les vaccins sont-ils une solution efficace ? Un mode de vie sain permet-il tout de même de limiter la contraction d'une maladie virale ? A contrario, malgré une hygiène de vie irréprochable, l'absence de vaccins est-elle une conséquence directe d'une prédisposition aux maladies ?

Il y a les deux à la fois : une bonne hygiène de vie peut, peut-être, améliorer les possibilités de lutter contre les maladies infectieuses, mais ça ne dispense en aucune façon des vaccinations qui seront indispensables pour se protéger et avoir des anticorps contre les agents infectieux, qui sont tellement forts qu’ils vont au delà des défenses qu’on peut assurer par l’hygiène de vie. 

Les parents anti-vaccins reprochent au produit inoculé d'être composé de poison. Amy Barker leur précise : "Si vous pensez que le système immunitaire de votre enfant est assez fort pour lutter contre les maladies évitables par la vaccination, il est assez fort pour combattre les petites quantités d'agents pathogènes – de toute façon morts ou affaiblis – présents dans l'un des vaccins". Un enfant vacciné encoure-t-il des risques en particulier ?

Le terme de vaccin comme équivalent au poison est une erreur. Ce n’est pas exact. Les vaccins sont des substances parfaitement anodines, contrôlées, surveillées, vérifiées, etc.

Maintenant, dire que les vaccins n’ont pas des inconvénients avec des problèmes de tolérance de temps en temps serait faux, effectivement, comme tout injection de substance étrangère dans un organisme. Mais ces réactions sont en générale transitoires. En termes de bénéfices, ces réactions assurent une bien meilleure protection vis-à-vis des problèmes infectieux qui peuvent être très graves.

Un enfant, même en parfaite santé, qui fait une méningite purulente, va avoir d’énormes problèmes. Or, si on a un vaccin disponible, ça serait dommage de ne pas en profiter. Ces propos s’étendent à la rougeole, à la coqueluche et à d’autres maladies infectieuses. L’enfant doit être protégé par des vaccins même s’il se défend par ailleurs bien contre les virus simples parce qu’il est en bonne santé et avec une bonne hygiène de vie. 

Quels arguments concrets peut-on donc avancer pour justifier le refus de vacciner ses enfants ? 

Ces parents anti-vaccins peuvent toujours dire qu’ils ont la liberté de faire ce qu’ils veulent vis-à-vis de leurs enfants. C’est une réponse égoïste. On se doit de protéger nos enfants en tant que parents et de leur donner le maximum de chances de lutter contre les problèmes qui les entourent.

De plus, refuser le vaccin revient à nier le fait que quand on se vaccine à l’état individuel on rend service à l’ensemble de la société. On empêche à une maladie infectieuse de se répandre dans la population. C’est l’intérêt collectif des vaccinations.

Que de temps en temps il y ait des inconvénients, des effets indésirables, c’est indéniable mais c’est le plus souvent bénin et transitoire. Le risque induit par les vaccins est très inférieur au risque induit par les maladies infectieuses

Propos recueillis par Marianne Murat

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