Halte au machisme qui s'étale impunément dans les rues de nos villes et vive la "planification urbaine genrée"<!-- --> | Atlantico.fr
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Les villes ne seraient pas assez paritaires dans la nomination des rues.
Les villes ne seraient pas assez paritaires dans la nomination des rues.
©Reuters

Théorie du genre... encore

Les villes aussi se retrouvent accusées de leur manque de parité... dans la nomination des rues. Un "problème" que certains prennent même très au sérieux...

Hash H16

Hash H16

H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Aujourd’hui, j’ai décidé de faire dans le léger, le diaphane, loin du politique, de l’économique et des lourdes questions du déficit budgétaire chronique, des maux de tête de contribuables et – a contrario – de la bonne mine rebondie de Moscovici. Nous allons parler de ville, de genre, et de toutes ces choses abominablement masculines qui étouffent l’égalité en France au niveau du vécu, des transports, du bâti et des cités de France.

Si, ici, vous pouffez en vous demandant quelle absurdité je vais bien pouvoir vous raconter, sachez que votre réaction n’est que le fruit de votre machisme à peine contenu et de votre soumission décontractée au patriarcat sournois dans lequel s’ébroue tous les jours la société sans que personne, à part quelques personnes correctement conscientisées, n’y trouve à redire. En effet, il n’est qu’à lire un récent article d’un Slate manifestement encore perdu dans les brumes alcoolisées de lendemains de fêtes arrosées pour comprendre que la France a mal à ses villes bien trop masculines et machistes pour qu’il ne soit pas tenté, immédiatement, quelque chose.

Tout commence donc par un constat, que l’auteur qui n’a pas froid aux yeux n’hésite pas à qualifier d’intelligent : quand on fait une cartographie des noms de rues d’une ville (Rennes pour l’exemple), on se rend compte que ces noms sont (trop) souvent masculins. Une analyse genrée (c’est une analyse du sexe du sujet en question) permet d’ailleurs de lever tout doute : les femmes sont minoritaires dans le nommage des rues. On peut se demander, une fois cette terrible (forcément terrible) constatation effectuée, ce à quoi elle nous pousse ; c’est vrai, ça : une fois qu’on sait qu’il y a plus de rues aux noms d’hommes célèbres que de femmes célèbres, quelle action mener et pourquoi ? Parce que voyez-vous, comme l’explique le fier folliculaire en charge de l’article en question, s’« il ne s’agit pas de «féminiser» l’espace urbain », on va devoir tout de même se pencher sur cette épineuse, palpitante et prégnante question pour comprendre comment la ville est devenue discriminante à cause de ça, et comment la rendre plus vivable pour tous (et donc pour les femmes si vous me suivez bien).

Car oui, apparemment, pour certains, le fait que les rues soient plus souvent nommées à partir d’hommes que de femmes rend la vie délicate en ville ; je n’exagère pas puisqu’on peut même lire que ces problèmes de genre, non ou mal traités, génèrent « de la violence » dans nos cités. Qu’il s’agisse des immeubles qui (c’est évident) tiennent lieu de gros zizis tout durs élancés vers les cieux, ou des stades de foot qui ne sont qu’une autre façon de représenter des trililis féminins, il est plus que temps de mettre en place une « planification urbaine genrée ».

On pourrait se demander pourquoi. On aurait le droit de demander une liste, même pas exhaustive, des principaux griefs de l’actuelle urbanisation machiste qui génère tant de violence de genre. Et si on le faisait, on n’obtiendrait aucune réponse parce que l’article préfère s’occuper du « combat pour l’espace » des femmes dans les rues.

Bien évidemment, n’attendez pas là non plus une explication concrète de ce qu’il conviendrait de faire pour limiter le besoin d’un combat pour l’espace des femmes, ou pour favoriser les (je cite) « pratiques nocturnes de la ville par les femmes ». Ici, il ne s’agit pas d’expliquer, mais de dénoncer des faits horribles, qui stigmatisent du Bisounours au canon de 105, qui écrabouillent de l’égalité genrée et qui étripent du chaton mignon avec les couteaux ébréchés de la statistique foireuse : on apprend en effet que dans les transports en commun, on trouve 8 hommes pour 2 femmes, selon un article du Monde, et que c’est dû selon l’auteur à la masculinité évidente du métro. Et non, cette statistique bidon n’est pas liée à l’insécurité bien française dans les transports en commun. Le fait que vos sens vous permettent de voir un ratio de 50/50 d’hommes et de femmes dans le métro new-yorkais ou tokyoïte à toutes heures du jour ou et de la nuit est un mensonge parce que vous n’avez pas été correctement éduqué, et puis c’est tout.

Du reste, la présence dans cet article ridicule d’un lien sur un autre article, tout aussi ridicule, qui date de plus d’un an donne une indication du sérieux général de ce qui est entrepris ici : l’utilisation extrêmement instable et explosive d’une pignouferie de presse de magnitude 5 dans une autre pignouferie de presse de magnitude encore supérieure peut entraîner des effets adverses catastrophique (et rigolos), mais cela n’est pas, en réalité, totalement fortuit. Car si c’est en effet du gros pipeau bien gras, cela ressemble tout de même à un élément supplémentaire dans un plan d’ensemble redoutable.

Eh oui, il ne faut pas longtemps pour comprendre que cette multiplication récente d’articles frappés au sceau douteux du WTF est bel et bien une tendance générale, comme l’illustre cet autre article, tout aussi WTF, mais au contenu autrement plus inquiétant. Ah zut et zut. On veut faire dans le léger, le diaphane, le pas politique pour deux ronds de flans, et malgré tout, on se retrouve à tomber à nouveau dans les remugles de la politique politicienne bien terre-à-terre, le tout emmené par la porte-parlote du gouvernement.

Mais c’est la vie et elle nous emmène (la vie et la porte-parlote) vers l’un de ces sommets sans lesquels elle ne vaudrait pas le coup d’être vécue (la vie, seulement la vie). Car au même titre qu’on la retrouve dans une presse titubante au milieu des vapeurs d’alcool et des subventions délétères, la question du genre et de la mixité sera aussi posée, inlassablement, par la minustre en mal d’existence au-delà de ses petites déclarations porte-parlotesques (dont, il faut bien le dire, les Français normaux se fichent complètement). Pour Najat Vallaud-Belkacem, cent fois il faudra remettre le couvert sur l’égalité homme-femme au travail : pour une égalité entre les hommes et les femmes vraiment plus égale, et aussi une meilleure croissance, Najat Vallaud-Belkacem préconise des métiers plus mixtes.

Oui oui, vous avez bien lu : une meilleure croissance. Car c’est limpide : pour assurer une bonne croissance, il faut de l’égalité entre les hommes et les femmes et un laitage tous les matins pour les petits entre 3 et 15 ans. C’est médicalement prouvé :

« La mixité des métiers est une clé de notre compétitivité retrouvée car elle est le plus sûr moyen d’accroître la réserve de talents disponibles »

Au passage, on notera qu’une « réserve de talents disponible » veut dire, essentiellement, « des gens qui ne sont pas occupés », quasiment par définition. Amuse tes amis : remplace le groupe de mots « réserve de talents disponibles » par « chômeurs » dans la phrase ci-dessous et découvre le résultat évident des excitations ridicule de la pauvrette. Et trêve de plaisanterie, il faudrait peut-être envoyer un pli cacheté à la porte-parlote qui n’est pas tout à fait en phase avec son époque puisque même dans les pays les plus férocement enquillés dans cette histoire d’égalité homme/femme (comme la Finlande), le tropisme sexuel des métiers reste obstinément présent, même avec des décennies de lavage de cerveau et des tombereaux d’argent public dépensés pour plier la réalité.

Vous l’avez compris, tous ces petits articles s’enfilent les uns derrière les autres parce qu’il y a bien un but au bout : celui de complètement modifier la société telle qu’elle existe. Peu importe que les plaintes émises soient celles d’un groupe très réduit (mais très bruyant) de personnes qui n’admettront jamais que les succès (souvent masculins) dans la médecine, l’ingénierie, la technologie – ou la science en général – ont fait plus en quelques centaines d’années pour libérer les femmes de leurs fardeaux que les nanogroupes de féministes revanchards adulés par Najat. Peu importe que ces nanogroupes ne représentent péniblement qu’eux-mêmes.

Car moyennant le bon nombre d’articles, moyennant la bonne propagande et le petit bruit de fond, répété à l’envi, tout le temps, en tous lieux, en tous temps, disséminant toujours le même crin-crin et la même idée simpliste d’une oppression permanente, l’agenda finira par passer comme une lettre à la poste. Et si besoin, ce sera par la force.

Avec Najat, pariez sur la force.

Cet article a été initialement publié sur le blog Hashtable 

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