Sens commun : les anciens de la Manif pour tous qui choisissent l'UMP plutôt que le FN<!-- --> | Atlantico.fr
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Militants du mouvement de la "Manif pour tous".
Militants du mouvement de la "Manif pour tous".
©Reuters

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"La Manif pour tous" intègre l'UMP. Cinq jeunes opposants au mariage homosexuel ont lancé l'association "Sens commun" et ont rejoint le premier parti d'opposition.

Arnaud Bouthéon

Arnaud Bouthéon

Arnaud Bouthéon, 40 ans, est un des co-fondateurs de Sens Commun.Après une expérience dans le sport business et l'événementiel, il a rejoint le mouvement social opposé à la Loi Taubira pendant plusieurs mois de novembre 2012 à mai 2013. Il est actuellement consultant auprès de diverses institutions.

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Atlantico : Avec d'autres anciens militants de la Manif pour tous, vous  avez officiellement lancé  l'association "Sens commun " ce jeudi au siège de l'UMP. Quel est le but de cette initiative ?

Arnaud Bouthéon : Le débat portant sur le mariage et l'adoption par les couples homosexuels n'est que le symptôme d'un mal plus profond. Il inaugure, en donnant raison à Madame Taubira, pour reprendre son expression "une réforme de civilisation". Nous avons tous été fortement mobilisés et engagés pour accompagner ce mouvement des consciences, qui a été profond et qui sera durable. A l'issue du vote de la loi, une nouvelle étape devait nécessairement s'ouvrir. Le risque aurait été de céder à la tentation d'une forme de romantisme, de cynisme voire de l'extrémisme, ce qui ne servait que les intérêts de l'adversaire. A la clôture de l'acte un, nous souhaitons modestement ouvrir un deuxième acte : celui de l'engagement politique. Avec modestie, nous souhaitons nous "cogner au réel" de la vie politique, y émettre des propositions et accompagner les élus qui nous ont séduit par leur courage tout au long de cette mobilisation inédite et historique.

L'une des forces de la Manif pour tous a été d'être un mouvement apolitique. Vous reconnaissez-vous dans l'UMP actuel ? Ne craignez-vous pas d'être instrumentalisé ?

Nous militons pour les idées et non pour les égos. Nous défendons des principes et des valeurs qui ne nous appartiennent pas. Après la mobilisation pour tous, nous souhaitons la récupération pour tous !  L'UMP ne nous a ni appelés, ni sifflés. Nous avons fait le choix résolu de rejoindre ce parti pour y faire entendre notre voix, promouvoir en son sein nos propositions et accélérer l'alternance politique et donc la défaite du camp socialiste. C'est au sein de ce parti que nous retrouvons le plus les valeurs humanistes et personnalistes qui nous animent. Il s'agit de l'alternative de gouvernement la moins imparfaite et la plus crédible, tandis que nous décelons parallèlement une évolution progressive du Front National, qui devient un fourre-tout contestataire, très étatiste, libertaire voire païen.

Comment comptez-vous peser face au ténor du parti ?

Nous allons œuvrer sans exclusive et dans le respect de chacun pour revenir sur la loi Taubira et préserver la filiation. Nous avons eu l'occasion ces derniers mois de montrer nos capacité d'organisation, mais aussi de réflexion et de propositions concrètes. L'enjeu portera sur notre capacité à mobiliser, à soutenir, à surprendre et à séduire. Dès notre première réunion publique, nous dévoilerons nos propositions portées vers l'engagement civique. Nous souhaitons également poser un diagnostic sans concession sur une forme de faillite du politique : il est urgent de reconnaître le fossé entre le peuple et les élites, Paris et la Province, et des parlementaires parfois isolés et coupés des réalités du terrain. Nous n'hésiterons pas, par exemple, à rappeler qu'aujourd'hui et pour demain, la création de richesse ne peut plus être du ressort de l'Etat, mais de la sphère privée. La France a des atouts incroyables et possède des gisements de talents et de générosité insoupçonnés. Il faut écouter  et libérer ces Français qui s'engagent et qui créent, qui ne supportent plus d'être entravés, bridés et discriminés.

Au-delà des questions de société, votre association compte-t-elle s'emparer d'autres sujets ?

Oui, sur le plan économique, je répète qu'il est urgent de libérer les talents et de soutenir ceux qui font preuve d'un authentique leadership. Est-ce que notre pays valorise au mieux ses talents, affecte-t-il au mieux ses ressources ? Ou sont les leaders ? Je pense en particulier aux entrepreneurs mais aussi aux éducateurs, et à tous ceux qui transmettent, se mettent en danger, servent pour la collectivité sans la reconnaissance méritée. Nous identifions également d'immenses chantiers autour de la jeunesse, de l'éducation et de l'identité nationale collective du pays. Aujourd'hui, La France, riche d'un patrimoine exceptionnel, ne s'aime pas, ne s'assume pas, se nécrose tandis que rôdent les tentation de replis communautariste. D'où cette urgence de Sens Commun, d'aventure collective, développée dans notre charte

Nicolas Sarkozy vous a reçu récemment. Soutient-il votre démarche ?

Nous l'avons rencontré pour l'informer de notre initiative et partager avec lui les convictions qui nous animent. L'échange a été direct et riche, la parole très libre. Avec énergie et enthousiasme, Nicolas Sarkozy a évoqué en notre présence l'importance du rayonnement de la France, des repères familiaux ainsi que la question fondamentale du sens et de la transcendance dans une société déboussolée et fragmentée. Le monde a radicalement changé et de nouvelles pistes doivent être explorées. Nous avons également rencontré les principaux ténors de l'UMP. Je pense que tous ont pris acte avec une certaine bienveillance de notre initiative. A la veille d'élections municipales structurantes pour le pays, l'heure est à l'unité et à l'affirmation de convictions fortes et assumées. Notre urgence, c'est d'accélérer la nécessaire alternance.

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