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Rapport sur l'intégration : le couac qui était surtout un ballon d'essai
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Apprenti sorcier

Le rapport sur l'intégration, s'il était passé inaperçu, aurait permis d'influencer les politiques publiques. Dévoilé et décrié, il permet au moins de montrer aux adeptes du communautarisme qu'ils sont écoutés.

Alain  Destexhe

Alain Destexhe

Alain Destexhe est député belge,  ex sénateur, initiateur de la commission d'enquête du Sénat belge sur le génocide du Rwanda. Il a également été secrétaire général de Médecins Sans Frontières et est l'auteur de Le mouvement flamand expliqué aux francophones (ed. La Renaissance du livre).

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La polémique sur le rapport sur l’intégration est révélatrice de la psychologie profonde de cette Gauche acquise au modèle communautariste.

Dans un premier temps, le gouvernement consulte des individus ou des groupes dont il connaît parfaitement la sensibilité ou le caractère militant. Il sait donc à l’avance quelles seront leurs conclusions. Le rapport n’a pas été demandé à Michèle Tribalat, Malika Sorel ou Riposte laïque. 250 personnes et dix ministères ont planché dessus pendant des mois, dans un beau consensus multiculturel, et aucun n’aurait pensé à un moment à dire : « casse-cou ! » ?

Dans un second temps, les conclusions n’ont donc rien de surprenant. Elles révèlent le souhait véritable des commanditaires et expriment leurs convictions profondes. C’est un ballon d’essai, un anesthésique puissant pour faire passer une amputation douloureuse. En effet, le rapport préconise rien moins que l’abandon du concept d’intégration, le retour du voile à l’école, une remise à plat de l’histoire de France pour mieux parler de l’esclavage, de la traite négrière ou des Roms, la possibilité d’apprendre une langue africaine dès le collège et, cerise sur le gâteau, que la France « assume la dimension arabe-orientale de son identité » (sic).

Lorsque les rapports sont remis à Jean Marc Ayrault, il salue la grande qualité des travaux et s’empresse de les poster sur son site Internet officiel, question d’alimenter le débat et de préparer en douce les esprits.

Si la société ne réagit pas, le rapport fait son bonhomme de chemin dans des réunions interministérielles, des colloques, des débats citoyens et, insensiblement, influence des politiques publiques. On introduit sans grand bruit un cours d’arabe, on modifie un cours d’Histoire, on parle des « racines arabo-orientales de la France » (pourquoi pas dans cette logique folle ?). Le rapport ne l’a-t-il pas préconisé ? Le premier ministre ne l’a-t-il pas cautionné ?

Sauf que ça tourne mal. Dès que l’opinion en à connaissance, elle ne se laisse plus bercer, berner, manipuler par ces pseudo experts et ces associations rabiques, militantes du multiculturalisme qui génèrent une réaction de rejet violent. Pour s’en sortir, le Premier Ministre n’a plus qu’à accuser Jean-François Copé d’être un menteur et un irresponsable.

Jean Marc Ayrault pouvait enterrer ce rapport et ne pas le mettre en ligne. Ce qu’il s’est bien gardé de faire. Car il faut jouer sur plusieurs tableaux. Et faire passer insidieusement aux adeptes du communautarisme le message que l’on essaye, que l’on avance mais que c’est difficile, que l’opinion n’est pas prête. Les rapports ne sont d’ailleurs par rejetés en bloc, seulement les propositions qui semblent les plus extrêmes mais qui ne sont que la suite logique des accommodements raisonnables et du multiculturalisme.

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