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Pourquoi il est nécessaire de supprimer l'emploi à vie des fonctionnaires
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Bonnes feuilles

En poursuivant les schémas politiques actuels, la France ne pourra pas enrayer son déclin. François Audouze propose des mesures radicales et courageuses pour entraîner les citoyens dans un élan de réformes qui permettront à leur pays de redevenir numéro 1. Extrait de "La France de l'excellence" (1/2).

François Audouze

François Audouze

Intégrant l'Ecole Polytechnique à 18 ans, François Audouze est entré très tôt dans le monde de l'entreprise. A 28 ans, il prend la direction générale d'une entreprise de commerce de gros de produits sidérurgiques de 400 personnes dont il deviendra président en 1984. Il l'introduira en Bourse en 1989. En 1996, elle avait 4.000 personnes et un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros. Devenu président de la fédération internationale de son métier, il a appris les rouages des organisations internationales de plusieurs milliers d'entreprise. Il rachète ensuite une PME qu'il a revendue en 2003 au moment de sa retraite. Il possède encore une petite société de vente d'aciers et s'adonne à son hobby, la haute gastronomie avec des vins d'âge canonique.

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Le Sage : Comme je viens de le dire, entrons dans le vif du sujet. Je suppose que je suis votre Président élu, que j’ai tous les pouvoirs et une majorité qui me permet de faire voter tout ce que je désire sans la moindre difficulté, et que les syndicats sont suffisamment coopératifs pour qu’il n’y ait aucun obstacle sur ma route.

Ma première mesure est d’annoncer la fin de l’emploi à vie des fonctionnaires.

Le Scribe : Permettez-moi de vous couper la parole pour vous dire que vous avez bien fait de m’avertir ! Car dès le premier instant, vous planez dans l’impossible ! Votre discours sur les chiffres était d’une grande clarté, mais vous allez achopper sur les réalités. Comment pouvez-vous imaginer que les millions de fonctionnaires, dotés de syndicats puissants qui peuvent bloquer le pays, puissent accepter d’être privés de cette protection cruciale pour eux de la garantie absolue de leur emploi.

Le Sage : Permettez-moi de vous répondre que vous n’avez pas l’attitude que je vous avais demandé d’adopter. Nous parlons de ce qu’il faut faire et non pas de ce que l’on peut faire. C’est au bout du chemin que vous jugerez.

Mais je vais plus loin. Ce que je propose est de la plus élémentaire justice. Souvenez-vous, il y a quarante ans, on disait que les fonctionnaires étaient nettement moins payés que les salariés du privé, à fonction égale, car c’était la contrepartie de la garantie de l’emploi. Aujourd’hui, vos fonctionnaires sont sensiblement plus payés que les employés du privé, et ils ont en plus la garantie de l’emploi. S’ils ont pu obtenir ces revalorisations, c’est grâce à la force des syndicats, qui peuvent déclencher des grèves à tout moment, puisque les grévistes ne perdront jamais leur emploi. Il faut dire aussi que ceux qui sont « en face » d’eux, les directeurs et autres responsables de la fonction publique qui gèrent les conflits, appliquent le plus souvent une gestion « pas de vague ». Il y a toujours une élection en vue et les gouvernants n’ont pas envie qu’il y ait le moindre trouble, et les syndicats le savent. On pourrait dire que « pas de vague » et « donner du grain à moudre » sont les deux mamelles de la gestion sociale des salaires des fonctionnaires.

Dans une Nouvelle France où tout le monde participe à la recherche de l’excellence et de la compétitivité, il est indispensable que tous les citoyens soient logés à la même enseigne. Dans un monde qui bouge, les carrières des salariés du privé ne peuvent pas être linéaires, car il faut s’adapter en permanence. Celles des fonctionnaires ne le seront pas non plus.

Le Scribe : Eh bien, on peut dire que vous démarrez fort !

Le Sage : Il convient d’entourer ces mesures d’un climat de compréhension. Souvent, votre pays abuse de la rétroactivité des lois. C’est le cas notamment des incitations fiscales. Le législateur, pour attirer des capitaux, offre des exonérations d’impôt. Les capitaux s’investissent, et quelques années plus tard les règles changent, ce qui rend les investisseurs, qui ont été bernés, de plus en plus timorés. Pour rendre cette fin des carrières « à vie » plus acceptable, voici les compléments de mesure : – les fonctionnaires de plus de 57 ans garderont leur inamovibilité ; – les fonctionnaires de 52 à 57 ans ne pourront pas quitter la fonction publique sans bénéficier d’un préavis de deux ans, sauf s’ils veulent l’écourter à leur convenance.

Le Scribe : Que faites-vous des domaines régaliens comme l’armée, la police, les services secrets, etc. ?

Le Sage : Le fait de rendre possible la fin d’un contrat ne veut pas dire qu’on veut le rompre. Comme dans l’industrie privée, un collaborateur efficace et engagé n’a aucune raison de craindre pour son emploi. Et c’est encore plus vrai pour les emplois d’État car des produits ou services ne sont pas soumis à une concurrence aussi forte que l’industrie. Il y a rarement la possibilité de substituer une offre de service concurrente dans la fonction publique régalienne.

Pour les domaines que vous citez, la règle sera la perpétuation des carrières et la force du secret d’État, garanti par contrat, sans qu’existe l’obligation de l’emploi à vie.

Le Scribe : Si vous voulez supprimer la garantie de l’emploi à vie, j’imagine que c’est pour dégraisser le mammouth, comme l’a dit Claude Allègre pour l’Éducation nationale ?

Le Sage : Nous aborderons ce sujet en son temps.

Extrait de "La France de l'excellence - 65 millions de citoyens devront sauver la France", François Audouze, (Editions du Rocher), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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