La remise à plat de la fiscalité a-t-elle déjà fait pschitt ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a bien senti le danger et apporté aussitôt un bémol à l'annonce de son Premier ministre sur la réforme de la fiscalité française.
François Hollande a bien senti le danger et apporté aussitôt un bémol à l'annonce de son Premier ministre sur la réforme de la fiscalité française.
©Reuters

Éditorial

La proposition de grande réforme fiscale de Jean-Marc Ayrault est surtout un bon moyen pour le président d’opérer une diversion face à la montée des tensions sociales.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le meilleur moyen d’enterrer une réforme c’est de lui conférer une ampleur telle qu’on a plus de chance de rassembler contre elle la foule des mécontents que de rallier un nombre d’adeptes suffisant pour lui donner une chance  de réussite.

C’est bien le cas de la remise à plat de la fiscalité, proposée par Jean-Marc Ayrault, dont l’idée a d’abord germé dans le cerveau de François Hollande. Elle n’est pas nouvelle en soi, car elle a été régulièrement avancée au cours des dernières décennies en raison de la complexité croissante de notre système d’imposition.

Mais, cette fois, le chef de l’Etat y a vu surtout un moyen d’opérer une diversion face à la montée des tensions sociales. Faisant flèche de tout bois, il a jeté en pâture aux partenaires sociaux ce nouvel os à ronger susceptible de les occuper pendant quelque temps et qui a deux avantages à ses yeux. D’abord, il permet de faire passer à la trappe l’écotaxe de manière discrète et sans esprit de retour au grand soulagement de l’Elysée. Ensuite, il facilite la mise en sourdine de la lancinante question de la baisse des dépenses publiques réclamée par les organismes internationaux et que refuse toujours d’aborder François Hollande.

Pourtant, passé l’effet de surprise, l’initiative de l’exécutif est en train de renforcer le climat anxiogène qu’il espérait atténuer. Le monde économique est plus tétanisé que jamais, car il voit poindre de nouvelles perturbations, pour ne pas dire convulsions, alors qu’il sent déjà l’hostilité d’une administration et de parlementaires qui n’avaient pas  été prévenus et parce qu’un système fiscal doit avant tout connaître la stabilité et ne pas être remis en cause à tout propos.

Au demeurant, pour la plupart des spécialistes, auxquels appartient le président de la Caisse des dépôts, remettre à plat la fiscalité française apparaît comme un projet chimérique, une vue de l’esprit. Car l’impôt est une résultante de l’histoire. Il évolue en fonction de la situation du pays, de ses objectifs et des mentalités de ses habitants. Vouloir faire une croix sur des siècles de construction d’un système est purement irréaliste. Mieux vaudrait procéder par étapes en regardant surtout ce qui se passe autour de nous. On ne peut dans le monde actuel agir en vase clos, à l’abri de frontières qui ont disparu sous l’effet de la mondialisation. Tout changement doit avoir pour objectif principal de s’adapter à la concurrence et de s’ouvrir à l’Europe pour éviter des effets pervers à l’encontre du but recherché.

La proposition de réforme provoque déjà une déferlante d’interrogations et de rejets.

François Hollande a bien senti le danger et apporté aussitôt un bémol, en précisant qu’il faudrait du temps pour amorcer un changement qui devrait répondre à trois critères : simplification, clarification et justice, afin de dissiper l’impression désastreuse de manque de préparation et d’opacité des objectifs qui a resurgi dans l’opinion sitôt le projet gouvernemental connu. C’est en même temps une reprise de la  tactique chère à Mitterrand : donner du temps au temps, en pensant que celui-ci est le grand réformateur, lorsqu’on ne sait pas où l’on veut aller.

Alors que la France en panne aurait besoin d’un plan d’urgence au moment où les dernières enquêtes de conjoncture s’alarment devant un risque de rechute qui ferait voler en éclat toute velléité de reprise économique, ce qui apparaît comme une nouvelle cacophonie médiatique ne peut qu’inciter à la défiance et au repli sur soi, au lieu de faire revivre le dynamisme et l’esprit de conquête.     

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