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Politique migratoire : faisons le choix d’une Europe forte
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Le rêve européen

Une tribune d’Aurore Bergé et Benjamin Haddad.

En 20 ans, 25 000 migrants et réfugiés ont péri en Méditerranée dans leur course contre la mer pour rejoindre les côtes européennes.

L’indignation n’est pas une réponse. Nous ne pouvons pleurer les morts de Lampedusa, convoquer les bons sentiments quelques heures durant, pour ensuite détourner le regard.

L’angélisme ne remplace pas l’action. Nous ne pouvons tolérer que le Président bafoue lui même la loi de la République dans le cadre de « l’affaire Leonarda » pour calmer les divisions de son camp.

Le populisme n’est pas une solution. Nous ne pouvons stigmatiser des populations et créer volontairement de la confusion dans l’esprit des Français entre immigration économique, regroupement familial et droit d’asile. L’immigration zéro serait une réponse aberrante aux défis de notre pays, le retour aux frontières nationales un bond en arrière.

Nos frontières sont européennes. Lampedusa n’est pas la porte d’entrée vers l’Italie mais l’avant poste d’un territoire commun à 500 millions de citoyens. La question de notre politique migratoire doit dès lors trouver une réponse politique à l’échelle européenne.

Une Europe qui protège ses citoyens doit assumer de défendre ses frontières et promouvoir sans complexe ses intérêts et ses valeurs, dans sa politique migratoire. Comme le rappelait Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle, « si la France a choisi de partager sa souveraineté, c’est pour être mieux protégée, non pour être plus vulnérable. » Le refus de se poser sereinement ces questions renforce les extrêmes et alimente l’idée d’une Europe bureaucratique, somme de traités et d’acronymes, incapable de se penser comme espace politique.

Dans le système actuel, les responsabilités sont floues, les moyens limités, la vision absente.

Les égoïsmes nationaux et l’absence de courage politique empêchent pour l’instant toute réforme menant vers une politique migratoire commune. Lors du dernier Conseil européen, les Chefs d’État ont renvoyé toute ouverture des négociations sur ce sujet après les élections européennes de mai prochain.

Seul le droit d’asile est actuellement régi par des règles européennes communes, au travers de Dublin II. Ce règlement impose que le pays responsable de l’examen de la demande d’asile soit celui dont le migrant a franchi les frontières. Si la règle est européenne, elle renvoie de fait chaque État à ses responsabilités propres, plaçant en première ligne les pays du pourtour méditerranéen. Elle rétablit nos frontières intérieures contre lesquelles l’Union Européenne s’est forgée alors même que nos frontières extérieures sont vulnérables.

Surtout, elle donne à penser que la question migratoire sur le sol européen est tout entière tournée vers le droit d’asile, alors même que celui-ci concerne 300.000 personnes par an.

Nous ne pouvons plus longtemps nous satisfaire d’une simple coopération visant à repousser les flux migratoires ou à les décaler de rives en rives. Les États membres ne sont aidés que par l’Agence Frontex qui tente d’assurer la coopération dans la gestion des frontières, malgré une maigre dotation budgétaire de 85 millions d’euros et des marges de manœuvre limitées : jusqu’en 2011, elle dépendait des Etats membres pour se doter d’hélicoptères et de navires.

De surcroit, la surveillance des frontières reste une compétence nationale. Or, en cas d’échec de maîtrise du flux migratoire, comme à la suite de l’épisode de Lampedusa en mars 2011, il n’existe aucun mécanisme pour suspendre la participation d’un Etat aux accords de Schengen. Faire peser la responsabilité du système entier sur quelques Etats sans les soutenir n’est pas tenable. Renforcer Frontex et réformer Schengen permettra de rendre le système plus efficace, plus cohérent mais aussi d’établir des responsabilités, des mécanismes d’évaluations et des sanctions claires.

Mais les seules réformes ne suffiront pas. Les Européens doivent avoir le courage de définir ensemble une vision commune de l’immigration, respectant notre tradition de terre d’accueil et définissant nos besoins économiques.

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