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Pourquoi l'économie française reste en marge de la reprise européenne
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On l'attend toujours

L'activité manufacturière de nos voisins repart à la hausse au mois d'octobre, selon l'indice PMI européen. Celle de la France repart à la baisse.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Atlantico : L'indice européen de mesure de l'activité manufacturière et des services (voir ici) montre un recul en France dont le score au mois d'octobre est passé sous la barre des 50. Est-ce le signe d'une contraction de l'économie ? Comment l'expliquer alors qu'on nous promet un retour de la croissance ?

Jean-Paul Betbèze : De fait, l’indice PMI Manufacturier Markit atteint 49,1 en octobre contre 49,8 en septembre. Ce chiffre signifie que l’activité manufacturière poursuit son repli en France, puisqu’il est au-dessous de 50, et ceci fait désormais 20 mois que cela dure. Ce chiffre veut dire en même temps que l’activité économique globale (PIB) est en très faible croissance, sinon pratiquement plate. Il ne s’agit pas de récession, mais d’une "reprise" décidément très lente, avec des marges d’entreprises sous pression et un investissement très timide. On comprend donc que l’emploi privé ne reprend pas.

Quels activités et secteurs sont les plus pénalisés et pourquoi ?

Les activités industrielles exposées à la demande interne française, comme les automobiles, sont les plus exposées de toutes, avec les effets en chaîne que l’on sait auprès des sous-traitants, plus les effets régionaux que l’on imagine, autour de PSA notamment. On retrouve alors, pour la demande interne, l’effet de la stagnation du revenu avant impôt et la baisse du revenu après impôt. Globalement, la consommation française "tient" parce que les ménages diminuent leur taux d’épargne, mais il est clair que les achats de biens d’équipement du foyer sont différés, ou qu’alors la préférence se porte plus encore sur les biens importés. Pour les entreprises, on voit que l’investissement peine aussi à repartir, ce qui handicape la compétitivité des entreprises : la faible profitabilité des PME françaises dicte leur comportement de prudence.

Comment expliquer cette diminution alors que nos voisins voient leur score progresser ?

La France est prise en sandwich : l’Allemagne continue d’avancer, sur les marchés extérieurs notamment, mais moins vite. Les pays du Sud, comme l’Espagne ou l’Italie, se sortent désormais d’affaire, mais grâce à des baisses importantes de salaires. Ces baisses les rendent plus compétitifs par rapport à leur voisin : la France. 

En particulier le différentiel avec l'Allemagne se creuse et l'Espagne passe devant la France, est-ce grave ?

C’est l’effet des dévaluations salariales que mènent aujourd’hui les pays du Sud qui joue : ces pays sont moins chers, pour des qualités voisines ou très voisines de celles offertes en France. D’où le ralentissement économique ici, les problèmes de l’emploi, la stagnation des salaires. Mais tout ceci ne suffit pas à faire repartir les profits. Vous avez compris que ceci est préoccupant et implique une politique de remontée des marges plus forte, par la réduction des impôts, autrement dit par la baisse des dépenses publiques.

 Propos recueillis par Pierre Havez

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