Pour mettre fin aux multiples reculades du gouvernement, la France doit renoncer à la culture de la dépense<!-- --> | Atlantico.fr
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La France doit immédiatement mettre fin à sa culture de la dépense
La France doit immédiatement mettre fin à sa culture de la dépense
©Flickr / zigazou76

Éditorial

Droguée à la dépense et coincée entre les exigences de Bruxelles et un peuple dont la colère monte sous les coups successifs de la matraque fiscale, la France ne cesse de prendre du retard sur ses voisins européens et semble s'enfoncer dans la rigueur quand les autres en sortent.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le refus de François Hollande de céder au lobby du football annonce-t-il un coup d’arrêt dans la cascade de renoncements qui caractérise le pouvoir depuis des mois ? Il ne serait que temps face à la déferlante des contestations qui se développent dans un pays dont la politique se réfugie dans une inertie paralysante, en semant doute et inquiétude sur l’avenir.

Les parlementaires, qui votaient, tels des godillots, les mesures préparées à la sauvette dans les officines de Bercy, voient leur travail détricoté avant même d’être achevé, les réseaux sociaux jouant désormais un rôle essentiel en canalisant les frustrations : puissants vecteurs de l’opinion face à une assemblée déboussolée et impuissante avec un gouvernement inexistant.

Le matraquage fiscal a été le détonateur en créant un phénomène de rejet comme la France en a rarement  connu, alors que de nombreuses mesures déjà votées ne sont appelées à faire sentir leurs effets qu’à partir de l’an prochain, à moins qu’elles ne soient remises en cause d’ici là, comme le relèvement du taux de TVA de plus en plus contesté. Le péril est grand pour les finances publiques, alors que la loi de finances limite à 69 milliards le montant des emprunts qui pourront être réalisés en 2014 pour boucher les déficits. Car ceux-ci sont en train de se creuser de jour en jour dès lors que le gouvernement renonce à certaines hausses de taxes, et aussi parce que l’argent rentre moins bien dans les caisses de l’État, nos compatriotes cherchant toutes les échappatoires possibles pour réduire la facture, ce qui présage de beaux jours pour le travail au noir et les règlements en liquide.

Le dérapage du budget risque de déclencher les foudres de Bruxelles qui a fait preuve de beaucoup de mansuétude à l’égard d’une France qui ne tient pas ses objectifs. Puisque la voie des augmentations d’impôt est désormais fermée, il ne reste qu’une solution : réduire les dépenses. Un chantier titanesque, qui suppose d’engager enfin ces réformes que nos partenaires ont assumées, mais devant lesquelles l’État s’est toujours dérobé. Car les mauvaises habitudes ne datent pas d’hier : depuis des décennies, la France est droguée à la dépense du haut en bas de l’échelle démocratique. Le pouvoir central a transmis le virus aux collectivités locales par le biais de la décentralisation, et continue de leur lâcher la bride. Il faudrait prendre conscience que la capacité de dépenser a ses limites, alors que la population  augmente plus vite que la création de richesses. Cela suppose une évaluation réelle et non fantaisiste des disponibilités  publiques, en traçant des limites, avec reprise en mais des budgets sociaux, en matière de santé et de formation professionnelle notamment et en réorganisant une fonction publique et territoriale pléthorique.  

Une tâche d’autant  plus difficile qu’il faut éviter de mettre les fonctionnaires dans la rue au moment où les plans sociaux se multiplient dans le secteur privé. En donnant l’impression que la France entre dans la rigueur au moment où la plupart de ses voisins en sortent. Mais c’est la conséquence du retard que nous avons pris et qu’il est indispensable de combler pour éviter de nous faire tailler des croupières par nos concurrents et sans attendre que les marchés fassent sentir leur dure loi par une hausse des taux d’intérêt qui rendrait le fardeau du remboursement de la dette insupportable. Un signe avant-coureur doit être médité : le fonds de pension public norvégien, le premier investisseur du CAC 40 vient de décider de ne plus acheter de la dette française l’an prochain. A bon entendeur…

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