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Corporatisme et dogmatisme : les deux visages d'une France qui fait vraiment peur
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les entrepreneurs français luttent au quotidien contre les pièges et obstacles votés par des députés qui ne connaissent de l’entrepreneuriat que la définition du dictionnaire et n’ont souvent jamais travaillé.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Il y a une France qui fait peur. Elle n’est pas dans les banlieues, elle ne hante pas les camps d’immigrés, ne traque pas les jeunes femmes dans les rues. Elle opère à visage ouvert, sous les lambris de la République, l’arme législative à la main, fière de ses actes et certaine que soutenir ses intérêts sert ceux du pays avec lesquels elle ose se confondre. Elle pense que le passé est toujours la référence et que le sacrifier à la modernité ou au progrès est un danger. Elle pense que l’entrepreneur est un dangereux libertaire obsédé par l’argent qui souhaite voir la France bien gérée. Elle pense que le but d’un pays n’est pas une bonne gestion, mais une gestion qui respecte ses acquis, et que charité bien ordonnée commence par préserver les siens. Cette France terroriste porte un nom, le corporatisme et le fanatisme dogmatique. Le premier campe sur les acquis de ses membres, dans des tentes Quechua installées dans tous les cercles de pouvoir, afin d’assurer que le peu qui reste lui revienne en priorité. Les seconds siègent à l’assemblée ou au sénat, au milieu des autres, élus par populisme, maintenus par l’habitude, et considèrent que ceux qui réussissent doivent s’excuser de le faire en donnant à leurs bonnes œuvres. Celles de la gabegie organisée, qui doit corriger les impérities de l’Etat par une surimposition permanente des acteurs économiques.

Le corporatisme, comme une étude magnifiquement éloquente l’a prouvé il y a 3 ans, créé la société de la défiance. De multiples castes qui tiennent de plus en plus de la secte, composent notre paysage économique. Passant inaperçues du temps de la croissance, et qui, la crise venue et la rareté aidant, se transforment en machine à freiner le temps au profit de ses membres et en opposition à tous les autres. La France des corporatismes toute entière passe son temps à tenter de ravir à son voisin, des fonds qui se font rares ou d’interdire à tout acteur nouveau de venir partager ce qu’ils considèrent comme un dû. Pied sur le frein, ils bloquent notre pays et l’asphyxient avec obstination, préférant leur nombril au corps de la France. Ils luttent un jour contre le statut de l’auto-entrepreneur sous le faux prétexte de la distorsion de concurrence, le lendemain contre les nouvelles formes de taxis sous prétexte de capitalisme sauvage dont ils profitent grassement, contre l’arrivée du crowdfunding ou du prêt entre particuliers pour mieux piller de frais excessifs les vache à lait que nous sommes. Ils interdisent les nouvelles formes d’énergie. Ils détestent les nouveaux entrants de façon générale. Le neuf est à proscrire, car cela casse les habitudes. Et l’adaptation est un principe de civilisation, celui de l’humanité, mais pas chez les corporations.

Les dogmatiques eux se parent de vertu. Ils crient au scandale du riche. Le riche a hérité et il doit « cracher » au bassinet. Il doit s’excuser au plus vite de sa réussite. Et le dogmatique fait mine d’oublier que le riche d’aujourd’hui était, dans 80% des cas, non pas un héritier, mais un citoyen tout à fait lambda, « normal » lui aussi, qui à force de travail, de sacrifices et contre toutes les règles statistiques (un projet de start-up sur 12 finit par crever le plafond de verre de la réussite) a réussi à réussir ! L’impudent. Réussir ! Il doit alors vite s’en excuser et verser son obole à l’état sous forme d’impôts, afin de maintenir le train de vie de ceux dont la vie est orientée vers la « non production » et ont fait de ce vide sidéral un métier. Christian Eckaert, en proposant deux amendements remettant en cause la promesse du président de la République faite lors des Assises de l’Entrepreneuriat de ne pas toucher aux mesures sur les plus-values, a justifié sa position face à ces entrepreneurs qui veulent, je cite, « le beurre et l’argent du beurre ». On croit rêver. Ce député éclairé considère que la réussite doit être surtaxée pour mieux la faire disparaître, illustre de proverbe de l’hôpital qui se fiche de la charité. Car lui seul a le monopole du beurre, de son argent, mais en plus « vole la crémière » quotidiennement. Ce monsieur à son arrivée dans l’hémicycle, en privilégié de la République, aux frais de ceux qui travaillent et produisent, salariés comme entrepreneurs, reçoit un chèque de près de 12000 euros par mois dont plus d’une moitié non fiscalisée et échappant en partie à tout contrôle de l’Etat. Ce monsieur si vertueux a-t-il un instant pensé et milité afin de réduire l’avantage en termes de retraite que l’Assemblée précédente s’est votée en catimini avant la fin de la législature, lui accordant une retraite qu’un salarié normal n’aura jamais ? A-t-il proposé lu aussi de contribuer au déficit de l’Etat par un acte de charité collective ? Comment l’un de ceux qui sont souvent les plus inutiles, les plus absents de l’hémicycle, ne produisent que du vent, peuvent-ils mettre au banc des accusés ceux qui les nourrissent ? Impossible est bien français.

Nous sommes, nous, entrepreneurs, non une race d’anges, mais une génération de travailleurs, qui réussissent rarement et réinvestissons dans l’utile, dans la société, dans les entreprises de demain et les emplois d’avenir. Nous y parvenons malgré les pièges et obstacles quotidiens que ce type de député, qui ne connaît de l’entrepreneuriat que la définition du dictionnaire et n’a souvent jamais travaillé, passent leur temps à poser sur notre chemin, pour aspirer, tel le tic sur le chien, la richesse que nous tentons de produire. Sur cette incompétence vient se loger, en complice, le poids du corporatisme qui aimerait tant que l’innovation soit un mot absent du vocabulaire et malgré cela nous restons et travaillons. Ils sont la pluie de bris de satellites du film « gravity » et c’est bien la « gravité » de notre pays. Éliminons les inutiles et la France passera à une croissance époustouflante. Éliminons le beurre qui fait leur gras et, ainsi allégés, nous bondirons vers l’avenir. Ménage bien ordonné doit commencer par eux-mêmes.

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