Qui seront les riches de demain ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Au XXIe siècle, les "super-riches" pourraient devenir "super-super-riches".
Au XXIe siècle, les "super-riches" pourraient devenir "super-super-riches".
©Reuters

Les riches, entre fantasmes et réalité

De plus en plus riches et de plus en plus cosmopolites, les "super riches" du XXIe siècle n'ont plus grand-chose à voir avec les Rotschild et autres Wendel. Sixième épisode de notre série "Les riches, entre fantasmes et réalité".

Nathalie  Cariou

Nathalie Cariou

Nathalie Cariou est consultante en intelligence financière. Elle accompagne les particuliers et les professionnels dans leur relation à l’argent et sur le chemin de leur indépendance, financière ou professionnelle. Elle est l’auteur de deux livres : Prenez la responsabilité de vos finances et Oser devenir riche, aux Editions Jouvence, et depuis 2009, elle dirige la société qu’elle a créée : les Clefs de la Réussite.
Conceptrice d’un programme en ligne pour apprendre la liberté financière
et organisatrice des Rendez-vous de l’indépendance financière , elle intervient régulièrement en conférences et dans les média en tant que coach financier. Vous pouvez retrouver ses tribunes sur l’argent et la liberté financière sur son site : www.clefsdelareussite.fr

 

 

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Atlantico : Alors que les équilibres économiques sont en pleine recomposition, le profil des "super-riches" semble lui aussi changer avec les mécaniques la mondialisation. A quoi les grandes fortunes de demain pourront-elles ressembler ?

Nathalie Cariou : L’idée d’un écart croissant entre la situation financière des riches et celle des pauvres dérange et elle est d’ailleurs régulièrement pointée du doigt. En un mot, toutes les études montrent que les riches sont de plus en plus riches ; et les pauvres de plus en plus pauvres. Les phénomènes de régulation de la richesse mondiale, qui ont existé au cours de l’histoire, sont en voie de disparition.

Qu’est-ce qui limitait, au fond, la richesse des riches ?

  • Les guerres – moins nombreuses ou moins coûteuses aujourd’hui ;
  • Les crises – que la mondialisation amortit considérablement pour ceux qui ont les moyens de diversifier leurs investissements ;
  • Les persécutions et autres spoliations – nettement moins "à la mode" sous des gouvernances démocratiques.


Les "super-riches" pourraient donc devenir "super-super-riches", e
t s’installer sous les cieux d’économies plus porteuses que nos économies occidentales. Attendons-nous à voir apparaître des milliardaires afghans, iraniens, irakiens ou pakistanaisDifficile à imaginer aujourd’hui dans ces pays dont l’instabilité politique est grande ... mais qui feront l’économie mondiale de demain !

Les années 1990 et 2000 ont été marquées par les fortunes du Web (Brin et Page, Jeff Bezos, Marc Zuckerberg...). Dans quels secteurs les prochains entrepreneurs à succès pourraient-ils s'émanciper ?

Il y a entrepreneur et entreprise ! Pour qu’un entrepreneur "apparaisse" sur le devant de la scène, il faut qu’il puisse "naître en partant de rien". Qu’il puisse développer son activité sans – presque – d’investissement de départ. Cela élimine des secteurs pourtant porteurs mais réservés, compte tenu des investissements nécessaires pour réussir, à des entreprises déjà installées : l’énergie et les matières premières par exemple. Nul doute qu’il s’agisse là d’un des secteurs porteurs de demain...

Mais comment imaginer qu’un "entrepreneur" puisse y avoir sa place ?

En toute logique, nos futurs entrepreneurs milliardaires devraient donc s’émanciper dans des secteurs moins demandeurs de capitaux. Les nouvelles technologies (NTIC pour les intimes) ne sont certainement pas mortes... et nous pourrions parier sur l’apparition d’un prochain "roi de l’internet ou des communications" dont le développement sera particulièrement impactant sur notre vie quotidienne. Œuvrera-t-il sur le web ou dans les communications (plutôt sans fil et à distance) ? Sera-t-il le maître des robots ou des équipements intelligents ? L’avenir (proche) devrait nous le dire ! Le progrès va vite et on peut s’attendre à ce que ce (ou ces) milliardaire(s) surgisse(nt) d’ici 10 ans à peine !

Mais je rajouterais deux autres profils à ce palmarès des milliardaires de demain :

  • Un dans les sciences médicales... car il s’agit à n’en pas douter d’un secteur à très haut potentiel économique.
  • Et un dans les loisirs... jeux en ligne ? nouveaux parcs à thème ? voyages dans l’espace ?

La planète entière est en recherche de nouveaux plaisirs, servant de dérivatif à un avenir parfois sombre, en tout cas incertain. Celui qui trouvera l’idée mondialement séduisante remportera le jackpot en la matière.

Sur les 1426 milliardaires que comptent la planète, 138 sont des femmes. Observe-t-on une tendance à la hausse en la matière ?

Globalement, le nombre de femmes milliardaires devrait augmenter. Lentement mais sûrement.

N’oublions pas que les fortunes se font le plus souvent au fil du temps, sur plusieurs générations, dans une logique familiale. Dans ce contexte, pour qu’une femme devienne "tête de pont", il faut qu’elle faut soit héritière, de son mari (notre Liliane Bettencourt nationale) ou de son père ; soit qu’elle soit amenée à reprendre la gestion du groupe familial.  Qui jusqu’à présent était davantage réservée à la gent masculine.

Résurgence de siècles d’invisibilité juridique de la femme ou manque d’intérêt des femmes pour le pouvoir, les matières techniques (la finance en est une), la richesse dépourvue de sens ? Autant de raisons qui ne devraient pas aller dans le sens d’une expansion rapide du nombre des femmes milliardaires !

On moque souvent l'émergence de milliardaires "self made-man" considérés comme vulgaires et sous-éduqués. Peut-on dire que les nouvelles grandes fortunes n'ont plus le même profil sociologique que celles qui les ont précédé ? 

Les qualités nécessaires pour faire fortune ne sont pas de celles que l’on découvre dans les livres ou au détour d’une "bonne éducation" : avoir la capacité de passer à l’action et de prendre des risques, en passant par-dessus la peur ;
être en prise directe sur le concret, pour détecter les tendances, monter un projet convainquant, savoir parler à ses clients et partenaires ; développer ses réseaux, car on réussit rarement seul...

Faut-il être éduqué pour réussir ? Non, au vu de ce que je viens d’expliquer. Faut-il ne pas l’être ? Non plus ! Car la culture nourrit l’âme autant que la richesse nourrit le compte en banque.

Il se trouve qu’à une époque où l’élévation sociale passait par l’éducation, nous avions tout à gagner à être "le mieux éduqué possible". De nos jours, l’élévation sociale est sûrement plus variée et ne passe plus exclusivement par la culture et l’éducation. Certains milliardaires (mais aussi des personnes qui sont bien loin de l’être !) auront sûrement sacrifié en cours de route la bonne éducation et le plaisir de l’érudition sur l’hôtel de l’argent  !

L'âge moyen des milliardaires russes et chinois est de 49/50 ans tandis qu'il est de 66 aux Etats-Unis et de 74 en France. Le "super-riche" de demain sera-t-il plus jeune pour autant ?

Ceux qui devaient hériter l’ont probablement déjà fait ! Les effets de la succession sont en effet l’une des principales raisons qui expliquent que les milliardaires français ont 74 ans en moyenne, quand les milliardaires chinois ou russes en ont 50. Les uns profitent d’une fortune construite depuis quelques générations, et probablement débutée au milieu du 19ème siècle ; les autres ont eu moins de temps pour "grandir"Ils ont pris les raccourcis de l'entrepreneuriat et ont donc accédé plus tôt à l’ultra-richesse.

Je ne suis pas certaine que le "super-riche" de demain aura nettement moins de 50 ans (en moyenne, car il y a bien sûr des exceptions) mais il ne devrait pas être beaucoup plus vieux non plus. Une fortune de plusieurs milliards demande quand même quelques années pour être bâtie et consolidée ! Comptez 10 ans pour être à la tête de plusieurs millions et 20 ou 30 ans pour être l’heureux propriétaire de plusieurs milliards.

A condition de vous y mettre, d’avoir l’état d’esprit qu’il faut, d’avoir l’idée qu’il va bien... ce qui n’est pas donné à tous. Mais le temps moderne, aidé par l’effet de levier de la mondialisation et des nouvelles technologies, va de plus en plus vite... et le temps nécessaire à la constitution des grandes fortunes accompagne le mouvement.

Plus de 90% des grandes fortunes sont citoyennes de leurs pays de résidence. Les nouveaux-riches ne garderont-ils pas finalement un ancrage très local en dépit de la mondialisation ?

Qu’est-ce que la mondialisation au fond ? Un levier d’enrichissement et un outil de diversification dont les riches se servent fort bien. Mais c’est aussi la capacité de communiquer avec l’autre bout de la planète : la possibilité de recevoir des informations d’un peu partout dans le monde sans bouger de chez soi. Ce dont les riches se servent également très bien. Inutile, aujourd’hui moins qu’hier et encore moins que demain, de se déplacer pour connaître le mode de vie (qui plus est de moins en moins différencié) ou les besoins de tel ou tel coin de la planète.

Et quand un déplacement est nécessaire, l’aller-retour Paris-New york prendra un à deux jours tout au plus.

Dans ces conditions, pourquoi un riche quitterait-il sa famille, ses attaches, sa culture pour aller s’installer dans un autre pays, quand il peut s’y transporter pour un court ou un long séjour en quelques heures d’avion à peine ? Certains répondront : pour des raisons fiscales... Certes ! Mais peut-être pour moins de monde qu’on veut bien le croire. D’autant que si le riche tient, sûrement comme vous et moi, à son sol natal, ses entreprises, elles, ne connaissent pas de frontières.

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