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Comment nos prémonitions peuvent nous sauver la vie
©Reuters

Bonnes feuilles

Le biologiste Rupert Sheldrake revient sur sa théorie de la "résonance morphique" et remet en cause les bases mêmes de la recherche fondamentale. Extrait de "Réenchanter la science" (2/2).

Rupert  Sheldrake

Rupert Sheldrake

Rupert Sheldrake est un auteur parapsychologue anglais, ancien biochimiste, notamment à l'université de Cambridge. Depuis 1981 ses écrits sont essentiellement centrés sur son concept de « résonance morphique », qui reprend celui de « champ morphogénétique ». Ses recherches incluent des thèmes comme le développement et le comportement chez les animaux et les végétaux, la télépathie, les perceptions extra-sensorielles et la métaphysique.

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Carole Davies, seize ans, était sur le point de quitter une salle de jeux vidéo londonienne avec quelques amis quand il se mit à tomber des cordes. L’entrée se remplit de passants qui accouraient pour se protéger. Écoutons son récit : « J’étais là, debout, en train de regarder la nuit quand j’ai eu le sentiment d’un danger. J’ai vu devant moi comme une sorte de photo montrant des gens couchés sur le sol, couverts de tuiles et de morceaux de métal. J’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé que cela allait arriver là. J’ai commencé à crier aux gens de sortir. Personne ne m’a écoutée. Je me suis précipitée dehors sous la pluie, mes amis m’ont suivie et nous nous sommes abrités un peu plus loin dans un café. Au bout d’un moment nous avons entendu passer des sirènes, elles se sont arrêtées devant la salle de jeux. Nous avons tous couru pour voir ce qui se passait. C’était exactement comme je l’avais vu. On sortait des décombres un homme à qui j’avais hurlé de partir. »

Pendant une guerre, les gens ont tendance à être plus attentifs au danger – il faut dire qu’il y en a davantage. Charles Bernuth, officier dans la 7e Armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, a pris part à l’invasion de l’Allemagne. Peu après la traversée du Rhin, il roulait de nuit sur une autoroute avec deux autres officiers : « Tout à coup, j’ai entendu une petite voix intérieure. Il y avait un problème sur cette route. Je le savais, c’est tout. J’ai arrêté la Jeep, au milieu des grognements et des protestations des deux autres. J’ai commencé à marcher le long de la route. Au bout de cinquante mètres, j’ai trouvé ce qui n’allait pas : nous allions passer sur un pont, mais le pont n’était plus là ! Il avait sauté et devant moi s’ouvrait un gouffre profond de 25 mètres. »

Les gens qui ont eu ce genre de prémonitions ont survécu parce qu’ils ont tenu compte de leur sensation d’un danger.

Ma base de données contient 842 cas de prémonition, précognition ou pressentiment humain. 70% d’entre eux concernent un danger, une catastrophe ou une mort, 25% un événement sans signification particulière et seulement 5% un événement heureux tel que rencontrer son futur époux ou gagner à la loterie. Dangers, morts et catastrophes prédominent. Cela concorde avec les enquêtes menées par la Society for Psychical Research sur des cas bien authentifiés de précognition, dont 60% concernaient des morts ou des accidents. Très peu annonçaient des événements heureux. La plupart des autres étaient sans intérêt ou neutres, bien que certains aient été assez inhabituels. Un exemple? L’épouse de l’évêque anglican de Hereford avait rêvé qu’elle faisait ses prières du matin dans le hall de l’évêché, puis entrait dans la salle à manger et voyait un énorme cochon devant la table du petit déjeuner. Le rêve l’avait amusée et elle l’avait raconté à ses enfants et à leur gouvernante. Juste après en avoir fait le récit, elle était entrée dans la salle à manger et un cochon bien réel – échappé de sa porcherie – se tenait à l’endroit précis dont elle avait rêvé.

Beaucoup de cas de précognition sont liés au rêve, bien que souvent seuls les plus dramatiques ou bizarres restent en mémoire. Au début du XXe siècle, un ingénieur aéronautique britannique appelé J. W. Dunne a fait une découverte étonnante, résumée dans Le Temps et le Rêve, un livre remarquable. Il s’était rendu compte qu’il rêvait souvent d’événements qui allaient arriver mais qu’il oubliait généralement ces rêves. Le phénomène ne lui était devenu apparent qu’après qu’il eut décidé de tenir un carnet de rêves, les notant soigneusement juste après son réveil. Il découvrit aussi que s’il vivait souvent des expériences qui lui semblaient familières, une impression appelée « déjà vu* », il pouvait en relisant ses notes relier ces impressions à des rêves récents qu’il avait oubliés.

Des recherches ultérieures sont venues confirmer les observations de Dunne. Les chercheurs psi ont également trouvé des preuves statistiques de la précognition lors de tests en laboratoire. Bien que ces expériences soient très artificielles, les résultats pris ensemble étaient statistiquement signifiants.

Extrait de "Réenchanter la science", Rupert Sheldrake (Albin Michel Editions), © Albin Michel, 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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