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Et l’animal préhistorique qui pourrait devenir le pire ennemi de l’homme au 21e siècle est…
©Flickr/Jérémie Janisson

Surprise

Il s'agit d'une espèce qui fait peu parler d'elle mais qui se trouve pourtant être un redoutable prédateur prêt à coloniser les mers.

Le plus gros réacteur de centrale nucléaire de Suède a été stoppé au début du mois d'octobre. Panne ? Dysfonctionnement ? Non, invasion de méduses bleues dans les tuyaux de refroidissement. Et ce n'est pas la première fois que l'animal cause de tels soucis. Les centrales nucléaires américaines, israéliennes, coréennes et japonaises ont notamment été concernées par le problème. Les méduses se trouvent également être dangereuses pour l'homme, les autres espèces marines et même... l'économie.

C'est en Asie du Nord-Est (Chine, Taïwan, Japon, Corée du Nord et du Sud) qu'elles posent le plus problème. Selon des estimations récentes, elles coûteraient annuellement plus de 200 millions d'euros au secteur sud-coréen de la pêche. Et cet exemple n'est pas le seul, la mer du Japon ayant été, elle aussi, envahie par les méduses. Un maximum de 150 tonnes de méduses doit d'ailleurs être retiré chaque jour du système de refroidissement d'une seule centrale, et ce, depuis les années 1960. L'Inde a connu le même problème entre février et avril 1989 : quatre millions de méduses s'étant coincées dans des écrans placés sur les entrées des tuyaux de refroidissement d'une centrale nucléaire. Une équipe de chercheurs sud-coréens travaille donc depuis 2010 à la mise au point de robots aquatiques tueurs de méduses.

Robots Vs méduses

Jeros (Jellyfish Elimination Robotic Swarm) - c'est le nom de la machine - flotte à la surface de l'eau et dispose d'hélices pour les pulvériser. Il détecte les bancs de méduses et planifie ses attaques à l'aide d'une caméra et d'un système GPS. Jeros piège ensuite ses proies dans un filet immergé avant de les ingérer. Cette machine, qui devrait être commercialisée à partir du mois d'avril, est un premier pas dans la "guerre" que vont devoir mener les hommes contre les méduses. La surveillance permanente de certains sites sera, elle aussi, indispensable pour empêcher cet animal de causer trop de dégâts.

Selon la biologiste Lisa-Ann Gershwin, la méduse Mnemiopsis a tout de même réussi "à paralyser trois économies et anéantir tout un écosystème". Arrivée en mer Noire, elle a causé la mort d'anchois et d'esturgeons, deux poissons d'importance capitale dans les pêches bulgare, roumaine et géorgienne. Résultat : le poids total de Mnemiopsis dans la mer Noire était devenu tellement élevé en 2002 qu'il a été estimé comme étant dix fois supérieur à celui de tous les poissons pêchés dans le monde entier en un an.

Un problème pour les autres espèces

Pis, plusieurs espèces de méduses sont, en plus, de redoutables chasseurs. C'est notamment le cas de la cubozoa - ou méduse-boîte - dont les tentacules peuvent provoquer la mort d'un être humain en moins de six minutes. L'espèce serait d'ailleurs responsable d'au moins soixante-six décès en Australie depuis 1884. Outre le danger que représentent pour l'homme certains membres de l'espèce, les méduses sont également dangereuses pour d'autres espèces animales. Des saumons d'élevage, dans un enclos, peuvent, par exemple, créer un vortex qui aspire des méduses. Une fois introduites, ces dernières piquent à mort de nombreux poissons en seulement quelques minutes, provoquant la disparition de milliers de poissons de valeur. 

La question de la méduse est donc un problème très sérieux auquel l'homme va devoir trouver une réponse rapide. Le biologiste José Luis Acuña, de l'université d'Oviedo (Espagne), pense par exemple qu'il serait temps "de les considérer aussi comme une nourriture possible" afin de faire diminuer cette population de plus en plus gênante.

Nous avons fait appel à Sébastien Cadiou, un océanographe responsable des aquarium d'Océanopolis à Brest et passionné de fonds marins. 

Atlantico : Quels dangers représentent les méduses pour nos océans et nos pêches ?

Sébastien Cadiou : Les méduses peuvent poser problème dans certaines zones, dans des baies très confinées mais on ne peut pas parler de danger. Les méduses menacent la pêche dans les endroits où elles prolifèrent mais à l'échelle mondiale, ce n’est pas le cas. On peut en trouver en grande quantité dans les filets ce qui peut abîmer les poissons car ils vont se faire piquer et être impropres à la vente. En mer du Japon par exemple, les méduses sont tellement grosses qu’elles peuvent déchirer ces filets. Les méduses posent surtout problème à la pêche professionnelle à cause des blessures qu’elles entraînent sur le poisson commercialisable et également au niveau de la prédation. La méduse est un phénomène lié à la surpêche qui a diminué les stocks de poissons prédateurs de méduses comme le thon rouge. Les tortues ont également régressé. Ces poissons n’ont plus de prédateurs, l’homme continue à pêcher et comme il n’y a plus de poissons nobles, on s’intéresse à des plus petites espèces qui vont être des concurrents prédateurs de la méduse : les anchois ou les sardines par exemple.

Dans les mers fermées où l'on pêche (comme en mer Noire ou en mer Baltique), les méduses représentent une menace mais au niveau de l’océan Atlantique, en général, il est impossible qu’elles constituent un danger pour la biodiversité. La menace est plus localisée que mondiale.

La surpêche a un impact sur la biodiversité, par les dérèglements qu’elle entraîne. Elle permet aux espèces les plus opportunistes de proliférer et on s'oriente vers moins de biodiversité car quelques espèces arrivent à s’adapter à ces changements.

Les méduses menacent-elles l’économie ? Comment ?

Oui car une menace pèse sur la pêche professionnelle dans certains endroits et sur le tourisme même s’il existe des solutions. En Méditerranée, il y a des filets anti-méduses sur certaines plages mais il n’est pas possible de protéger toutes les plages du monde.

Quelles sont les solutions pour enrayer le problème ?

Certains pays d’Asie comme la Chine mangent des méduses. L’autre solution est d’avoir une pêche raisonnable et raisonnée, ce qui est compliqué. Si les méduses ont des prédateurs et des concurrents, la nature s’autorégule. 

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