Le grand retour de la liberté individuelle comme valeur essentiellement chrétienne <!-- --> | Atlantico.fr
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"Il n’y a pas de morale collective, il n’y a qu’une morale individuelle."
"Il n’y a pas de morale collective, il n’y a qu’une morale individuelle."
©Flickr

Eclairage historique

La liberté individuelle, élément fondamental de la société occidentale, puise ses sources dans les Évangiles. Une responsabilité personnelle qui s'oppose fondamentalement à l'idéologie socialiste.

Charles Gave

Charles Gave

Charles Gave est président de l'Institut des Libertés, un think tank libéral. Il est économiste et financier. Son ouvrage L’Etat est mort, vive l’état  (éditions François Bourin, 2009) prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal Research et de Gavekal Securities, et membre du conseil d’administration de Scor.

 

 

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Quiconque lit les Évangiles ne peut pas ne pas être frappé par l’immense appel à la Liberté individuelle qui s’en dégage. En rupture totale avec le Judaïsme, jamais le Christ ne fait un appel à la communauté, au groupe, à la responsabilité « collective », à la Tribu, à je ne sais quelle « raison d’Etat », prétextes toujours invoqués pour justifier des crimes.

Le christianisme est le premier système intellectuel qui rompt totalement avec le tribalisme et ses dérives inhumaines. Il rompt ainsi avec toute notion collective. Il n’y a pas de morale collective, il n’y a qu’une morale individuelle. Il n’y a pas de Bien collectif, il n’y a que des destinées individuelles qui s’additionnent.

Le monde deviendra meilleur non pas parce que nous aurons trouvé le système politique parfait, qui ne peut exister puisque l’Homme est imparfait (notion du péché originel) mais parce que chacun d’entre nous  aura travaillé à s’améliorer tranquillement et aura cherché à faire le bien autour de lui, dans la mesure de ses moyens.

Jamais le Christ ne dit à l’un de ses Apôtres : « Va dire à un tel ou un tel de faire ceci ou cela », jamais. Il dit « Si tu penses que quelque chose doit être fait, fais le toi même ». Et le seul but de Jésus est bien sur que nous le rencontrions personnellement.

Pour Lui, il est évident que Dieu ne sait compter que jusqu’à UN et que pour arriver jusqu’à Dieu if faut passer par Jésus et par Lui seul. De cette amélioration de chacun d’entre nous dépend en dernier ressort l’amélioration collective et nul n’est autorisé à juger le comportement de son voisin. «  Ne jugez pas, si vous ne voulez pas être jugé ». De cet appel à la responsabilité personnelle et à la liberté individuelle est né toute notre civilisation comme chacun peut s’en rendre compte tous les jours.

Nous sommes la SEULE civilisation qui place l’Individu au cœur du système, la seule et c’est ce qui fait sa grandeur.

Le message du Christ est de fait essentiellement révolutionnaire, mais c’est à l’intérieur de chacun de nous que doit se passer la révolution, et non pas à l’extérieur comme certains semblent le croire. Arrivons à l’époque moderne qui commence au XVIIIème siècle. Le  message du Christ, porté par l’Église pendant des siècles atteint enfin ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la société civile et c’est l’émergence de ce que nous appelons les Lumières.

Le but des Lumières est de codifier dans le droit et la loi, le message des Evangiles (beaucoup des philosophes de l’époque des Lumières étaient profondément chrétiens) : Nous sommes tous égaux dès la naissance dans le regard de Dieu. Et le travail fait par les philosophes des Lumières permet que se mettent en place assez rapidement (en moins d’un siècle) des règles juridiques qui visent à trois choses :

1/. Empêcher les riches et les puissants de remettre en place sous une forme ou sous une autre l’esclavage et donc de rétablir l’inégalité.

2/. Empêcher les « petits » de massacrer les gros et les puissants lors de Jacqueries rendues inévitables par le manque d’espoir dans les classes dominées, ce qui conduirait les petits au crime ultime, l’assassinat d’un autre être humain.

3/. Pour arriver à ces deux buts, il faut un État fort, mais il faut aussi empêcher cet État fort de devenir tyrannique. L’État doit donc être à la fois puissant mais limité et contrôlé.

Les règles juridiques mises au point à l’époque pour atteindre ces buts constituent l’essentiel de ce qu’il est convenu d’appeler le libéralisme. Il faut bien se rendre compte que le libéralisme n’a en fait rien à voir avec l’économie mais tout à voir avec le droit car seul un droit égal pour tous permet l’exercice de la liberté individuelle.

Une fois que ces règles furent mises en place, en Ecosse, aux USA, en Grande Bretagne, puis ailleurs, « miraculeusement » la croissance économique fit son apparition et changea la face du monde, à jamais. Mais la croissance économique fut le résultat de l’établissement de ces règles juridiques et non pas la cause comme semble le croire beaucoup de gens mal informés.

Très curieusement, l’Église catholique fut longtemps opposée à ces nouvelles règles qui battaient en brèche son magistère moral et ces reformes furent plus portées par les confessions protestantes que par l’Église. Heureusement, cela n’est plus le cas mais il reste encore un travail énorme à faire à  l’intérieur de la vieille Église catholique, en particulier en France qui, hélas, a remplacé une erreur par une autre… Car c’est la que les choses se gâtèrent.

Une nouvelle foi religieuse, violemment opposée aux principes même du libéralisme vit le jour, le socialisme, cette nouvelle foi engendra une nouvelle église et cette église réussit le plus formidable détournement d’héritage de l’Histoire, en prétendant qu’elle seule avait compris les Évangiles et qu’il lui fallait conquérir l’Etat pour mettre en œuvre par la force s’il le fallait le message d’égalité implicite qui s’y trouvait. Cette nouvelle église revendique le monopole du cœur et de la générosité, jamais à partir d’un appel à une amélioration individuelle mais toujours en s’appuyant sur la contrainte et la violence.

Il s’agit d’une escroquerie intellectuelle sans précédent dans l’Histoire et nous sommes en face d’une résurgence du tribalisme le plus bas, le but étant l’établissement d’une sorte de théocratie laïque fondée sur la jalousie et la haine du voisin et qui gouverne soit disant au nom du Bien, mais en réalité  au profit d’une nouvelle cléricature. Le socialisme n’est pas l’héritier direct du christianisme, mais son antithèse, son opposé hideux et qui d’ailleurs partout et toujours persécute les chrétiens.

Il nous faut donc dénoncer, dénoncer toujours, dénoncer encore cette escroquerie et rappeler d’où nous venons, sans relâche. Nous venons des Évangiles et cela ne doit jamais être oublié. Nous nous appuyons sur le droit qui n’a rien à voir avec des lois transitoires votées par des majorités de circonstance.

Cet article a initialement été publié sur le site de l'Institut des Libertés.

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