L’Iran donne des gages à Israël sur Twitter : vers un changement de politique étrangère vis-à-vis de l’Occident ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Hassan Rouhani, le président iranien.
Hassan Rouhani, le président iranien.
©Reuters

Tweet d'espoir

Bien qu'il ne soit qu'un des éléments d'un mouvement global de réchauffement des relations entre l'Occident et l'Iran, un tweet a interpellé les observateurs du monde entier. En effet, dans ce dernier, le nouveau ministre des Affaires étrangères iranien a souhaité bonne année à toute la communauté juive.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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En provenance de l’Iran, nous proviennent des signes qui dénotent avec le passé récent de la présidence d’Ahmadinejad. Ces chants d’hirondelles qui sonnent si agréablement aux oreilles de l’Occident sont néanmoins remplis de symboles et cherchent à révéler au monde le changement en profondeur qui est en train de s’opérer en Iran depuis l’inauguration du nouveau président Hassan Rouhani. En effet, les changements qui se sont opérés tant dans le discours que dans les personnes occupant des postes à responsabilités sont autant de signes de la volonté de la nouvelle administration iranienne d’apaiser les relations de l’Iran avec l’Occident.

Ainsi, il en va, entre autres, de la désignation de Javad Zarif comme nouveau ministre des Affaires étrangères  personnage phare du gouvernement. Ce dernier, éduqué aux Etats-Unis, ancien ambassadeur à l’ONU, est particulièrement apprécié des Américains de par son discours modéré, préférant qualifier les Etats-Unis de « rival » et non plus d’« ennemi ». Ayant passé la moitié de sa vie en Amérique, il en connait intimement les instituions, se targuant même de sa qualité d’ancien élève de l’Université de Denver dans la notice biographie sur son compte Twitter (@JZarif ). Ce dernier vient de s’illustrer à l’occasion du nouvel an juif en envoyant un message de bonne année à la communauté juive. A cette occasion, lors d’un échange avec la fille de Nancy Pelosi, chef du groupe démocrate à la chambre des représentants, il a notamment affirmé que les Iraniens n’ont jamais nié l’Holocauste et celui qui l’aurait fait [ Ahmadinejad ] n’était plus aux affaires. Quel changement !

Parallèlement, la responsabilité des négociations sur la question du nucléaire vient d’être retirée au Conseil de la Sécurité Nationale pour être confiée à ce même ministre des Affaires Etrangères. Ces négociations avec le groupe de 5+1, les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, avaient connu échec sur échec sous le gouvernement précédent. Le remplacement de l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA à Vienne et celui de l’administration nucléaire iranienne participent de la même volonté de modération. S’il est vrai que ces changements sont loin de garantir un succès aux rencontres à venir, ils traduisent néanmoins une réelle volonté de changement dans l’attitude des responsables iraniens. La prochaine étape sera l’assemblée générale des Nations Unies fin septembre où une rencontre est prévue entre la responsable des relations extérieures de l’Union européenne, Catherine Ashton et la délégation iranienne présidée par le président iranien nouvellement élu.

Le poids de l’extrême pression économique des sanctions sur l’Iran et l’ostracisme occidental dont fait l’objet l’Iran sont autant de vecteurs incitatifs pour la nouvelle administration de briser la glace. De même, l’avènement croissant d’une forme particulièrement intolérante de l’islamisme extrémiste sunnite, prenant indifféremment les chiites et les Américains pour cibles, participent inéluctablement au constat d’une communauté d’intérêt stratégique entre les Etats-Unis et l’Iran. Le récent déplacement en Iran du Sultan d’Oman, traditionnellement servant d’intermédiaire et de porteur de message entre Washington et Téhéran ainsi que le déplacement la semaine dernière de Jeffrey Feltman, un diplomate de haut rang du département d’Etat, à Téhéran, une première depuis plus de vingt ans, sont autant de signes avant-coureurs d’un volte-face à 180 degrés que la diplomatie américaine s’apprête à opérer sur la question iranienne au lendemain de l’inauguration du nouveau président. La communauté internationale devra se préparer à la perspective d’un accord sur le nucléaire iranien et qui sait, peut-être à la prochaine réouverture de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran après trente ans de rupture. Ce rapprochement se réalisera immanquablement avant la fin du mandat de Barack Obama. Le compte à rebours a commencé.

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