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Comment identifier les produits du quotidien qui nous empoisonnent
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Vinaigre balsamique, bonbons, dentifrice, fond de teint : aucun rayon du supermarché n'est épargné. Les produits du quotidien sont pointés du doigt par la revue "60 Millions de consommateurs".

Jean-François Narbonne

Jean-François Narbonne

Jean-François Narbonne est l'un des experts de l'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, professeur de Toxicologie, expert pour l’affaire du Chlordécone.

Il est par ailleurs professeur à l'Université de Bordeaux 1 et docteur en nutrition.

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Atlantico : Après la cigarette électronique, ce sont les produits du quotidien qui sont pointés du doigt par la revue "60 Millions de consommateurs". Celle-ci dénonce les produits de supermarché contenant des substances toxiques qui peuvent augmenter le risque de cancers, provoquer des allergies ou encore être à l'origine de perturbations hormonales. Comment identifier ces produits qui nous empoisonnent ?

Jean-François Narbonne : Ces produits sont potentiellement dangereux mais on ne peut pas affirmer qu’ils sont à l’origine de ces maladies. On est dans un système de précaution et si ces produits avaient un réel risque sanitaire, ils auraient été éliminés. Beaucoup de produits sont toxiques, c’est le cas de nombreux parfums, d’huiles ou même du sel de cuisine. On parle beaucoup du BHA, un additif alimentaire alors que le BHB est encore plus toxique et on en parle peu. Pour l’instant, on n’a pas démontré de relation avec la santé publique mais on entre dans un problème de précaution et gestion de la santé individuelle. C’est dans ce sens-là que l’article a été rédigé. La revue a parlé des produits qu’il fallait éviter mais pas de ceux qui ont la plus faible toxicité. En ce qui concerne le paraben, le plus utilisé est le méthyl paraben et c’est aussi le plus toxique. La revue n’en n’a pas parlé. La plupart des gens bannissent l’ensemble des paraben, ce qui est infondé. La réglementation européenne fait une différence entre les génotoxiques et les cancérigènes. Lorsqu’un produit n’est que cancérigène et qu’il n’attaque pas l’ADN, il est considéré comme ayant une dose journalière admissible.

Les consommateurs doivent surtout être vigilants sur les produits allergisants car avec de faibles doses, on peut avoir des fortes réactions. Historiquement, la réglementation sur les produits chimiques a eu du mal à s’appliquer. Au départ, seuls les médicaments étaient réglementés et ils n’étaient pas considérés comme toxiques. Maintenant, on dénonce aussi la toxicité des produits alimentaires.

Quelles sont les substances dangereuses dont il faut se méfier ? Comment différencier ces substances dangereuses de celles qui ne le sont pas ?

Les colorants naturels peuvent être dangereux, comme le henné par exemple. La protéine peut être identifiée comme une protéine étrangère. La plupart des colorants azoïques utilisés en teinturerie sont à éviter, mieux vaut privilégier des colorants naturels.

On a aussi interdit le BHA mais le BHB est encore plus dangereux.

Enfin, il y a des moyens de prévention qui ne font pas appel à la chimie, plus naturels et peu coûteux. Les lingettes et les produits de ménage peuvent être remplacés par du savon de Marseille et de l’eau de javel par exemple. Se mettre plusieurs crèmes sur la peau n’est de toute façon pas bon.

La liste des substances contenues dans ces produits est souvent incompréhensible pour le consommateur. Ce dernier dispose-t-il d’informations suffisantes sur les étiquettes pour déceler la toxicité des produits ? Existe-t-il des produits où la liste des ingrédients est absente ?

Malheureusement, non. Mettre une liste de produits chimiques sur un produit serait inutile dans la mesure où le consommateur ne la comprendrait pas. De plus, on ne peut pas tout mettre sur un étiquetage. On n’a pas trouvé de vrai système de transparence. Le consommateur ne comprend déjà pas la différence entre " génotoxique " et " cancérigène ", il comprend encore moins lorsque l’on parle de « perturbateur endocrinien », ce qui ne veut pas dire grand-chose.

Enfin, on n’a jamais pu démontrer les conséquences de certaines substances sur la santé. Le problème est le même qu’avec l’aspartame dans les boissons light, on n’a jamais pu prouvé les risques que cette substance comportait. Tout ce qui a pu être prouvé chez l’animal a été éliminé. Certaines études ont montré que les enfants qui consommaient plus de produits avec des conservateurs avaient un niveau de concentration plus faible mais rien ne le prouve vraiment, on ne peut donc rien interdire. Encore une fois, l’idéal est de remplacer tout ce qu’on peut par des produits naturels.

Ce qu’on peut faire c’est interdire les molécules les plus évidentes. Le risque est le niveau d’exposition par rapport aux valeurs toxicologiques de référence. Aujourd’hui, on n’interdit pas le produit mais on maintient l’usage de substances naturelles pour éviter les risques.

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