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Fukushima : quelles surprises nous réserve encore la centrale maudite ?
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Rebelote

Une "situation d'urgence" a été déclarée aujourd’hui à la centrale de Fukushima, par l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA). Les fuites d’eau hautement radioactive dépasseraient les limites légales d'écoulement radioactif.

Henri de Choudens

Henri de Choudens

Henri de Choudens est ingénieur polytechnicien, ancien président de l’Institut des Risques Majeurs de Grenoble.

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Atlantico : Une "situation d'urgence" a été déclarée aujourd’hui à la centrale de Fukushima, par l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA). Les fuites d’eau hautement radioactives dépasseraient les limites légales d'écoulement radioactif. Pourquoi la situation est-elle soudain qualifiée d'"urgente", deux ans après la catastrophe ? Qu’est-ce que ces fuites présentent de nouveau ?

Henri de Choudens : Le fait que les limites légales soient dépassées ne signifie pas nécessairement un danger immédiat pour la population. Cela signifie en tout cas que Tepco est obligé de prendre des mesures rapides pour arrêter ces fuites. Quelles mesures peuvent-ils prendre ? Tout dépend de l’origine de ces fuites, s’il s’agit d’une canalisation percée, ou qui s’est cassée, ou s’il s’agit d’eau qui ruisselle parce qu’ils auraient par exemple arrosé des débris.

Les effluents radioactifs sont en principe stockés dans des piscines installées provisoirement, et les écoulements dans l’océan étaient en principe stoppés. Mais on avait déjà entendu parler d’un certain nombre de petites fuites dans ces containers. Cela a pu s’aggraver. Ces réserves peuvent fuir en direction de l’océan.

L’eau contaminée serait en train de monter vers la surface. Comment l’expliquer ?

Les examens qui vont venir diront quel est l’origine de cette eau. La nappe phréatique a pu être contaminée localement, et la remontée des eaux pourrait être due à une remontée de la nappe phréatique s’il a beaucoup plu récemment là-bas. De fortes pluies auraient pu induire une remontée de la nappe phréatique contaminée. Mais ils vont devoir mener rapidement des investigations pour en trouver la source s’ils veulent maitriser cette fuite.

Comment expliquer que Tepco ne soit pas encore parvenu à maitriser ces fuites ?

Techniquement, la quantité d’eau – en particulier d’eau de mer – qui a été déversée pour refroidir les réacteurs au moment de l’accident est telle qu’il a été impossible de tout récupérer. Une partie s’est répandue dans l’environnement et écoulée dans la mer, où une contamination de la fauve aquatique a été révélée dans un périmètre assez large autour du littoral de la centrale. L’eau a donc fui avant qu’ils ne puissent contenir les fuites dans un réservoir ac hoc. Une fois l’eau échappée, c’était trop tard. L’eau a ensuite pu se stocker provisoirement dans un sous-sol.

A quels problèmes peut-on encore s’attendre ?

Tant qu’ils n’auront pas découvert l’origine de la fuite, il y a aura un problème de contamination du terrain par lequel s’écoule cette eau pour rejoindre l’océan, et une contamination de l’océan, avec les conséquences que cela peut avoir sur la faune et la flore aquatique.

Mais une fuite d’effluents radioactifs ne peut pas avoir de conséquences immédiates sur la population. A fortiori depuis l’accident, l’eau potable consommée par la population de cette région n’est pas alimentée par le sous-sol autour de la centrale. Je ne pense donc pas qu’il puisse y avoir une atteinte par le biais d’absorption d’eau contaminée. Mais cela va stériliser les terrains imbibés par cette eau, et cela peut avoir une conséquence sur les poissons et les crustacés dans un secteur plus ou moins large selon la quantité d’effluents rejetés et leur radioactivité.

Au niveau de la centrale elle même, l'activité est bel et bien arrêtée, et je pense qu’elle est en état sûr.

Lors des travaux qui seront entrepris pour démonter la centrale, les irradiations de travailleurs pourraient avoir lieu si des précautions suffisantes ne sont pas prises. Mais ses travaux ne sont pas pour tout de suite, car il est encore impossible de s’approcher en raison d’une irradiation trop forte. Mais je ne crains pas de conséquences graves au-delà d’un large périmètre autour de la centrale par suite de fuites radioactives.

Quant à la contamination de l’air, des remises en suspension de produits radioactifs pourraient induire une contamination dans l’environnement immédiat de la centrale, mais cela n’irait pas très loin.

Tepco revient progressivement sur ses déclarations. Après avoir affirmé que les fuites étaient contenues sous terre, ils ont reconnu qu’elles atteignaient l’océan. Quand s’arrêteront ces revirements ?

Ils ont surtout mal évalué la situation. Ils n’ont pas déterminé ce qu’allait devenir cette eau contaminée.

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